Joséphine Baker, née Freda Josephine McDonald le 3 juin 1906 à Saint-Louis, Missouri, et décédée le 12 avril 1975 à Paris, est une célèbre chanteuse, danseuse et meneuse de revue. D’origine métissée afro-américaine et amérindienne des Appalaches, elle est souvent considérée comme la première star noire. Elle prend la nationalité française en 1937, et pendant la Seconde Guerre mondiale joue un rôle important dans la résistance à l’occupant. Elle utilisera ensuite sa grande popularité dans la lutte contre le racisme, et pour l’émancipation des Noirs, en particulier en soutenant le Civil Rights Movement de Martin Luther King.
Ses parents, Carrie McDonald et Eddie Carson, se séparent rapidement et sa mère se remarie avec Arthur Martin, dont Joséphine prend le nom. Elle passe une partie de son enfance à alterner entre l’école et les travaux domestiques pour des gens aisés chez qui sa mère l’envoie travailler. Joséphine quitte l’école en 1920 pour se marier avec Willie Wells. Lui et Joséphine, alors âgée de 13 ans, vivent dans la maison des Martin.
Lorsque son mariage prend fin quelques mois plus tard, Joséphine, qui danse depuis qu’elle est toute petite, rejoint un trio d’artistes de rue appelé le Jones Family Band, qui est ensuite intégré dans la troupe itinérante des Dixie Steppers. C’est au moment où leur tournée s’arrête à Philadelphie que Joséphine fait la rencontre de Willie Baker, qu’elle épouse en 1921 et avec qui elle s’installe. Pour gagner sa vie, elle danse au Standard Theater, où elle gagne 10 dollars par semaine.
Joséphine voit grand, et l’envie de danser à Broadway la pousse, âgée d’à peine 16 ans, à quitter son second mari pour aller tenter sa chance à New York. Joséphine ne perd pas de temps et se présente au Music Hall de Broadway, sur la 63e rue. Là, elle essuie plusieurs refus de la part du directeur avant d’enfin se voir offrir un rôle sommaire. Elle joint donc la troupe de la comédie musicale Shuffle Along, un spectacle populaire à la distribution entièrement noire. Au bout de 2 ans de tournée, elle change d’allégeance et s’associe aux Chocolate Dandies, qu’elle quitte à leur tour pour entrer au Plantation Club, où elle fait la rencontre de Caroline Dudley Regan. Cette mondaine, épouse de l’attaché commercial de l’ambassade américaine à Paris Donald Regan, voit en Joséphine un grand potentiel. Elle lui offre donc un salaire de 250 dollars par semaine si celle-ci accepte de la suivre en France, où Regan veut monter un spectacle dont Joséphine sera la vedette et qui fera d’elle une star: la Revue Nègre.
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Le 25 septembre 1925, le Berengaria, bateau sur lequel Joséphine a effectué la traversée, arrive au port de Cherbourg. Le temps de se rendre à Paris et très vite, les répétitions commencent. Le 2 octobre 1925, elle passe en première partie dans la Revue nègre au Théâtre des Champs-Elysées. Vêtue d’un simple pagne de bananes, elle danse avec une furie suggestive sur un rythme de charleston — une musique alors encore inconnue en Europe — l’interprétation d’un tableau baptisé La Danse sauvage. Le scandale fait rapidement place à l’engouement général. Joséphine devient l’égérie des cubistes qui vénèrent son style et ses formes, et suscite l’enthousiasme des Parisiens pour le jazz et les musiques noires. À cette époque, elle rencontre Georges Simenon, engagé comme secrétaire. Malgré le succès réservé à Joséphine Baker, la Revue nègre s’inscrit davantage dans la vision coloniale du monde noir et de l’Afrique qu’a la France de l’époque : sans malveillance mais condescendante. Il est cependant juste d’affirmer que ce personnage de la sauvageonne, aussi réducteur soit-il, a permis de faire de Joséphine Baker la pionnière de ce qui est qualifié par certain comme une Renaissance Nègre basée sur un mélange de jazz, de dadaïsme, d’art nègre et de cubisme.
Après une tournée en Europe, Joséphine Baker mène la revue des Folies Bergère de 1927 accompagnée d’un léopard, dont l’humeur fantasque terrorise l’orchestre et fait frémir le public.
En 1927, la jeune star se lance dans la chanson. En 1931, elle remporte un succès inoubliable avec la chanson J’ai deux amours composée par Vincent Scotto. Sa tournée de 1936 aux États-Unis ne rencontre pas non plus la réussite escomptée. L’Amérique est sceptique et certains lui reprochent de parler parfois en français, ou en anglais avec un accent français. Elle rentre en France et acquiert la nationalité française en 1937 en épousant un Français. Joséphine Baker s’est convertie au judaïsme lors de son mariage avec l’industriel Jean Lion en 1937.
Avec Jo Bouillon, qu’elle épouse en 1947, elle achète le domaine des Milandes en Dordogne. Elle y accueille les enfants de toutes origines qu’elle a adoptés et qu’elle appelle sa « tribu arc-en-ciel ». Dans ce domaine où elle emploie un personnel nombreux, elle engloutit toute sa fortune et multiplie les concerts pour poursuivre son œuvre.
En 1955, elle amplifie en Europe la vague d’indignation soulevée par le meurtre du jeune afro-américain Emmet Till aux Etats-Unis, suivi de l’acquittement des deux assassins, puis de leurs aveux cyniques après le jugement, une fois qu’ils sont assurés de l’impunité . Elle participe en 1963 à la Marche vers Washington pour le travail et la liberté organisée par Martin Luther King. À cette époque, elle est engagée depuis un moment dans l’action de la LICA, une association internationale luttant contre le racisme et l’antisémitisme.
En juin 1964, Joséphine Baker lance un appel pour sauver sa propriété de Dordogne dans laquelle elle avait recueilli tous ses enfants. Émue et bouleversée par la détresse de cette femme, Brigitte Bardot participe immédiatement à son sauvetage en lui envoyant un chèque important. La princesse Grace de Monaco, amie de la chanteuse, lui offre également un logement pour le reste de sa vie et l’invite à Monaco.
Joséphine Baker meurt des suites d’une hémorragie cérébrale le samedi 12 avril. Joséphine reçut des funérailles catholiques le 15 avril 1975 à l’église de la Madeleine, à Paris.
Bien qu’initialement, Joséphine Baker ait été perçue comme une sensation exotique elle a su se forger une solide réputation dans les hautes sphères de la société parisienne, pour qui elle en vint à incarner le personnage d’une Vénus d’Ébène. En femme intelligente, Joséphine Baker a su se servir de cette image et la manipuler à sa guise, façonnant elle-même son personnage public et définissant son avenir à sa façon.
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