Frederik Willem de Klerk, dernier président de la République Sud Africaine non démocratique, pendant le régime de l’Apartheid (1948-1997), a refusé de qualifier l’Apartheid de crime contre l’humanité en février de cette année 2020, et avait même comparé ce régime ségrégationniste au régime de la division des villes coloniales des anciennes colonies belge et britannique en Afrique.
Frederik de Klerk, dernier président sud africain sous le régime de l’Apartheid a reçu, avec Nelson Mandela, le prix Nobel de la paix en 1993 pour avoir mis fin officiellement à l’Apartheid. Après avoir été interrogé au cours d’une émission télévisée de son pays a savoir s’il était d’accord de considérer l’apartheid comme crime contre l’humanité, comme l’avait qualifié l’ONU, il a déclaré que : « Je ne suis pas entièrement d’accord. Mais je ne justifie absolument pas l’Apartheid, sous aucune condition ». Et lorsque le présentateur a rappelé que l’Apartheid avait « dévasté la vie de millions de Sud-Africains », l’ancien président a répliqué : « C’est vrai, et je m’en excuse profondément. Mais il y a une différence. L’Apartheid, par exemple, ne peut pas être comparé à un génocide ».
En d’autres termes, pour de Klerk, l’Apartheid ne peut être qualifié de crime contre l’humanité, parce que ce régime ségrégationniste n’avait pas, à l’image d’un génocide qui aurait eu pour but d’exterminer les Sud-Africains noirs, l’Apartheid se donnait plutôt comme mission de séparer deux communautés qui ont une couleur de peau différente. Cela étant dit, de Klerk foule sous les pieds tous les morts, assassinats de milliers de Sud-Africains noirs qui ont perdu la vie durant les quarante six années qu’a duré ce régime inhumain.
D’ailleurs, Frederik de Klerk est allé plus loin dans ses propos sur la question de l’Apartheid. Au cours d’une conférence d’un cercle de réflexion de l’Université d’Oxford dont la vidéo se retrouve sur YouTube, en faisant le parallèle entre l’Apartheid et le système colonial de divisions de villes au Congo belge et dans certaines colonies britanniques d’Afrique australe, système dans lequel, il existait des villes africaines et des villes européennes vivant séparées, au cours de cette interview, de Klerk annonce que l’Afrique du Sud n’était pas la première à appliquer l’Apartheid, car avant elle, la politique coloniale du roi Léopold II de Belgique au Congo belge et celle des anciennes colonies d’Afrique australe britanniques, appliquaient selon lui l’Apartheid.
de Klerk, il faut le dire, n’est pas à son premier propos controversé sur l’Apartheid. En 2012, il avait soulevé un tollé en justifiant l’Apartheid comme étant une bonne mesure d’harmonie, de convivialité entre deux communautés ayant des us et coutumes différents, en se servant de l’exemple malséant des Tchèques et Slovaques, en parlant et justifiant l’éclatement de l’ancienne Tchécoslovaquie.
En refusant de considérer l’Apartheid comme Crime contre l’humanité, sous prétexte qu’il n’avait pas pour but d’éliminer physiquement les Sud-Africains noirs pour construire une nation blanche, de Klerk fait le déni volontaire ou minimise l’importance des milliers de morts sud-africains durant ce régime ségrégationniste, comme le font tous les racistes qui justifient leurs actes, dans un manque de respect volontaire vis-à-vis des victimes.
Or la définition d’un crime contre l’humanité ne se mesure pas par un objectif d’emblée préétabli comme le nettoyage ethnique d’un peuple, mais plutôt par le nombre, la quantité des morts en masse, quels que soient les objectifs de l’acte qui a motivé ce massacre. Comme ce fut le cas avec la Traite Negrière transatlantique (XVe-XIX siècles) qui est un crime contre l’humanité, dont l’objectif d’emblée, était la vente des Noirs, ce qui a coûté la vie à des millions d’Africains et décimé plusieurs régions africaines en terme de démographie.
Cela étant dit, l’Apartheid qui a décimé des milliers de Sud-Africains noirs, un crime de masse, est bel et bien un CRIME CONTRE L’HUMANITÉ, quel que soit son objectif officiel brandi par ces dirigeants d’époque. D’ailleurs, le parti d’extrême gauche sud-africaine de Julius Malema, EFF ((Economic Freedom Fighters) les Combattants de Liberté Économique en français) et des milliers de Sud Africains, avaient vivement dénoncé et critiqué les propos de de Klerk, offensant ainsi la mémoire des victimes et mettant à mal le processus de réconciliation nationale déjà fragile entre Noirs et Blancs en Afrique du Sud. Julius Malema et ses députés avaient même demandé l’expulsion de de Klerk de l’hémicycle, au cours du discours sur l’État de la Nation du président sud-africain actuel. Ils parlaient de la présence d’un meurtrier dans la salle, ayant le sang des milliers de Sud-Africains noirs sur ses mains et le niant.
Même si, de Klerk tente de brandir le drapeau de « l’harmonie » entre les Peuples pour essayer de redorer son image personnelle et de sa communauté (les Sud-Africains blancs) mal vue pour être à l’origine d’une des pires tragédies de l’histoire contemporaine Africaine, tous les spécialistes sérieux (Historiens, sociologues, démographes, juristes, etc..) savent que l’Apartheid avait pour but de blanchir l’Afrique du Sud. Un nettoyage ethnique à compte-goutte était en cours, un génocide. Ne dit-on pas qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage?
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