Environ deux tiers des personnes tuées dans la guerre civile qui a sévi en Côte-d’Ivoire l’an dernier ont été sommairement exécutés, certains par des combattants qui soutiennent le président actuel, selon une enquête commandée par le gouvernement ivoirien d’Alassane Dramane Ouattara.
Toutefois, le rapport de 34 pages qui devrait être la version qui sera rendue publique reste muet sur les noms de ceux qui sont soupçonnés d’avoir été directement responsables de ces crimes. L’enquête ouvre la voie aux poursuites des acteurs qui se retrouvent dans les deux camps et symbolise une étape importante vers la guérison des divisions du pays ouest-africain.
Laurent Gbagbo est actuellement en attente de son procès à La Haye devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, et la plupart de ses alliés politiques et militaires sont en détention en Côte d’Ivoire ou partirent en exil.
La commission nationale d’enquête a enquêté sur les violences entre octobre 2010 et mai 2011 et les crimes catalogués sont l’assassinat, le viol, la torture, les disparitions et les attaques sur les populations civiles.
Le rapport qui n’a pas encore été publié démontre que, parmi les 3,248 victimes reconnues, 2,241 cas représentent des personnes sommairement exécutées pour des raisons apparemment politiques et/ou ethniques.
Souvenez-vous, les combats ont éclaté après le président d’alors, Laurent Gbagbo ait rejeté la victoire d’Alassane Ouattara dans l’élection couteuse de 2010, qui a littéralement divisé en deux la Côte-d’Ivoire, premier producteur mondial de cacao.
La commission a constaté que 1009 de ces exécutions ont été commises par les forces pro-Gbagbo, par l’intermédiaire de l’armée, des milices irrégulières qu’il a financées et des mercenaires libériens qui ont été recrutés pour combattre dans sa cause.
Suite à près de 16.000 entretiens, les enquêteurs ont conclu que les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), la force pro-Ouattara créée le 17 mars 2011, ont reçu le soutien des Casques bleus des Nations Unies et de l’armée française. Un total 545 exécutions leur revient.
Quelque 200 personnes ont été tuées par les dozos, une confrérie plus ou moins secrète de chasseurs traditionnels africains. Ils ont supporté Alassane Ouattara et combattu aux côtés des FRCI. Le reste des exécutions documentées ont été attribuées à des combattants aux affiliations inconnues. Les crimes commis par les forces pro-Ouattara ont été bien documentés aussi bien par les ONG internationales de droits de l’Homme et par les journalistes qui se sont intéressés au conflit (postélectoral Ivoirien).
Les deux parties ont commis des actes qui constituent vraisemblablement des crimes de guerre et crimes contre l’humanité, selon le rapport. Il ne précise cependant pas si les exécutions avaient pour cible des militaires ou des civils.
Ouattara, aujourd’hui président, a été accusé, par quelques groupes des droits, d’administrer une justice du vainqueur en arrêtant plus de 100 partisans de M. Gbagbo et aucun des siens. À plusieurs reprises, il a assuré qu’il allait attendre les conclusions de la commission avant de soutenir de nouvelles poursuites.
Les analystes disent que les tentatives de poursuivre les agents des FRCI, dont beaucoup occupent aujourd’hui des postes supérieurs dans l’armée, serait un processus délicat et pourrait risquer une déstabilisation plus critique de l’armée déjà profondément divisé.
Cette semaine seulement au moins 10 soldats ont été tués dans des raids sur des installations militaires et policières dans les alentours d’Abidjan, la capitale économique, suscitant des craintes qu’une nouvelle l’instabilité puisse surgir et menacer la pseudo paix de l’après-guerre.
Le gouvernement a pointé du doigt les loyalistes de Laurent Gbagbo pour les attaques et a annoncé mercredi qu’elle avait arrêté 11 hommes, y compris du personnel de l’armée de service, qui aurait été impliqué dans la planification et l’exécution des raids. Les alliés politiques de l’ancien président ont formellement rejeté les accusations.
Le vendredi 10 aout, la Ligue Ivoirienne des Droits de l’Homme (LIDHO) proposait au Centre de Recherche et d’Action pour la Paix (CERAP) son propre rapport qui conclus avec trois solutions pour réussir la réconciliation: « la libération des prisonniers politiques , l’établissement du dialogue social et le retour des exilés ».
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