Qui a dit que les Africains ne sont pas prêts à communier ensemble en dépit de leurs diverses divergences? « Les États-Unis d’Afrique » dont l’avènement est clamé à cor et à cri par le Guide libyen Mouammar Khadafi ont été une réalité, fût-elle éphémère, durant le Mondial 2010. Contrairement à la lecture politique qui veut que le débat sur l’unité de l’Afrique soit constamment reporté au nom des intérêts nombrilistes des dirigeants d’Afrique, le bas peuple de ce continent a montré qu’il pouvait afficher son unité devant la défense de ses intérêts communs et d’une importance capitale.
Que les défenseurs à tous crins du néocolonialisme sur le continent noir le comprennent : malgré le continuel « oui » que leur disent la plupart des dirigeants africains pour piller les immenses ressources d’Afrique, les Africains lambdas sont disposés à leur opposer des « non » (indéfinis ou occasionnels), et ils ne guettent que les occasions propices pour se faire entendre. Les fréquentes expulsions de ressortissants subsahariens au Maghreb et que couvrent à cœur joie les médias du Nord ont renforcé les clichés selon lesquels l’Afrique noire et blanche étaient diamétralement opposées.
Pourtant, durant le Mondial en cours, les Africains n’ont pas tablé sur ces relents de couleur de peau pour apporter leurs soutiens indéfectibles et variés à leurs ambassadeurs dans cette compétition. Au-delà de l’appui de leurs habituels partisans, c’est plutôt à un soutien panafricain que les Algériens, Camerounais, Nigérians, Ivoiriens, Sud-Africains et Ghanéens ont eu droit.
Cette communion à l’échelle du continent des irréductibles du football a pris une toute autre ampleur lorsque les Black Stars du Ghana se sont retrouvés dans la position de seule équipe africaine encore en lice. Du Cap-Vert au Golfe d’Aden, de Tunis au Cap, on s’est mis dans la peau d’un Ghanéen quand les Black Stars ont affronté et dominé les Américains en 8e de finale. Et surtout quand les quadruples champions d’Afrique devaient croiser les crampons avec les Uruguayens en ¼ de finale pour une éventuelle et « historique place » en demi-finale. D’aucuns verraient en cette subite mobilisation des populations africaines en faveur d’un « État frère » une simple illustration de la folie du ballon rond qui s’empare de la Terre tous les quatre ans, à la faveur du Mondial ! Et qui a pris un goût particulier sur le continent le plus pauvre de la planète, car c’est la première fois qu’il abrite un Mondial…
Erreur; déjà en 2009, lors de la première Coupe des Confédérations organisée en terre africaine, c’est un milliard d’âmes qui s’est réjoui des prouesses étalées par les Pharaons d’Égypte durant cette Coupe, en battant entre autres le champion du monde en titre, l’Italie, malgré sa pléthore de vedettes. Par ailleurs, l’Afrique ne s’est pas empêchée de montrer, aux yeux du monde, sa capacité à fédérer ses forces pour soutenir une bonne initiative en cours de réalisation. Il suffit de se plonger dans les archives des années 90 et 2002 pour s’en apercevoir. Quand les Camerounais et Sénégalais ont chauffé à blanc la fierté africaine en atteignant le cap des quarts de finale d’un Mondial. Comment ne pas rappeler dans ce lot de souvenirs qui montrent une Afrique gagnante la bonne prestation couronnée par une victoire des Nigérians en finale du tournoi olympique des Jeux Atlanta 1996 (aux États-Unis d’Amérique)? À la faveur de cette première dans l’histoire sportive de l’Afrique, l’exécutif nigérian de l’époque avait reçu des félicitations provenant des quatre coins du continent berceau de l’humanité. La posture sus-décrite de l’Afrique dans le domaine sportif n’est qu’une juste récompense pour les pères fondateurs de la CAF (Confédération Africaine de Football) qui a vanté l’unité en posant les premières pierres de cette Confédération en 1957 ; bien avant la création de la défunte OUA (Organisation de l’Unité Africaine) en 1963.
La construction des « États-Unis d’Afrique » sera à coup sûr un plébiscite de tous les jours, mais les peuples d’Afrique, à la faveur de la participation de leur continent au Mondial 2010, ont montré qu’ils sont capables de gageures, pourvu qu’on leur en donne les moyens… Surtout d’avoir la possibilité de s’offrir au moment opportun les bons dirigeants qui nourrissent des ambitions pour le continent le plus pauvre du monde et sa diaspora répandue aux confins de la Terre.
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