Les Sao (ou Saô, Sow, So, Sô) sont une ancienne population d’Afrique centrale – Cameroun, Tchad et Nigeria d’aujourd’hui – constituée de groupes distincts par leur langue et leur mode de vie, qui se sont fédérés autour de quelques cités plus puissantes. Ils habitaient dans les basses vallées du Logone, du Chari et de la Yoobé.
C’est à des écrivains de langue arabe que l’on doit les premières mentions du terme Sô au XIVe siècle.
Certains leur accordent une dimension mythique. Les légendes ont précédé les fouilles archéologiques, ils étaient connus dans tout le Sahel tchadien (« c’était des géants ») auxquels on attribuait des pouvoirs surhumains.
Les Sao semblent avoir été les plus anciens habitants de la région du sud du Lac Tchad, dans laquelle ils se seraient établis à partir du IXe siècle av. J.-C. et jusqu’au XIXe. Ils sont originaires de la vallée du Nil. Dans l’Égypte antique, les Sao ou Saou représentaient la classe des prêtes guérisseurs, initiés aux savoirs occultes. Le clergé d’Amon était composé de Saos. Amon étant le démiurge (Dieu) durant l’Égypte antique, et dans le continent noir jusqu’à aujourd’hui, où il est appelé tant Amma ou Imana, Nzambé, ect. Amon signifie : le caché, la force vitale cachée, invisible.
Le lac occupait alors tout son bassin, y ont été retrouvés des squelettes d’animaux, des peintures rupestres et des tumulus avec des statuettes funéraires faites d’argile et de bronze.
Les Sao vivaient en cités encloses dans une muraille (à l’origine du nom des Sao) de terre crue de base large de 3,5 à 4 mètres, et occupaient des buttes anthropiques ou villages de huttes (desquels ont été exhumées des figurines Sao) en bordure d’eau.
Les Sao maîtrisent l’argile et la céramique (depuis le IX° avant JC), outre le mobilier domestique et cultuel, qui compte de vases de toutes formes, des fourneaux munis de trous d’aération, les potiers produisent un abondant outillage, des bijoux, des jouets, des symboles monétaires.
Le métal n’est lui pas présent dans tous les sites visités et découverts par les archéologues. Le cuivre l’était beaucoup plus et était fondu à la cire perdue.
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Les attaques et exterminations connaissent leur apogée au XIVe siècle (sous le règne du Kanem Idriss Alaoma) : destruction des camps fortifiés et des habitations Sao, destruction des champs et des récoltes, abattage des arbres, interdictions de sortir des camps et villes fortifiées. Les Sao furent vaincus par la famine.
Après leur mort, entre les XVII° et la première moitié du XIXe siècle, certains Sao – il s’agissait toujours de groupes non homogènes – étaient inhumés dans des doubles jarres. C’est-à-dire que le corps (en position fœtale) était enterré dans une grande jarre (à la place du cercueil), puis recouvert d’une autre ; non sur la rive des fleuves mais dans un cimetière.
Ces jarres servaient aussi à cacher les jeunes enfants lors des périodes troubles, pour les protéger de la violence.
Les Sao étaient des pêcheurs et des agriculteurs, c’étaient des hommes robustes et grands (selon les ossements et squelettes retrouvés).
Les femmes Sao portaient des labrets aux lèvres : allant de la simple rondelle au plateau. Cette pratique aurait eu pour objet de rebuter les étrangers et les esclavagistes du Nord, ou répondrait à un canon esthétique et serait la marque de la différentiation sexuelle.
Les Sao rendaient un culte à leurs ancêtres, au génie de l’eau, et pratiquaient le totémisme.
Certains de leurs descendants vivent toujours dans les mêmes contrées, divisées aujourd’hui entre le Cameroun, le Nigeria et le Tchad.
Les Bakoko sont leurs descendants, les Beti du Cameroun, les Peuls et les Laobés de patronyme Sow. Islamisés de longue date, ils ont toutefois conservé de nombreuses pratiques incompatibles avec l’islam (ils rendent un culte à l’esprit de l’eau, à certains arbres, à des pierres).
Plus de trois cent cinquante sites sâo ont, à ce jour, été dénombrés, tant au Tchad qu’au Cameroun. Encore bien peu, cependant, ont été fouillés méthodiquement.
Selon la légende, Les Sao étaient si hauts de taille que leurs bois d’arc étaient fait de palmiers entiers, que leurs gobelets, grands comme des jarres funéraires, pouvaient contenir deux hommes assis.
Le jour de l’indépendance du Tchad, André Malraux, Prix Goncourt dira : « Monsieur le Président, les Sao sont vos Gaulois ».
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