Des dizaines de militants ont manifesté jeudi dans la capitale marocaine, devant le Parlement à Rabat pour une rare manifestation contre le racisme au Royaume chérifien en réponse à l’assassinat d’un autre migrant sénégalais.
Le 29 août dernier, le migrant sénégalais Charles Ndour, résident à Casablanca et étudiant à Rabat était en visite à Tanger avec des amis quand il a été attaqué par une foule et fut mortellement poignardé, plus précisément, égorgé vif.
Le 4 septembre, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Khalfi, qui a relevé le défi de l’Ice Bucket Challenge version Maroc avec un don de sang, a souligné l’importance d’arrêter les malfrats impliqués dans ce meurtre sordide. Depuis, quatre personnes ont été arrêtées.
Des centaines de migrants ont défilé le lendemain pour protester cette mort atroce et les nombreuses agressions qu’ils affirment recevoir de la part des résidents. La police a dispersé la manifestation, appréhendé 26 d’entre eux dont la majorité fut déportée et dix autres sentenciés à 1 mois de prison ferme.
La manifestation intervient un an après que le Maroc ait annoncé une nouvelle politique d’immigration visant à simplifier le processus pour un migrant de légaliser son statut.
« Les migrants au Maroc sont en réel danger », a déclaré Lucile Daumas de Atac Maroc, l’un des groupes organisateurs de la manifestation, alors qu’elle se tenait devant le parlement dans le centre de Rabat. « Il (Ndour) a été tué simplement parce qu’il avait la peau sombre.»
Elle a ajouté qu’il était le sixième migrant africain tué durant la dernière année et a déclaré que, bien que la nouvelle politique d’émigration ait des idées nobles, il y avait eu peu de changement sur le terrain.
La porte-parole de l’Association marocaine pour les Droits de l’Homme Khadija Ryadi affirme pour sa part que « les autorités encouragent un peu le racisme puisqu’ils incitent les populations à les traiter d’une façon anormale, de ne pas louer leurs maisons. » Au Maroc, on peut apercevoir ouvertement des pancartes sur des immeubles déclarant ne pas louer « aux Africains ». Elle poursuit : « Il y a une responsabilité de l’État. L’État marocain doit mener une campagne de sensibilisation par tous les moyens. »
Justement, le 21 mars dernier en réaction avec la maltraitance omniprésente des Noirs au Maroc, le gouvernement lançait sa toute première campagne contre le racisme envers sa population Noire : « Je ne m’appelle pas Azzi ». Ici, Azzi est le péjoratif pour qualifier les migrants subsahariens.
La mort de Charles Ndour a provoqué une certaine gêne au Maroc, qui se présente comme un partenaire économique majeur pour l’Afrique subsaharienne, avec les récents voyages royaux vers l’Afrique de l’Ouest.
Des milliers d’Africains subsahariens transigent chaque année par le Maroc dans l’espoir de passer en Europe, afin d’y trouver une nouvelle vie. Les tensions éclatent souvent entre eux et les résidents du nord de l’Afrique.
Selon les sources gouvernementales, actuellement on estime à 40 000 les Africains subsahariens clandestins vivant au Maroc. Certains cherchent à atteindre l’Espagne, mais un nombre considérable y reste. Le Maroc se voit immanquablement renouvelé en terre d’accueil au lieu d’un lieu de passage.
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