La spiritualité est une expérience intime, un marathon plutôt qu’un sprint, un des rares chemins où la route est autant importante que la destination.
La spiritualité est propre à un peuple, avec son repère de pensée et ses représentations divines.
De ces éléments, et avec un consensus au sein de sa communauté, l’être spirituel rassemble les bases de ce qui constitue sa religion.
S’il y a tant de religions, c’est parce qu’il y a tant de peuples. Les Luba du Congo appellent Maweja Nangila l’être suprême que les Maures de Mauritanie appellent Allah.
Dans la tradition de certaines collectivités du bassin du Congo, « Nganga », un mot en lingala, signifiait connaisseur, voyant, guérisseur. J’écris « signifiait », car le nom a hérité d’un équivalent de plus depuis le contact avec les colonisateurs. En effet, aujourd’hui, Nganga signifie aussi « sorcier ». Même que ce dernier synonyme a pris le dessus sur tous les autres.
Pourtant, d’un regard étymologique, le terme Nganga n’a aucune racine de sorcellerie. En fait, Nga signifie Moi, Nganga veut donc littéralement dire « MoiMoi ». Une représentation pour désigner le moi intérieur, le moi supérieur, le moi spirituel. Le Nganga était donc celui censé avoir une connaissance profonde de son âme, d’où son rôle de guérisseur parmi les siens.
D’ailleurs, la traduction lingala de médecin est « Monganga », dont Nganga en est la radicale et qui signifie fidèlement : celui qui est « MoiMoi », que l’on peut interpréter par celui qui est guérisseur.
Le Nganga d’antan pratiquait le Nkisi, un exercice mystique afin d’opérer ses visiteurs. De nos jours, Nkisi est associé au mot fétiche. Parce que le lingala compte plusieurs mots polysémiques, curieusement, Nkisi veut aussi dire médicament. Ce qui nous renvoie encore une fois à la posture du Docteur.
Ce qui est encore plus étonnant est de retrouver la notion de Nganga en plein cœur du Rastafarisme. Le Rastafarisme, une religion issue de la Jamaïque, prophétisée par Marcus Garvey au début du 20e siècle et galvanisée par Bob Marley près de 50 ans plus tard.
Les croyants de Ras Tafari suivent trois concepts fondamentaux, et une de ces trois doctrines est l’« I and I » (Moi et Moi). Force est de constater qu’ « I and I » n’est que la version anglophone de Nganga. Les « Rastas » définissent l’ « I and I » comme étant « Jah (Dieu) est en chacun ».
Le Rastafarisme n’a pas fait de copier-coller sur la tradition congolaise, il a découvert ce principe grâce à sa propre inspiration spirituelle.
Il est frappant de voir qu’à des siècles d’intervalles, dans des environnements bien différents, deux communautés arrivent exactement à la même conception de l’esprit.
Il y a là, sans l’ombre d’un doute, entre la tradition congolaise et le Rastafarisme, une connexion spirituelle.
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