La Guinée-Bissau s’est de nouveau invitée dans les rubriques sombres de l’actualité « made in Africa » la semaine écoulée à travers la prise en otage de son Premier ministre, Carlos Gomes Junior. Déjà fragilisé par la faiblesse de ses institutions depuis près de deux décennies, cet État ouest-africain grand producteur de l’anacarde montre à nouveau d’inquiétants signes du retour des vieux démons en kaki sur son sol…
Même dans le cadre du fonctionnement d’une République normale, l’arrestation pendant quelques heures d’un Premier ministre par une partie des cadres de l’armée est un acte attentatoire aux principes républicains. Dans un pays malade de ses institutions sur toute la ligne comme la Guinée-Bissau, l’acte précité prend alors une dimension particulière. Les mobiles de la brève arrestation de Gomes Junior tels qu’expliqués par les “mutins” de quelques heures sont tout simplement des ratiocinations.
En réalité, la nouvelle réapparition des hommes en treillis au-devant de la scène politique bissau-guinéenne relève tout simplement d’une libération déguisée de Bubo Nat Tchuto (ancien commandant en chef de la marine de ce pays) qui avait trouvé refuge auprès des Nations unies après avoir été soupçonné de tentative de coup d’Etat en 2008. Cette libération opérée par les hommes en kaki dans cette République qui est tout sauf bananière fait froid dans le dos dans la mesure où le commandant Tchuto est connu pour avoir été mêlé au narcotrafic qui bat son plein depuis plusieurs années dans cet archipel d’Afrique occidentale.
C’est dire que le retour sur la scène macabre de l’armée bissau-guinéenne de N. Tchuto opérée par un autre patron de la grande muette bissau-guinéenne, M. Indjai, ouvre une nouvelle ère d’instabilité chronique garantie pour cette terre pour laquelle s’est battu le défunt et célèbre indépendantiste africain Amilcar Cabral ! Même si les “nouveaux hommes forts » de la grande muette de ce territoire ont prêté allégeance devant les caméras à l’actuel président Malam Bacai Sanha.
Ce dernier est-il neutre ou a-t-il les bras liés dans ce combat feutré entre premiers responsables de l’armée bissau-guinéenne qui tourne autour de la question suivante : « Êtes-vous pour ou contre le narcotrafic sur notre territoire »? Rentré au pays début février 2010 après un traitement médical en France, le président Sanha semble ne pas avoir encore trouvé un remède efficace contre ce remue-ménage cyclique voulu par les soldats dans son pays !
De toute vraisemblance, la Guinée-Bissau a besoin de l’assistance étrangère pour curer ce type de commerce illicite néfaste au développement de son économie sur son sol. La pilule de cette cure sera difficile à faire avaler aux Bissau-Guinéens qui ont amassé des fortunes en aidant les trafiquants de drogue à faire passer leurs marchandises illégales de l’Amérique latine vers l’Europe. Au grand dam de la pauvreté de la majeure partie de la population dont l’avenir oscille continuellement entre guerres de clans, négociations politiques, élections…
Ancienne colonie portugaise de 36.125 km² et d’un peu plus de 1 million d’habitants, la Guinée-Bissau est formée par un archipel comprenant 88 îles (les « Bissagos »). Une géographie qui sert donc de nids à des activités subversives de narcotrafiquants latino-américains avec le soutien d’hommes liges locaux.
Pays sorti d’une décennie de violences politiques à la faveur de l’élection présidentielle crédible de l’année dernière qui a porté au pouvoir Malam Bacai Sanha (après l’assassinat sauvage du président « Nino »), la Guinée-Bissau n’a besoin que d’une seule chose à l’heure actuelle : la continuité dans les affaires de la cité. Pour non seulement “kärscheriser” sur son territoire les bastions de cartels de la drogue, mais aussi prendre définitivement ses marques dans la course vers un développement harmonieux.
L’entrée de la drogue en Afrique de l’Ouest par la Guinée-Bissau menace par ailleurs les 14 autres Républiques qui s’y trouvent plus la Mauritanie. L’Ua (Union africaine) et la Cedeao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) ont pris la mesure de cette menace et des corollaires de l’instabilité chronique de cet État sur la zone géographique dans laquelle il se trouve, en dépêchant urgemment leurs patrons au chevet du malade bissau-guinéen.
Reste à savoir si le patient va pour une fois s’attacher à respecter les doses de l’ordonnance diplomatique prescrite par ces deux organisations sous-régionale et panafricaine…
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