PORT-AU-PRINCE, 25 Septembre – Le prochain président d’Haïti sera un ami des Etats-Unis ou il ne sera pas!
Le président Barak Obama a été clair dans son message devant l’Assemblée générale des Nations Unies le mercredi 22 septembre écoulé.
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» Nous devons utiliser tous les leviers à notre disposition, a dit le président américain, de la diplomatie au commerce jusqu’aux investissements » à l’étranger.
Barack Obama souhaite aider les pays en développement à créer de la croissance, mais en échange ceux-ci doivent s’engager sur deux points qui sont la démocratie et la relance économique.
Le premier suppose des élections tenues dans les délais constitutionnels prévus, même imparfaites, comme en Afghanistan, même sans une participation remarquable … ainsi que le respect des règles de bonne gouvernance, économiser les fonds publics, lutte contre la corruption et l’argent sale (drogue).
Le deuxième volet c’est l’ouverture au marché global et aux investissements extérieurs.
On ne cessera donc d’entendre qu’Haïti ne fait pas assez pour encourager ces derniers et que le délai pour inscrire une entreprise en Haïti continue d’être trop long par rapport aux pays de même niveau. C’est l’une des critiques revenant le plus souvent dans les rapports au sénat américain, particulièrement au moment du vote des rallonges budgétaires pour Haïti.
Et puis, c’est ce qui est nouveau: le support dans la lutte contre le terrorisme.
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Le discours du mercredi 22 septembre est une nouvelle formulation de la politique américaine du temps de la Guerre froide mais dont l’ennemi ne s’appelle plus le communisme soviétique mais le terrorisme international, notamment d’essence intégriste musulmane.
Obama demande aux pays en développement, mais dans notre cas les pays pauvres tout simplement, de faire bloc avec les Etats-Unis contre le terrorisme.
En échange, Washington promet des aides, des emplois et des investissements.
Nous aurons des élections présidentielles et législatives le 28 novembre prochain.
Inutile de souligner que l’administration américaine les recommande fortement, comme il ressort de la doctrine formulée par le président Obama.
Et qu’elle ne souhaite pas non plus de grands changements par rapport à notre gestion publique actuelle. Comme disait Reagan: on ne change pas une chose qui marche! Du point de vue américain, s’entend.
Même quand les exigences de lutte contre la corruption et le trafic de drogue laisseraient à désirer (comme viennent de l’établir deux rapports, l’un émanant de l’ONU et le second du Département d’Etat), mais à partir du moment que ce n’est pas par volonté politique, car le principe est acquis.
Quant à la sécurité nationale, notre Police nationale d’Haïti (PNH) n’est au mieux qu’une police municipale. Des forces militaires internationales (Minustah) gardant nos côtes et nos frontières. Personne n’est assez naïf pour croire que c’est pour assurer une plus grande protection du citoyen haïtien au sens propre. Au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier, le Pentagone a dépêché immédiatement près de 20.000 soldats en Haïti. Des fois que des groupes hostiles tenteraient de profiter du chaos créé par le cataclysme pour se servir d’Haïti comme d’un nouveau tremplin.
Haïti est donc tout à fait dans la ligne de la nouvelle formule de coopération définie par le président Obama dans son message devant l’Assemblée générale le mercredi 22 septembre.
Mais il y a un hic. Les Etats-Unis sont-ils en mesure aujourd’hui de tenir leurs promesses?
Pour Joanna Kerr, de l’ONG ActionAid, au-delà de l’effet de style, Omaba offre » tout à tout le monde et rien à personne. »
» Une avalanche de bons sentiments a habilement dissimulé le fait qu’il n’y a pas eu d’annonce de plan intégralement budgétisé pour lutter contre la pauvreté » a-t-elle ajouté.
Quand bien même ce discours clôturait le sommet des OMD (Objectifs du millénaire pour le développement), dont 10 ans après leur proclamation, le bilan est des plus embarrassants … en trois jours, les dirigeants mondiaux n’ont pas annoncé la mise à disposition de nouvelles ressources à destination des pays les plus pauvres.
Malgré les efforts du Secrétaire général Ban Ki-moon annonçant le lancement d’un plan de 40 milliards de dollars pour sauver d’ici 2015 les vies de 16 millions de femmes et d’enfants… mais qui risque de rester également sur le papier.
Cependant pour les Haïtiens, et en premier lieu leurs dirigeants, ces considérations ne se posent même pas. Parce que c’est ‘marche ou crève.’
Mais surtout l’Histoire montre que la formule proposée par le président américain ne nous a jamais encore été profitable. Bien au contraire.
C’est au nom de cette même politique soi-disant ‘fifthy-fifthy’ (aide économique contre dépendance au plan sécuritaire et diplomatique) que Washington a toléré pendant 30 ans la dictature la plus sanguinaire de notre Histoire, celle des Duvalier, responsable aussi de la destruction systématique de notre pays. Du moins pour la plus grande part.
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