Dans un rapport diffusé aujourd’hui, l’organisation non gouvernementale Oxfam internationale souligne que, deux ans après le séisme, la reconstruction du pays se fait lentement.
Dans ce rapport intitulé Rapport d’avancement sur Haïti – deux ans après le tremblement de terre, Oxfam souligne l’importance pour le gouvernement haïtien d’adopter un plan global de reconstruction pour remettre le pays sur pied et reloger les 520 000 personnes vivant encore sous des tentes ou des bâches. De plus, Oxfam insiste auprès des bailleurs de fonds pour que ceux-ci déboursent les montants qu’ils ont promis en vue des efforts de reconstruction et demande à la communauté internationale de renforcer les capacités du gouvernement pour coordonner la reconstruction de façon plus efficace.
Selon l’organisation, les secours d’urgence au lendemain du séisme ont permis de sauver des milliers de vies et de fournir des services de base à plus d’un million de personnes. Il reste cependant encore beaucoup à faire pour répondre aux besoins à long terme des Haïtiennes et Haïtiens, notamment en ce qui touche au logement, aux emplois et aux services de base comme l’éducation, l’accès à l’eau et aux soins de santé.
« Les tentes doivent faire partie du passé. Nous avons besoin de progrès massifs dans la construction des maisons et la création d’emploi, affirme le directeur national d’Oxfam-Québec en Haïti, Claude St-Pierre. Le deuxième anniversaire de ce séisme dévastateur doit être un appel à une action soutenue. Les gouvernements donateurs doivent concrétiser leurs promesses. Le Canada, qui a versé près de 90 % de l’aide promise, a la crédibilité et la capacité de jouer un role de leader et d’inciter la communauté internationale à renforcer les capacités du gouvernement haïtien.»
Depuis deux ans, des progrès encourageants ont été faits quant à la reconstruction. En effet, près de la moitié des décombres laissés par le séisme ont été déblayés, totalisant 5 millions de mètres cubes. Cela est considérablement plus rapide que la vitesse à laquelle ont été nettoyés d’autres sites ayant subi des crises humanitaires par le passé et moins complexes que le centre urbain de Port-au-Prince. Dans un pays où l’on estimait à 5 % la surface des routes asphaltées avant le séisme, quelques 430 km de routes ont été construits ou réparés depuis le tremblement de terre, allouant ainsi les infrastructures nécessaires à la revitalisation économique.
Toutefois, de graves problèmes persistent. Plus d’un demi-million de personnes vivent encore sous des tentes et des bâches; la plupart des Haïtiennes et Haïtiens n’ont pas accès à l’eau courante, aux toilettes ou à un médecin; le choléra a pris des milliers de vies et demeure une sérieuse menace pour la santé publique ; plus de 70 % de la population active est sans emploi – la plupart de ces problèmes existaient déjà avant le séisme.
De son côté, la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) a effectué des progrès en ce qui a trait à la coordination des efforts accomplis, mais peu de choses se sont concrétisées pour soutenir les capacités du gouvernement à prendre des actions critiques et à long terme. Enfin, le mandat de la CIRH étant désormais expiré, les donateurs doivent appuyer la création d’un organe de coordination national visant un rôle stratégique et collaboratif dans la reconstruction.
Tout en reconnaissant que les élections en début d’année dernière, suivies d’une impasse politique entre le nouveau président et le parlement, aient freiné les progrès de la reconstruction, Oxfam demande à la nouvelle administration de faire preuve de leadership et d’élaborer une politique globale de relocalisation des personnes déplacées par le séisme, avec un échéancier clair, en plus d’impliquer davantage la société civile haïtienne dans la planification et la gestion de la reconstruction, pour répondre aux besoins de la population.
Des milliards de dollars d’aide ont été promis pour la reconstruction d’Haïti, mais les promesses ne se sont pas toujours traduites en argent sur le terrain. Selon les Nations unies, en date de septembre 2011, les donateurs n’ont déboursé que 43 % des 4,6 milliards de dollars qu’ils ont promis en vue de la reconstruction en 2010 et 2011.
Avec près de 70 % du budget du gouvernement haïtien provenant de l’aide au développement, le soutien des donateurs est essentiel si l’on veut que le nouveau gouvernement puisse honorer ses engagements de s’attaque aux problèmes les plus criants du pays.
« Les donateurs doivent tenir leurs promesses envers Haïti et maintenir le cap, déclare monsieur St-Pierre. Nous ne devons pas laisser l’impatience miner le soutien nécessaire à ceux qui n’ont toujours pas accès aux services de base et pour qui l’avenir est incertain. Nous devons travailler ensemble et poursuivre notre engagement envers le peuple haïtien. »
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