Le 12 mars, il annonce la fondation de sa propre organisation religieuse, « The Muslim mosque inc. ». Le 13 avril 1964, Malcolm X part de l’Aéroport international John-F.-Kennedy pour faire le pèlerinage à La Mecque (le hajj) dont il revient sous le nom musulman de Malik El-Shabazz. Son épouse et ses filles prennent alors le nom de famille de Shabazz. Il devient sunnite et désavoue publiquement le racisme; il se rend également dans divers pays d’Afrique et du Moyen-Orient.
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Il condamne le racisme anti-blanc de Nation of Islam. Il écrit ainsi à propos de son pèlerinage :
« Il y avait des dizaines de milliers de pèlerins, de partout dans le monde. Ils étaient de toutes les couleurs, des blonds aux yeux bleus aux Africains à la peau noire. Mais nous étions tous les participants d’un même rituel, montrant un esprit d’unité et de fraternité que mes expériences en Amérique m’avaient mené à croire ne jamais pouvoir exister entre les blancs et les non-blancs. L’Amérique doit comprendre l’islam, parce que c’est la seule religion qui efface de sa société le problème des races. »
Mais Malcolm X reste fidèle à une action tournée de façon privilégiée vers le peuple noir. Il refuse aussi de condamner la violence des opprimés, et a des paroles assez dures pour les tenants de la non-violence, qu’il accuse d’encourager à la soumission. C’est ainsi le cas dans son célèbre discours du 3 mai 1964, peu après son retour de la Mecque, The Ballot or the Bullet, où il menace de recourir à la violence. Toutefois, elle sera usée uniquement comme autodéfense et réponse à une autre violence (celle des White citizen councils et du ku klux klan notamment), à une injustice que ni la police, ni le gouvernement ne veulent régler et souvent même créent. Il traite certains politiciens blancs du terme antiblanc de crackers . Dans le même discours, il déclare :
« Si l’homme blanc ne veut pas que nous soyons contre lui, qu’il cesse de nous opprimer, de nous exploiter et de nous dégrader. Que nous (les noirs) soyons chrétiens, ou musulmans, ou nationalistes, ou agnostiques, ou athées, nous devons d’abord apprendre à oublier nos différences. […] Nous allons être forcés d’employer le vote ou la balle. […] Je ne me considère même pas comme un Américain. Je ne suis pas un Américain. Je suis l’une de vingt-deux millions de personnes noires qui sont les victimes de l’américanisme […] Il y aura des cocktails Molotov ce mois-ci, des grenades à main le mois prochain, et autre chose le mois suivant. […] Ce sera la liberté, ou ce sera la mort. C’est la liberté pour tous ou liberté pour personne »
Malcolm X joue un rôle important dans la conversion du boxeur Cassius Clay, qui rejoint officiellement Nation of Islam en 1964, et change son nom pour celui de Cassius X, en l’honneur de Malcolm. Cette conversion a lieu à un moment où Malcolm X n’est pas en bons termes avec son organisation. Clay prendra ensuite le nom de Muhammad Ali, et critiquera X pour sa rupture avec Elijah Muhammad, avant de suivre son exemple et de rallier à son tour l’islam sunnite.
Moins d’un an après la fondation de sa propre organisation religieuse, le premier jour de la National Brotherhood Week (semaine nationale de la fraternité), il est assassiné à New York. Trois membres de Nation of Islam sont condamnés pour ce crime (l’un d’eux ayant avoué).
Trois membres de Nation of Islam seront reconnus coupables en 1966 : Norman 3X Butler, Thomas 15X Johnson et Talmadge Hayer. L’organisation elle-même niera toute participation à l’assassinat. « Betty Shabazz [l’épouse de Malcolm X], qui est morte en 1997, a publiquement accusé Farrakhan d’un rôle dans le meurtre ». Celui-ci a admis au début 2007 : « j’ai pu être complice en paroles », tout en niant une implication directe de l’organisation.
En mourant, ses idées ne disparaissent pas avec lui. Elles furent reprises par des groupes (Black Panthers), des populations (Soweto), des pays (le Burkina Faso de Thomas Sankara) soucieux de plus d’équité et de justice sociales. Plus qu’un défenseur des droits civiques, Malcolm était un défenseur des Droits Humains, ceux que l’on se doit de défendre « par tous les moyens nécessaires ». C’était un révolutionnaire qui s’inscrivait comme Ernesto « Che » Guevara (qu’il a rencontré, respecté et qualifié « du plus grand révolutionnaire qui soit »), dans la lutte contre un système impérialiste (cf discours : « Montrez moi le capitaliste, je vous montrerai le vautour »). Par sa verve et son talent oratoire mais aussi par l’action civique (campagne pour l’inscription des Afro-américains aux listes électorales), il participa grandement à l’amélioration de la condition des « Noirs d’Amérique ». Conscient de l’image que ses détracteurs voulaient laisser de lui, il prédit dans son autobiographie : » après ma mort, ils feront de moi un raciste, quelqu’un de colérique qui inspire la peur… Je ne suis pas raciste. Je ne crois en aucune forme de ségrégation. Le concept du racisme m’est étranger. Je n’apprécie pas tous ces mots en « ism(e) » »
httpv://www.youtube.com/watch?v=t1InFacWp4Y&feature=related
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