Constitution 1987 : Article 136 :
« Le président de la République, chef de l’État, veille au respect et à l’exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’État.»
L’usage du conditionnel signifie un fait social, et non quelconque, le ventre de l’instabilité politique est toujours fécond, comme on disait pour le fascisme, ou encore aujourd’hui pour le racisme.
La mission du président Préval aurait consisté en la sortie institutionnelle du régime despotico-anarchique qui gangrène ce pays depuis l’assassinat de l’Empereur Jacques 1er, le 17 octobre 1806. Le continuisme est certes spécifique à l’Amérique latine. Il désigne la propension des chefs d’État à proroger leur mandat au-delà de leur terme légal.
Chaque 4 ans, absolument oui, mais installé au pouvoir, le chef d’État tend à se confondre avec lui : l’État, c’est moi, un mimétisme de la royauté française.
Du bilan négatif du président Préval, un des indices se lit dans l’intouchabilité du Conseil électoral provisoire. Pour son premier mandat, on peut lui accorder l’absolution. Il avait l’obligation de transmettre le pouvoir au président Aristide, un parti dominant informel, un clin d’oeil au parti dominant du Mexique.
L’absolution lui est cependant retirée en raison de son incompétence relative à l’établissement du conseil électoral permanent, suivant l’injonction du Constituant 1987. Ainsi le président Préval advient-il l’auteur générique de la crise constitutionnelle actuelle.
L’autre indicateur structurel est également stratégique. Il incombait au président Préval de jeter les jalons institutionnels en vue de formaliser un parti dominant pluraliste, ancré dans la population et dispose ainsi un électorat qui garantit la réalisation des élections citoyennes.
La désignation, patrimoniale, du candidat de l’INITE, Jude Célestin en administre la preuve. La démocratie est procédurale ou non. Sa caricature nous renvoie à représentation du non-droit; représentation du non-droit qui y prédomine dans ce pays.
Le président Martelly, lui, ne s’est jamais interrogé sur sa mission historique, même si toutes les conditions lui étaient favorables. Il n’avait, le jour 1, day 1, aime à dire les Américains, qu’à prendre les dispositions en vue de mettre en oeuvre les prescrits du pouvoir constituant dérivé, mais dévoyé, donc en faire le sauvetage, réparer une erreur 2 fois séculaire : tout simplement, tout bonnement à l’installation du CSPJ et du conseil électoral permanent et non plus patrimonial.
Exercer donc un leadership démocratique, ce qui signifie faire le deuil du criseurship, en procédant à une véritable réforme démocratique, et les élections sénatoriales et municipales auraient pu se tenir le mois de novembre 2012.
Au lieu d’une réforme institutionnelle, le président Martelly a suivi la voie de la tradition politique satrapique, le jeu guerrier consécutif du régime despotico-anarchique.
Vive la tradition, la Constitution, c’est du papier! La crise endémique s’enracine davantage.
Si les présidents Préval et Martelly y avaient adhéré aux principes et aux normes de la démocratie représentative, le pays aurait déjà emprunté le chemin de la consolidation démocratique, la base incontournable en vue d’édifier le slogan, jusqu’à présent démagogique : « Haiti is open for business »
La politique du ventre ne fait que rendre affamé le ventre du politique. À l’instar du président Préval, le président Martelly s’avère impuissant à féconder l’État de droit.
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