Le Fonds des Nations Unies pour la population et l’UNICEF ont annoncé lundi que huit mille communautés africaines ont assuré ne plus pratiquer l’excision génitale féminine, qui est une mutilation génitale féminine (MGF), dont près de 2000 qui a abandonné cette pratique l’année dernière.
Une excision est, dans son sens le plus général, l’ablation d’une partie de tissu biologique. Mais le terme excision est plus communément utilisé pour désigner l’excision du capuchon voire du clitoris en entier.
L’excision est illégale dans la plupart des pays du monde. La plupart des pays démocratiques interdisent formellement l’excision au nom du respect des Droits de l’homme, du respect de la personne humaine et de la protection de l’enfance. Ainsi, un peu partout en Europe, des coupables d’excision sont régulièrement envoyés en prison par les tribunaux.
Géographiquement, la pratique se rencontre dans de nombreuses parties du monde. Elle est la plus courante en Afrique subsaharienne et dans quelques régions du Proche-Orient et de l’Asie du Sud-Est (Yémen, Indonésie et Malaisie). Dans les pays occidentaux, ces pratiques se retrouvent dans les communautés issues de ces pays. Selon les pays, la proportion de femmes excisées varie de façon importante, allant de 1,4 % au Cameroun à 96 % en Guinée au début des années 2000.
Ainsi, actuellement, l’essentiel des populations qui pratiquent ces mutilations sexuelles est musulman. Il existe aussi certaines communautés chrétiennes au Ghana ou au Togo qui pratiquent les mutilations sexuelles ainsi que la communauté juive des Falashas. Les sources religieuses juives et chrétiennes ainsi que le Coran ne font pourtant aucune mention de cette pratique.
[pullquote_right]Les hommes se sentent menacés par ce qui aurait une apparence phallique chez la femme, c’est pourquoi ils insistent pour que le clitoris soit enlevé
Marie Bonaparte psychanalyste[/pullquote_right] On considère qu’environ 100 à 140 millions de femmes ont subi une excision (principalement en Afrique). Environ 2 millions de fillettes sont susceptibles de subir une telle mutilation tous les ans. Selon une étude de l’INED, 50 000 femmes ont subi des mutilations sexuelles et vivent actuellement en France.
Dans certaines régions du nord et de l’est de l’Afrique et du Moyen-Orient, l’excision du clitoris est considérée comme un rite de passage à l’âge adulte qui assure la chasteté et rend une femme nubile. Les agences de l’ONU tentent de mettre fin aux moeurs qui retirent en entier ou en partie les organes génitaux féminins, en disant qu’ils n’ont aucun bienfait pour la santé et causent des douleurs intenses.
Il y a aussi des risques à long terme pour les femmes qui subissent l’excision. L’Organisation Mondiale de la Santé affirme que l’excision augmente le risque de complications à l’accouchement, provoque des infections récurrentes ou de crée la nécessité d’effectuer des chirurgies pour permettre a ces femmes d’avoir des rapports sexuels.
Au cours de la dernière année, le Kenya et la Guinée-Bissau ont adopté des lois interdisant les mutilations génitales. En Éthiopie, au Sénégal et d’autres pays africains, des milliers de villages ont déclaré publiquement qu’ils étaient contre l’excision. L’ONU a dépensé plus de 6,1 millions $ l’an dernier pour lutter contre la pratique.
Robyn Dixon a écrit sur mutilations génitales il y a cinq ans, en interrogeant une Sénégalaise, une ancienne exciseuse nommée Oureye Sall. À la seule vue de son visage, les jeunes filles fuyaient :
Elle a hérité du métier de sa mère et fait un joli profit: un dollar par filles pour l’intervention connue localement comme « le nettoyage », et dans une grande partie du reste du monde que la circoncision génitale féminine, ou la mutilation.
Mme Sall brisait chaque lame de rasoir en deux par souci d’économie et utilisait chaque moitié jusqu’à ce qu’il soit trop émoussé pour couper correctement. Parfois, elle faisait 15 à 20 opérations par jour, d’autres fois deux ou trois. Elle n’a aucune idée du nombre de filles qu’elle a excisées dans sa longue carrière qui s’étend sur plusieurs décennies.
“Bien sûr, les filles se débattaient », dit-elle de la méthode dans laquelle elle sabrait les organes sexuels externes de fillettes. « Bien sûr, elles vous frappent. Elles pleurent.
