À l’instar de milliers d’autres Canadiens, au cours de la Première Guerre mondiale, de jeunes Noirs voulaient servir leur pays. Mais la plupart des unités militaires canadiennes n’étaient pas prêtes à les accepter. Finalement, le 5 juillet 1916, on mit sur pied le 2e Bataillon de construction de Pictou, Nouvelle-Écosse, le premier bataillon noir de l’histoire du Canada.
On sait et on a écrit peu de choses au sujet de l’héritage militaire des Noirs du Canada. Les Noirs canadiens ont pourtant une longue et honorable tradition de patriotisme, de sacrifice et d’héroïsme dans les forces armées britanniques, canadiennes et américaines.
À partir de la Révolution américaine (1775-1783) jusqu’à la guerre de Corée (1950-1953), les Noirs ont combattu et ont donné leur vie pour la cause de la liberté. Pendant la guerre révolutionnaire, la Couronne britannique encouragea les esclaves à abandonner leurs maîtres rebelles et à se joindre aux lignes britanniques. Des milliers de Noirs répondirent à l’appel et saisirent l’occasion de s’échapper du joug de l’esclavage. Au cours de la guerre américano-britannique de 1812, les Noirs aidèrent à défendre le Haut-Canada contre les attaques américaines.
De nombreux volontaires de Niagara formèrent la Compagnie des hommes de couleur, une unité ségréguée dirigée par des officiers blancs. Les unités militaires noires ont joué un rôle important pour maîtriser la rébellion du Haut-Canada (1837-1839). Cinq compagnies de soldats noirs prirent part à des incidents déterminants de la guerre. Au cours des années 1850, les Noirs commencèrent à recevoir des honneurs militaires pour bravoure. William Edward Hall – un marin de Horton’s Bluff en Nouvelle-Écosse – fut le premier marin noir néo-écossais à recevoir la Croix de Victoria, la plus haute décoration pour bravoure de l’Empire.
En 1860, avant la Guerre civile américaine, environ 600 Noirs quittèrent la Californie pour le Canada dans l’espoir d’échapper à la persécution raciale. Ils s’établirent dans la colonie de l’île de Vancouver. Après s’être vus refuser le droit de se joindre à la brigade des volontaires, ils décidèrent de mettre sur pied une force militaire de volontaires, le Victoria Pioneer Rifle Corps. L’unité devint la première force militaire autorisée dans l’Ouest du Canada. Quelques décennies plus tard, au cours de la guerre des Boërs (1899-1902), un petit groupe de Noirs servirent dans le Contingent canadien.
Au début de la Première Guerre mondiale, on refusait d’enrôler les Noirs canadiens. Pourtant, pour de nombreux Noirs canadiens, le service militaire n’était pas seulement un droit, mais une responsabilité. Ils n’étaient pas prêts à accepter une politique qui les excluait pour des motifs raciaux. En raison des pressions persistances, les militaires canadiens finirent par autoriser le recrutement en vue de constituer une unité de travail non combattante entièrement composée de Noirs.
Le recrutement se tint partout au Canada, mais la majorité des recrues venaient des Maritimes, notamment de la Nouvelle-Écosse. Quelque 605 hommes furent acceptés dans le bataillon, dont 19 officiers. Le 28 mars 1917, les hommes du bataillon s’embarquèrent à bord du SS Southland pour Liverpool, en Angleterre. Ils arrivèrent en France, puis se joignirent à l’Unité du Corps forestier canadien. Leur commandant était le ltcol D.H. Sutherland, de River John, Nouvelle-Écosse, et l’hon. capt William A. White était leur aumônier. White fut le seul officier commissionné noir des Forces britanniques, au cours de la Première Guerre mondiale.
Cette unité s’est distinguée en France; elle a assuré la fourniture du bois de construction pour l’entretien des tranchées sur la ligne de front. Certains de ses membres sont ensuite passés dans des unités combattantes. Il s’agit de héros obscurs et méconnus comme James Grant, de St. Catharines, en Ontario, qui a reçu la Croix militaire en 1918; de Roy Fells, de Yarmouth, en Nouvelle-Écosse, qui a reçu la Médaille militaire tandis qu’il servait au sein du célèbre 25e Bataillon de Nouvelle-Écosse; de Curly Christian, un soldat noir, qui a eu la triste distinction d’être le seul amputé des quatre membres à survivre à la guerre. Il était présent lorsqu’on a procédé au dévoilement du Monument commémoratif de la crête de Vimy, en 1936; de Jeremiah Jones, de Truro, en Nouvelle-Écosse, qui a traversé le champ de bataille de la crête de Vimy pour s’emparer d’un nid de mitrailleuses ennemies.
Le bataillon a été dissous en 1920 et semblait destiné à sombrer dans l’oubli, sans jamais mériter une mention dans les livres d’histoire. Toutefois, les anciens combattants de l’unité et leurs familles n’ont pas oublié. En 1932, Calvin W. Ruck, travailleur social et fonctionnaire, de Sydney, a aidé à organiser des retrouvailles pour les anciens de l’unité. M. Ruck a publié quatre ans plus tard un livre intitulé Canada’s Black Batallion, qui retrace l’histoire de l’unité.
En 1987, M. Ruck s’est adressé au maire de Pictou et a suggéré que le Market Wharf reçoive la reconnaissance qui lui était due pour son rôle dans l’histoire du Canada. Quatre ans plus tard, le conseil municipal de Pictou l’a déclaré lieu historique municipal. Ensuite, le conseil de Pictou et le Centre culturel noir de Nouvelle-Écosse ont uni leurs efforts pour que le Market Wharf et le bataillon soient reconnus au niveau national. Ces démarches ont été fructueuses et, en 1993, la Commission des lieux et monuments historiques a fait part de sa décision de reconnaître le Market Wharf pour son rôle de quartier général du 2e Bataillon de construction.
source: www.veterans.gc.ca
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