Le blanchiment de la peau est un sujet qui soulève les passions. Cette question est étroitement liée à l’identité individuelle, l’estime de soi, la suprématie blanche et le colonialisme.
Certains ingrédients actifs dans les produits utilisés pour le blanchiment de la peau ont des effets négatifs, voire dangereux, sur la santé. De nombreux pays interdisent la vente des produits contenant de l’arsenic, du mercure ou de l’hydroquinone, d’autres en limitent l’accès par prescription médicale, parce qu’ils sont susceptibles de causer des déformations de la peau, la leucémie, ainsi que tous les maux associés à l’hydrargyrisme (empoisonnement au mercure). Malgré cela, le blanchiment de la peau est une tendance grandissante mondialement. Le marché pour les produits topiques éclaircissant croît à un rythme de 18 % par année en Inde et également dans les pays arabes, africains et des caraïbes.
Vestige du Colonialisme
Étrangement, les femmes blanches dépensent des sommes astronomiques pour être bronzées, tandis que les femmes à la peau noire sont prêtes à tout pour se blanchir la peau. Pour plusieurs, le phénomène de blanchiment de la peau remonte au temps de l’esclavagisme et de la colonisation, quand avoir la peau blanche était préférable. Aux États-Unis, la pratique de blanchir la peau date des années 1800.
Les femmes de teint clair s’éclaircissaient la peau afin de passer pour blanches afin d’accéder à des privilèges exclusifs à la classe des blancs. En Afrique du Sud, où ils ont vécu l’apartheid, plus claire était la peau, plus intéressantes étaient les opportunités.
La peau blanche demeure un symbole de supériorité dans plusieurs sociétés africaines et antillaises. Les gens à la peau claire sont considérés comme plus riches et plus beaux. Quant à la peau foncée, elle a une connotation de travailleurs de champs, de gens moins éduqués. On peut reculer aussi loin qu’aux 1700 afin de saisir à quel point l’idée est implantée dans nos sociétés. Carl Von Linné, médecin et botaniste suédois, publie en 1735 (réédité en 1758) un ouvrage classant les races en quatre grands groupes basés sur la couleur de peau. Chaque « race » possédait certaines caractéristiques que Linné considérait comme endémiques pour les individus qui la représentaient.
Les Indiens d’Amérique seraient colériques, rouge de peau, francs, enthousiastes et combatifs; les Africains flegmatiques, noirs de peau, lents, placides et négligents; les Asiatiques mélancoliques, jaunes de peau, rigides, sévères et avaricieux; les Européens (blancs) seraient quant à eux sanguins et pâles, musclés, rapides, astucieux et inventifs. On comprendra que cette idéologie (pourtant raciste) justifiait l’essence même de l’esclavagisme.
Standard de beauté
La commercialisation des crèmes et lotions blanchissantes n’est pas que dirigée vers les femmes des communautés noires, mais aussi envers d’autres races. Les standards de beauté étant différents d’une culture à une autre, le statut associé au teint de la peau est propre à chacune d’entre elles. En 2006, une étude de marché asiatique a déterminé que 40 % des femmes à Hong Kong, en Malaisie, aux Philippines, en Corée du Sud et à Taiwan utilisaient une crème de beauté éclaircissante. Au risque de me répéter, pour différentes cultures influencées par l’impérialisme colonial européen une peau claire représente un canon de beauté. Dans l’industrie de la mode, aussi, le teint plus clair reste ce qui a de plus souhaitable, comme l’en démontre le documentaire La Couleur de la beauté réalisé par Elizabeth St. Philip.
Les hommes n’y échappent pas. Particulièrement en Inde, où ils se procurent les crèmes blanchissantes afin de pouvoir se trouver une épouse. Les Indiens croient que pour être beaux, ils doivent être blancs. Cette hantise de la couleur est alimentée par des campagnes de publicité des groupes cosmétiques, dont certaines ont été accusées de soutenir les stéréotypes liés à la race, à la caste et au sexe. On se souviendra du Roi de la Pop, Micheal Jackson, qui
proclamait souffrir de vitiligo, une maladie de l’épiderme qui se caractérise par des taches blanches qui apparaissent et s’étendent sur la peau. Toutefois, plusieurs croient qu’il a intentionnellement subi des traitements cliniques afin de blanchir sa peau. Certains argumentent aussi que Michael Jackson n’était pas confortable avec son héritage africain.
La publicité
Au 20e siècle, la commercialisation des produits d’éclaircissement de la peau est associée implicitement à l’infériorité des personnes à peau non blanche. La publicité vise à déprécier l’image des personnes d’ascendance africaine. Les premières publicités de savon promouvaient des idées racistes par le blanchiment de la peau noire. Celles d’aujourd’hui vendent la peau blanche comme symbole de pureté, de beauté, de statut social et de succès financier.
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