Il fallait trois femmes fortes pour m’aider. Il fallait quelqu’un pour s’asseoir sur chacune des jambes et il fallait quelqu’un pour contrôler les bras et le haut du corps. On couvrait leurs bouches. On ne voulait pas être entendue par le voisinage. »
Avec le mouvement des populations africaines et moyen-orientales, cette pratique soulève de nouveaux débats. L’Irlande, par exemple, a proposé une loi visant à criminaliser l’excision féminine. C’est déjà illégal en Grande-Bretagne, en Scandinavie et la plupart des pays de l’Europe.
Malgré tout, certains médecins affirment que l’excision peut être autorisée en tant que pratique culturelle. L’American Academy of Pediatrics a fait sensation il y a deux ans quand il a suggéré que les médecins américains devraient être en mesure de faire une intervention cérémoniale si cela empêchait leurs familles d’envoyer les jeunes filles à l’étranger pour une chirurgie plus drastique. L’association est revenue sur sa déclaration après une effusion de critiques de la part des groupes de droit.
L’excision dans le monde:
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[tab title= »Bénin »] Cette pratique est interdite dans ce pays et est sanctionnée. Cette loi prévoit en effet amendes, emprisonnement et travaux forcés sur tout auteur ou complice de la pratique de l’excision surtout quand la victime est mineure et encore plus quand un décès survient. [/tab]
[tab title= »Burkina Faso »] Au Burkina Faso, une loi interdisant les mutilations génitales féminine (MGF) a été promulguée en 1996, pour entrer en vigueur en février 1997. Auparavant, il existait déjà un décret présidentiel établissant un Comité national contre l’excision et prévoyant des amendes à l’encontre des personnes reconnues coupables d’excision sur des fillettes ou des femmes. La loi de 1996 a renforcé la répression. Depuis, plusieurs exciseuses ont été condamnées à des peines d’emprisonnement. [/tab]
[tab title= »Côte d’Ivoire »] En Côte d’Ivoire, une loi promulguée le 18 décembre 1998 prévoit que toute atteinte à l’intégrité des organes génitaux d’une femme, par voie de mutilation totale ou partielle, excision, désensibilisation ou toute autre pratique, si elle s’avère sanitairement néfaste, est passible d’une peine d’emprisonnement de un à cinq ans, et d’une forte amende (de 360 000 à deux millions de francs CFA). La peine est portée de cinq à vingt ans d’emprisonnement si la victime meurt des suites de son opération. Par ailleurs, si la procédure est effectuée par un médecin, il risque jusqu’à cinq ans d’interdiction de pratique professionnelle. [/tab]
[tab title= »Djibouti »] À Djibouti, les MGF ont été interdites par la révision du Code pénal du pays, entrée en vigueur en avril 1995. L’article 333 du Code pénal prévoit, pour les personnes reconnues coupables de ces pratiques, une peine d’emprisonnement de cinq ans et une amende de un million de francs de Djibouti. [/tab]
[tab title= »Égypte »] En Égypte, en décembre 1997, la Cour de cassation égyptienne a rendu un arrêt en faveur d’une interdiction gouvernementale des MGF, dans lequel il est stipulé que les contrevenants s’exposent à des sanctions criminelles et administratives. Il existe en outre un décret ministériel qui interdit ces pratiques. Malgré ces lois et décrets, les MGF se perpétuent encore en très grande majorité dans ce pays, même si certains comme Abou Shawareb en juillet 2005, ont décidé d’eux-mêmes de mettre fin à ces pratiques. Le Code pénal prévoit aussi des cas de « blessure » et de « traumatisme intentionnel ayant entraîné la mort », qui peuvent éventuellement être juridiquement applicables. On a relevé dans la presse au moins treize cas de personnes poursuivies sur la base des termes du Code pénal, notamment des médecins, des sages femmes et des barbiers, accusés d’avoir pratiqué des MGF ayant entraîné des hémorragies, des états de choc et des décès. [/tab]
[tab title= »Ghana »] Au Ghana, en 1989, le chef du gouvernement du Ghana, le président Rawlings, s’est formellement prononcé contre les MGF et les autres types de pratiques traditionnelles néfastes. L’article 39 de la Constitution du Ghana contient en outre des éléments visant l’abolition des pratiques traditionnelles préjudiciables à la santé et au bien-être des personnes. Certains pensent que cette loi a, en fait, généré une migration des pratiques vers la clandestinité. [/tab]
