Le samedi 4 juin, l’auditorium de l’école Le Plateau allait être l’hôte d’une soirée exceptionnelle de musique andalouse. L’événement qui réunissait joyeusement les communautés arabes montréalaises avait pour thème « L’Amour courtois ».
Invité par Nacima Bouzerar, cofondatrice de NeoFuse Event, qui allie l’expertise de quatre talentueuses femmes, nous avons assisté au neuvième concert de l’orchestre de musique andalouse de Montréal présentée par les Amis de la Musique Andalouse de Montréal (AMAM). Ses trois acolytes, Tamara Delphé, Gina Odigé, Cynthia Odigé, toutes présentes, s’assuraient du bon déroulement de l’événement où les artistes et hôtesses portaient les créations de la collection ‘’La Passion de l’Andalousie à Rumi’’de FAB Couture.
Cette soirée « particulière » comme le dira Driss Mbirkou, notre maitre de cérémonies, devait sensibiliser la population montréalaise, issue de toutes les diversités, à cette musique maghrébine aux profondes racines moyenâgeuses, et certainement offrir aux profanes un spectacle à la hauteur de leurs attentes.
Pour entamer l’immersion historico-musicale, le groupe Les Reverdies, constitué de plusieurs ensembles médiévaux, exécutèrent passionnément des chants amoureux, des balades, des instrumentaux datant du 14e siècle. Cette musique qui s’abreuvait de l’Italie, du sud de la France, de l’Espagne d’époque, trouve un certain écho avec un son arabe, de par les instruments utilisés et les rythmes abordés, probablement emprunté au monde arabo-musulman, dans une ère où celui-ci éclairait le monde de son savoir, de sa culture.
L’exécution du groupe accompagné d’instruments d’époque fut sans tache. Les flutes, la harpe, le luth, le tambour, l’oud, accompagnés ou subordonnés aux voix ont imposé silence à la foule d’environ 400 personnes. A un certain instant, je me croyais plongé dans le monde fantastique du Seigneur des Anneaux ou dans un univers féérique. Malheureusement, le programme musical fourni par l’organisation ne nous a pas permis de suivre ou d’en connaitre davantage sur les chants que nous a présenté le groupe composé de six personnes dont deux femmes, puisqu’il n’en révélait par les titres.
Les Reverdies furent doublement applaudit.
Puis Driss Mbirkou nous présentait un grand de la musique andalouse. Chikh Mohamed Khaznadji, née à la casbah d’Alger, ex-professeur au conservatoire de musique d’Alger, il accepta avec émotion les fleurs de l’AMAM. Ému, né en 1929, le maitre de la musique andalouse qui commença en chantant les textes du Coran dans les mosquées, dira: « C’est un réconfort pour moi de trouver une relève vraiment solide. » avant d’être ovationné et enveloppé de joyeux youyous, ces cris de joie aigus que lâchent les femmes nord-africaines.
La relève, faire vivre la culture, garder le feu, c’est bien ce qu’a démontrer AMAM avec les représentations suivantes. Avec guitares, tambours, le groupe B des Bourgeons de l’association AMAM sous la direction de M. Omar Meddour a séduit la foule par leur jeunesse et son harmonieux. Le groupe A sous la direction de Kamel Berranen, plus âgé, plus vêtu avec une instrumentalisation plus élaborée ont eu droit à une participation active de l’auditoire emporté par la musique.
Suite à des remerciements et l’entracte, c’est avec une énergie renouvelée, sourire en bouche que l’assistance reconquérait leurs sièges. Une sorte d’appréhension, d’électricité emplissait les lieux en attendant le point culminant de la soirée andalouse.
21h10. C’est sous une pluie d’applaudissements que sous la direction de Salim Bouzidi, l’orchestre de musique andalouse de Montréal fait son entrée, rien de moins que « le meilleur orchestre d’andalouse d’Amérique du Nord » selon Driss Mbirkou. Deux femmes accompagnées d’une vingtaine d’hommes en nœud papillon prennent dignement place. Trois rangés de musiciens amorce joyeusement le concert. Sur la première ligne, sept chanteurs se disputeront le micro. Pendant l’heure qui suivra, le public tombera dans l’ambiance amené par ces diverses cordes vocales, tantôt mélancolique, absorbante, tantôt joyeuse , rayonnante. Les instruments aussi ont eu droit à leur solo, des moments appréciés, applaudis.
Malgré le sommeil qui s’empara de quelques enfants, la foule comblée n’a pu retenir son désir de chanter … puis danser. A la fin de la représentation, bras dans les airs, tous dansaient allègrement sous les vibrations de l’orchestre amusé. Oui, tous. Les youyous se multipliaient pour culminer le neuvième concert de l’orchestre de musique andalouse de Montréal. Une soirée andalouse sans anicroche qui termina, après un rappel évident de l’orchestre sans pareil, à 22h40 avec, il faut le mentionner, le professionnalisme des techniciens au son Mostafa Boulal et Marwane K.
C’est ce genre d’événement qui cautionne l’éclatante diversité de la ville de Montréal, où chacun de nous enrichit l’autre de sa culture et apporte à la collectivité ses atouts, ses joies, parfois ses peines, tout en désacralisant les distances culturelles entretenues confortablement par nos préjugés. Dépaysez-vous! Vous en sortirez grandi.
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