Signe des temps, confirmant sa nouvelle étreinte avec la région subsaharienne, le Maroc choisit de célébrer l’Afrique en consacrant des Journées Africaines à son agenda. Pour cette première, le Sénégal est à l’honneur! Deux jours ont été consacrés à l’éloge des deux pays-chefs du continent noir.
Le 25 et 26 novembre 2016, c’est au Centre Culturel Marocain à Montréal, le centre culturel marocain « Dar Al-Maghrib », une structure s’inscrivant dans la politique étrangère du roi Mohammed VI que ces journées culturelles ont été honorées. Deux journées, la première plus informelle avec une conférence sur les investissement sud-sud englobant la réciprocité du Maroc et du Sénégal, puis une seconde, plus festive avec repas, chants, danses, amusements pour les plus petits et défilé de mode au programme.
Jaafar Debbarh, directeur de l’institution se réclamant inclusive, affirma: « Cette rencontre est une fois encore l’occasion de réaffirmer l’identité africaine du Maroc qui place depuis toujours le continent africain au centre de ces choix stratégiques. » Des journées qui devaient s’inscrire dans la trame d’une histoire partagée, pétrie de culture et d’une religion commune pour en résumer son exposer.
Une exposition artistique a été mise en place pour attirer l’attention sur le savoir-faire des artistes des deux pays voisins. Quelques sculptures, vêtements et artisanats étaient mis a la disponibilité des participants majoritairement maghrébins, mais représentés dignement par la communauté sénégalaise, par entre autres, le lutteur Anmanekh Seck, directement venu du pays.
Accompagné de Nazha Benchérif, Assane Dème était l’un des artistes exposants. Prônant le recyclage, surélevé comme le baobab, ses sculptures, particulièrement ses Oiseaux ont fait le voyage pour être exposé en Belgique et Suisse.
L’irradiante Fatou Haydara, adjointe socioculturelle du Regroupement Général des Sénégalais du Canada qui comme son nom indique, regroupe l’ensemble de la communauté sénégalaise associative, souligne les liens commerciaux et culturels « avec une identité par les valeurs spirituelles » sera précisé par l’oratrice informant que la grande Mosquée de Dakar fut construite par des architectes franco-marocains et inaugurée par le roi Hassan II, le père du monarque actuel qui, le 12 novembre 1984, quittera l’Organisation de l’unité africaine à Addis-Abeba.
L’ex-ministre démissionnaire péquiste de l’immigration, André Boulerice, connu pour ses liens établit avec la communauté marocaine, des liens qui lui ont peut-être couté son ministère, à émis le souhait au micro de voir les futures journées de ce genre « peuplées de plus de Dubois, de Saputo, Globensky, enfin que l’on rassemble le plus de québécois possible, de façon à partager ce que nous avons en commun. » André Boulerice, qui fit le choix de céder le flambeau de la politique un 12 septembre 2005, termina en racontant son immense joie d’avoir été, un jour, assis à la droite du Président Senghor.
L’époque de Léopold Sédar Senghor, poète et premier Président sénégalais représente bien la faillite annoncée pour le sud des économies nord-sud. Les discussions de cette première journée, animée par la docteure Ly-Tall Aoua Bocar, maintes fois applaudit pour ses prises de position panafricanistes durant cette journée conférence, allaient donc prendre un ton plus lucide considérant les avantages dans des échanges plus familiers et les échecs dans le commerce avec des voisins plus éloignés.
Abdelilak Lkahya, de l’Ambassade du Maroc à Ottawa n’a pas manqué cette journée qu’il dit être fier d’avoir lieu à Montréal, un ville internationale qui symbolise l’art du vivre ensemble. « La politique africaine du Maroc a été relue, dessinée et impulsée par Sa Majesté le roi, Mohammed VI, que Dieu l’assiste, pour faire avec les pays africains un axe majeur de la politique étrangère du Royaume.» annonce sur un ton solennel le politique. « Ces visions royales réaffirment l’ancrage du Maroc dans son continent et son engagement irréversible en faveur du raffermissement des liens séculaires, spirituels, économiques, culturels, humains avec les pays africains. » poursuit-il, témoignant que les multiples visites de Mohammed VI en Afrique certifient cette intention de favoriser des échanges sud-sud solidaires.
Allait suivre un expressif et écourté discours de 7 minutes 15 du prochain conférencier, Dr. Loum Ndiaga, politicologue, professeur à l’Université du Québec en Outaouais, auteur d’ouvrage sur les échanges Sud-Sud vs Nord-Nord. Homme averti à l’humour noir, il dépeint avec intelligence le climat sociopolitique. « La proximité géographique et culturelle fait qu’en route nos problèmes deviennent vos problèmes», dira-t-il en ajoutant « Comme nous avons des problèmes communs, forcément nos solutions devront-ils être vos solutions. » Des révélations intéressantes seront en plus amenées comme le contexte de la séparation du Soudan par un quatuor : Les États-Unis, la Chine, la France et la présence de l’Union africaine pour assurer le décorum. L’achat par un milliardaire américain de terres faisant quatre fois la ville de Montréal au Sud-Soudan pour en faire un grenier dans la perspective d’une crise alimentaire fut soulevé comme problématique à avoir un partenaire dont l’éloignement est un bouclier à vos ennuis.
En un peu plus de 10 minutes, Hicham Mouatadid allait exposer sur un ton plus collégial la diplomatie royale marocaine avant que Saer Cissé, juriste conseiller du ministre de l’Urbanisme et de l’Architecture du Sénégal, le seul a discourir debout par respect aux consulaires, dévoilait son attachement intime au Maroc, puisqu’il a marié une Marocaine qu’il a heureusement rencontrée sur le web.
Pendant la période de questions et réponses, le Polisario, a marqué la plupart des interrogations et fut pointé du doigt comme l’objet de la désunion africaine par certains.
Le lendemain, la culture fut à l’honneur. De copieux et délicieux repas furent servis gratuitement à la foule qui assistait à diverses représentations présentées par Sophie Ba et Aziz Daouny. Un film vantant les atouts du Maroc fut proposé, la troupe de danse marocaine Harmonie, entama plusieurs danses régionales. La soirée avait beau être dédiée aux Sénégalais, les Marocains avaient toujours la flamme du Maroc qui brillait dans leurs yeux. Ainsi, quand le chanteur Sénégalais Saydina Ndiaye se mit a improvisé avec le nom de Mohammed VI, le foule maghrébine fut en extase, debout. Les organisateurs n’ont pu s’empêcher de lui fournir, en plus, un drapeau du Maroc pour amplifier le symbole. Un drapeau qui circulait allégrement de la scène au plancher, les youyous, ces cris de joie, acclamaient gaiement.
Métaphore du monde de l’ombre, des esprits, de noir vêtu, la troupe marocaine de danse Gwana-Salamate avec sa musique envoûtante fut plus appréciée de la fraction marocaine, plus familière à ce rythme. Par contre, tous ont bien admiré le défilé de modes traditionnels sénégalais, réalisés par les designers Oumou Ndiaye, Rokhaya Sarr et coordonné par la jolie Alice Niang.
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