Les Éthiopiens sont allés aux urnes dimanche dans une élection ou les analystes pensent qu’ils marqueront probablement le retour du premier ministre au pouvoir après plus d’une décennie à la tête de la Corne de l’Afrique.
Le premier ministre Meles Zenawi est un allié majeur de l’Ouest qui a contribué à combattre les rebelles islamistes dans la région. Ses volatiles voisins l’Éthiopie, le Soudan et la Somalie, sont embourbés dans des violences et les militants d’Al-Shabaab demande une forme plus stricte de la loi islamique pour gouverner le pays.
Après la chute officielle du régime du Derg le 28 mai 1991, Meles Zenawi devient Président du Gouvernement de Transition d’Éthiopie jusqu’au 22 août 1995. Il engage son pays dans une phase de réformes : multipartisme, liberté religieuse, élections démocratiques et privatisation de certains secteurs. Sa présidence sera également marquée par la sécession de l’Érythrée après référendum en 1993 et l’adoption d’une nouvelle Constitution en 1994, l’Éthiopie devient officiellement: la République fédérale démocratique d’Éthiopie. Au niveau administratif, le pays sera découpé, selon des bases ethniques, en différentes régions. Suite aux élections de 1995, il devient officiellement Premier ministre le 23 août. Il a été réélu en 2000 et en 2005.
Les Etats-Unis, tout comme la Chine, soutiennent Meles Zenawi. Depuis le 6 juin 2007, il est le président du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique).
L’opposition a dénoncé les dernières élections éthiopiennes en 2005, truquées selon elle, et a dit ne pas s’attendre à un meilleur scrutin dimanche. Une organisation des droits de l’homme basée à New York a accusé le gouvernement éthiopien de « mener une attaque coordonnée et soutenue des opposants politiques, journalistes et militants des droits avant les élections. »
« Être dissident est très dangereux en Éthiopie « , a déclaré Georgette Gagnon, directrice pour l’Afrique à Human Rights Watch. « Le parti au pouvoir et l’État ne forment plus qu’une seule entité, et le gouvernement se sert de tout le poids de son pouvoir pour éliminer l’opposition et d’intimider les gens et les pousser au silence. »
Des dizaines de citoyens ont été arrêtés en 2005 après avoir contesté le vote qui a favorisé Zenawi et son parti, l’Ethiopian People’s Revolutionary Democratic Front
« Les opérations de dépouillement et de processus d’agrégation ont été entachées par des pratiques irrégulières, la confusion et un manque de transparence », les observateurs ont dit dans un rapport. « La situation des droits humains se dégrade rapidement dans la période postélectorale lorsque des dizaines de citoyens ont été tués par la police et des milliers ont été arrêtés. »
La dirigeante emblématique Birtukan Mideksa est emprisonnée à vie. En 2004, elle fait campagne pour l’opposition, qui obtient en 2005 les meilleurs résultats de son histoire. Son parti obtient le tiers des sièges. Elle croit que sans les irrégularités, son parti serait encore mieux représenté. Birtukan a été reconnu coupable d’avoir tenté de renverser l’ordre constitutionnel et condamné à la prison à vie. Elle a été graciée en 2007 après de longues négociations et après qu’elle, ainsi que d’autres dirigeants de l’opposition ont passé 18 mois en prison. Après sa libération en 2007, contrairement à certains de ses camarades qui choisissent l’exil, comme l’économiste Berhanu Nega aux États-Unis, Mme Birtukan décide de continuer la lutte politique dans son pays.
Après sa libération, Mme Birtukan avait affirmé à l’étranger qu’elle n’avait jamais demandé sa grâce. Selon des sources diplomatiques, elle avait été fermement invitée par le gouvernement à ne pas s’exprimer sur ce sujet. Donc elle retourne en prison. Motif: « Cette femme a été reconnue coupable et doit purger sa peine. Elle n’a pas respecté les conditions de son pardon et comme le prévoit la loi, la grâce a été révoquée», affirme le porte-parole du gouvernement, Shimeles Kemal, ancien procureur.
Détenue dans la prison de Kaliti à Addis-Abeba, elle ne peut recevoir la visite que de sa mère et sa fille de quatre ans, et occasionnellement celle d’un pasteur.
Mis à part les critiques, le gouvernement Zenawi a fait face à plusieurs défis tels que la sécheresse et des conflits frontaliers avec l’Érythrée. La nation a envoyé ses troupes en Somalie voisine il y a quelques années pour soutenir le gouvernement intérimaire accablé dans sa lutte contre les insurgés islamistes.
Toutefois, les groupes de droits ont accusé Zenawi d’étouffer la dissidence et réduire au silence les médias avant l’élection. Zenawi a accusé les médias de « faire de la propagande déstabilisatrice » à l’époque et l’a comparé à une station de radio rwandaise accusée d’avoir attisé le génocide de 1994 qui a tué environ 800 000 personnes.
Des militants de la liberté de presse ont accusé l’Éthiopie d’essayer de limiter la couverture médiatique avant les élections. Le gouvernement nie tout en bloc.
Le parti de Zenawi dirige le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique depuis 1991.
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