[tab title= »Guinée »] En Guinée, les MGF sont illégales selon l’article 265 du Code pénal. Elles sont punies par une peine de travaux forcés à perpétuité et, si elles entraînent le décès de la victime dans un délai de 40 jours, le contrevenant s’expose à la peine de mort. Aucun cas de MGF n’a toutefois, à ce jour, été porté devant les tribunaux. L’article 6 de la Constitution guinéenne, qui interdit les traitements cruels et inhumains, peut aussi être interprété dans le sens de l’inclusion de ces pratiques, si un cas venait à être porté devant la Cour Suprême. L’un des membres de la Cour Suprême de Guinée travaille actuellement en collaboration avec une ONG locale, en vue d’insérer dans la Constitution guinéenne une clause spécifique interdisant ces pratiques. [/tab]
[tab title= »Indonésie »] En Indonésie, les autorités préparent actuellement un décret interdisant aux médecins et aux personnels paramédicaux toutes pratiques de MGF. Les MGF sont aujourd’hui encore très répandues en Indonésie. Azrul Azwar, le directeur général des affaires de santé du pays, a déclaré que « Toutes les structures de santé gouvernementales seront formées à relayer les informations concernant la décision d’interdiction et l’étendue du problème de la circoncision féminine.». [/tab]
[tab title= »Nigeria »]Au Nigeria, il n’existe aucune loi fédérale interdisant les pratiques de MGF. Les opposants à ces pratiques se réfèrent à la section 34(1)(a) de la Constitution de la République Fédérale du Nigeria de 1999, qui dispose qu’« aucun individu ne sera soumis à la torture ou à des traitements inhumains ou dégradants », pour en appeler à l’interdiction des pratiques de MGF sur tout le territoire. Un membre du parlement a élaboré un projet de législation en faveur de l’interdiction, mais ce projet n’est pas encore passé en commission. [/tab]
[tab title= »Ouganda »] En Ouganda, il n’existe aucune loi réprimant les pratiques de MGF. En 1996, toutefois, un tribunal a statué en faveur de la prohibition de ces pratiques, sur la base des termes de la section 8 de la Charte des Enfants, promulguée cette même année, qui rend illégal le fait de soumettre un enfant à des pratiques sociales ou coutumières néfastes pour sa santé. [/tab]
[tab title= »République centrafricaine »] En République centrafricaine, en 1996, le président a émis une ordonnance interdisant les MGF sur tout le territoire. Cette ordonnance a force de loi, et toute infraction à son égard est passible d’une peine d’emprisonnement allant de un mois à deux ans, et d’une amende de 5 100 à 100 000 francs centrafricains. Il ne semble toutefois pas que cette loi ait jamais été appliquée dans les faits. [/tab]
[tab title= »Sénégal »] Au Sénégal, depuis une loi promulguée en janvier 1999, les pratiques de MGF sont illégales. Le président Diouf a fait un appel solennel en faveur de l’arrêt de ces pratiques et de la législation les interdisant. La loi modifie le Code pénal en faisant des MGF des actes criminels, réprimés par une sentence pouvant aller de un à cinq ans d’emprisonnement. Un porte-parole du RADDHO (Rassemblement africain pour la défense des droits de l’homme) a déclaré dans la presse : « L’adoption de la loi ne se suffit pas en elle-même, car il est désormais nécessaire de la faire appliquer rigoureusement pour que les femmes en bénéficient. » Quelques femmes se penchent sur la question. [/tab]
[tab title= »Somalie »] En Somalie, il n’existe aucune loi nationale spécifique interdisant les MGF. Le Code pénal mis en place par le précédent gouvernement prévoit toutefois des clauses de « blessures », « blessures graves » et « blessures très graves », qui pourraient éventuellement être juridiquement applicables. En novembre 1999, le Parlement de l’administration du Puntland a approuvé à l’unanimité une législation rendant ces pratiques illégales. Il ne semble toutefois exister aucun cas de mise en application de cette loi. [/tab]
[tab title= »Tanzanie »] En Tanzanie, la section 169A de la Circulaire spéciale sur les crimes sexuels de 1998 interdit les MGF. Ces pratiques sont punies de peines d’emprisonnement allant de cinq à quinze ans, et/ou d’une amende ne pouvant pas excéder 300 000 shillings tanzaniens. Cette législation a débouché sur quelques arrestations, mais qui ne semblent pas avoir, jusqu’à présent, abouti sur des poursuites pénales. [/tab]
[tab title= »Togo »]Au Togo, le 30 octobre 1998, l’Assemblée Nationale a voté à l’unanimité une loi interdisant les pratiques de MGF. Les sentences prévues vont de peines d’emprisonnement de deux mois à dix ans, à des amendes de 100 000 à un million de francs togolais. Toute personne qui aurait connaissance de telles pratiques dans son entourage et qui n’en informerait pas les autorités, est passible d’une peine de un mois à un an d’emprisonnement, et d’une amende de 20 000 à 500 000 francs togolais. [/tab]
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Le 06 février de chaque année, la communauté internationale célèbre la journée internationale de lutte contre les mutilations génitales.
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