Le rapport de l’UNICEF questionne ceux qui disent que la croyance en la sorcellerie fait partie de la » tradition africaine « . S’il est vrai que certaines pratiques anciennes ont été maintenues, puis adaptées aux contextes contemporains, d’autres pratiques qui semblent être anciennes ou prétendent l’être sont souvent d’origine très récentes, indique le rapport. Tel est le cas de la vente de parties du corps ou le phénomène essentiellement urbain des enfants accusés de sorcellerie. Selon les études les plus récentes, la sorcellerie et le sacrifice des personnes atteintes d’albinisme ne peuvent pas être interprétés uniquement en termes de« tradition africaine». Il s’agit d’une «nouvelle» tradition ou une «tradition inventée».
La propagation de la démocratie, le capitalisme et le libre marché ont également démocratisé l’occulte. Aujourd’hui, tout est à vendre: charmes, talismans, des poudres magiques et potions, certains apparemment fabriqués à partir de parties du corps.
Mais pourquoi est la croyance en la sorcellerie se repend-elle de plus en plus même si l’Afrique se modernise et devient une partie beaucoup plus intégrante de l’économie mondiale?
Selon l’UNICEF, la vie dans la ville, un emploi rémunéré, le consumérisme, la pression financière et l’émergence de l’individualisme ont conduit à des transformations profondes dans les structures familiales africaines.
Le résultat est une famille dysfonctionnelle et une perturbation des relations entre les groupes d’âge — en particulier la légitimité de l’autorité parentale — et entre les hommes et les femmes. Les changements qui ont été introduits par le développement sont donc un défi à la solidarité africaine.
Les accusations de sorcellerie contre les enfants peuvent aussi être une conséquence directe de cette incapacité des familles à satisfaire leurs besoins fondamentaux. En plus de ces crises économiques et politiques, et l’appauvrissement général, il y a aussi des crises institutionnelles à considérer, telles que les services de santé inadéquats, faiblesse du système juridique, et le rôle de la société civile. L’étude vise à clarifier la base de certaines pratiques sociales qui sont totalement ou partiellement incomprises par les observateurs occidentaux.
Des comportements généralement associés à des accusations de sorcellerie sont la violence, la maltraitance, l’abus, l’infanticide et l’abandon des enfants.
L’UNICEF affirme que l’objectif de son rapport est de comprendre la complexité et la variété des phénomènes décrits, ainsi que les causes qui ne sont pas seulement culturelles et sociales, mais aussi économiques et politiques.
Les enfants accusés de sorcellerie sont soumis à la violence psychologique et physique, d’abord par les membres de la famille puis ensuite de leur cercle d’amis, puis par le pasteur ou les guérisseurs traditionnels. Ils sont souvent stigmatisés et discriminés le restant de leur vie. De plus en plus vulnérables et pris dans un cycle d’accusation, ils risquent de nouvelles accusations de sorcellerie.
Les enfants accusés de sorcellerie peuvent être tués, mais le plus souvent ils sont abandonnés par leurs parents et vivent dans la rue. Un grand nombre d’enfants vivants dans les rues ont été accusés de sorcellerie au sein du cercle familial. Ces enfants sont plus vulnérables à la violence physique et sexuelle et d’abus par les autorités. Afin de survivre et d’échapper à des conditions de vie effroyables, ils consomment de la drogue et l’alcool.
Souvent, les victimes d’exploitation sexuelle, ils courent un risque accru d’exposition aux maladies sexuellement transmissibles et l’infection à VIH.
Le rapport de l’UNICEF fait de recommandations de stratégies à adopter. Il est notamment suggéré de conduire des études sur les pratiques et les croyances pour mieux comprendre le phénomène, tout en travaillant avec les communautés et les chefs traditionnels et spirituels.
Le rapport recommande également une série de réformes législatives pour dépénaliser la sorcellerie et améliorer la protection des enfants et les procédures. Il recommande aussi d’améliorer l’accès des plus marginalisés à des transferts et services sociaux, notamment pour les enfants vivants dans la rue.
« Même si les accusations de sorcellerie contre les enfants sont liées à des causes culturelles ou religieuses, la réponse à ces formes d’abus à l’égard des enfants n’est pas différente que pour les autres formes de violence et de négligence à leur encontre, » déclare M. Theis.
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