Inconnu du milieu de la mode québécoise il y a trois ans, son nom depuis circule dans toutes les presses canadiennes et internationales. Sa première collection de patchworks automne – hiver 2007 a étonné tout le monde. Helmer l’Unique, sème les interrogations. Le monde cherche à connaitre l’homme derrière ces créations. Qui est Helmer Joseph ?
Il est selon la presse, celui qui dominera la Couture Montrélaise. Avec plus de vingt ans de métier au bout des doigts, Helmer le Grand, comme le surnomme si souvent les médias continuent toujours à nous éblouir. Voici l’histoire d’un designer qui de fil en aiguille s’est fait un nom, une marque qui se démarque. Né en Haïti, Helmer Joseph s’intéresse très vite à la couture. Dès l’âge de 5 ans, il maniait déjà la machine à coudre, et à l’âge de dix ans, il réalisait ses propres créations. Diplômé de J-B Damier, l’école d’Arts et Métiers du Cap-Haïtien, Helmer ne fait que commencer à cumuler ses multiples diplômes. Le temps venu, par soif d’apprentissage et besoin urgent de progression, il quitte son pays pour la capitale de la mode, la Ville lumière, Paris. Dans l’hexagone, il suit d’autres formations, dont celles d’Esmod, de l’école de la Chambre Syndicale de la Haute Couture et de l’Ecole de broderie d’Art Lesage. Helmer maitrise donc diverses disciplines dont la broderie, le chapeau, l’art textile, la sérigraphie, et le maquillage.
C’est à Paris qu’il doit sa grande lancée. Après avoir travaillé et côtoyé les plus grands noms du métier: Christian Dior, Karl Lagerfeld, Christian Lacroix, Marc Jacob, Chloé pour ne nommer qu’eux, Helmer quitte Paris pour Montréal. Nouveau territoire, nouveau défi. Son but; devenir mentor pour les futurs designers. Il veut enseigner l’art de devenir
un couturier, un vrai. Mais comme le dit si bien l’adage : chasser le naturel il revient au galop. La couture est un domaine exigeant et Helmer ne cache pas c’est propos. Il cite : « La mode et la restauration, sont vraiment les deux professions qu’exercent les femmes qui s’emmerdent dans leurs métiers ou dans leurs vies tout court. Tu entres dans un restaurant, c’est bien et tu te dis que je peux ouvrir un restaurant aussi. Les gens adorent le mot aussi, les gens pensent que c’est facile. C’est le même genre de personnes qui entre dans un musée et qui dit “je peux le faire aussi”. Derrière » je peux le faire aussi», se cache une faiblesse. Est-ce que l’on peut sortir de chez son médecin et affirmer » je peux le faire aussi? » C’est un manque de respect. Maintenant c’est trois ans pour n’importe quelle profession. Ce n’est pas un jeu l’école de la mode, quand on voit tous les dossiers et les années de travail. En France, il y a des écoles, qui n’acceptent que vingt-sept élèves par année dans tout le pays.
Quand on entre dans sa boutique au 2020 rue St-Laurent à Montréal, on admire le charme de son comptoir et le luxe de ses vêtements. Son établissement à une âme, une vision. Ce n’est pas qu’une simple boutique sur la « Main», mais également une galerie pour ceux et celles qui n’ont qu’une
envie, contempler son œuvre. De son comptoir-caisse, qui est un montage de deux grands casiers juxtaposés ou encore des portes-vêtements qui sont un assemblage de vieux guidons lié à un ventilo recyclé, Helmer ne jette rien, il est prorecyclage. Perfectionniste, artisan et visionnaire, il dit à qui veut bien l’entendre : « J’ai tout fait moi-même. La peinture à la déco, car si c’est quelqu’un d’autre qui le fait, ce n’est pas bien fait ». Entretiens avec le grand magnat de la haute couture montréalaise.
Après plusieurs collections présentées sur les podiums montréalais, est-ce que l’ouverture d’une boutique allait de soi? Non. C’est une opportunité, une gâterie.
Est-ce que ta boutique est à l’image ton rêve? Si j’avais à imaginer la boutique de mes rêves, je la garderais dans mes rêves (rire). Quand on voit la boutique de Prada à New York, il faut être vraiment modeste pour dire que c’est la boutique de mes rêves.
Est-ce facile de répondre à l’attente de la clientèle montréalaise? Je ne réponds pas à l’attente de la clientèle. Au Québec on aime dire que c’est trop. Qu’un tapis rouge c’est trop. Trop pour une robe. Que celle-ci fait déguisement, qu’une autre est trop différente ou extravagante. Les femmes québécoises ne veulent pas se faire remarquer. Elles n’ont pas la culture du vêtement unique. Elles veulent la petite robe simple. En gros, elles veulent aller chez Zara, chez le Château, les petites robes de tous les jours (il répète) elles ne veulent pas se faire remarquer.
Qui s’habille chez Helmer? Les touristes, les artistes, je crois que j’ai vu passer presque tout le monde puisque je suis à quelques minutes du musée juste pour rire. Ils entrent, ils regardent, il ya trois mots : c’est beau, c’est bien et ce n’est pas cher. J’ai vu Jorane, Andrée Lachapelle, Anne Dorval pour ne nommer qu’elles. J’ai également comme cliente Jo Bocan qui, soit dit en passant, a porté une de mes créations à l’émission Tout le monde en Parle. Ariane Moffat fait également partie de ma clientèle.
Qu’est-ce qui te procurerait un sentiment d’accomplissement? J’ai un grand rêve (sourire malicieux), actuellement, ma collection de patchworks est arrivée à une soixantaine de pièces. J’aimerais pouvoir en avoir au maximum cent-cinquante et organiser un grand défilé. Il y aura un feu de camp et tous les mannequins se déshabilleraient et mettraient à feu toute ma collection.
Ça marquerait la fin d’Helmer? Non, ça serait un renouveau
Pour terminer, le créateur de mode inverse les rôles et s’improvise journaliste. Il me pose une question : que portes-tu aujourd’hui qui est d’un designer québécois ?
(Moment très court de réflexion, s’ensuit d’un petit rire gêné). Ma réponse fut courte et franchement sans excuse : rien.
J’ai à l’idée de me procurer bientôt un vêtement de création québécois… après tout, charité bien ordonnée, commence par soi-même.
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