Au Canada, la province de l’Alberta est connue pour être un vaste étendu plat situé dans les provinces centrales. Des plaines a perte de vue peuplée originellement par des Amérindiens puis par des cowboys Blancs chevauchant librement leurs montures. Il est difficile de concevoir qu’en fin du 19e siècle, qu’un cowboy Noir s’est imposé dans cette province homogène. Ce Noir a marqué son temps, ses légendes de façon définitive. Son nom est John Ware.
L’époque de John Ware coïncide avec la période des cowboys qu’ont glorifiés les films hollywoodiens des années 1980.
Né esclave en 1845 dans l’État de la Caroline du Sud dans une plantation de cotons aux États-Unis, John Ware expérimente très tôt la rudesse de la vie. C’est peut-être cette dureté qui le rendit si robuste, si fort. On pense qu’il aurait grandi au Texas, sans en être certain, car la précarité de la vie, en particulier chez les Noirs asservis ne portait pas à documenter leurs existences.
Tout de même, vers 1865 il acquit sa liberté par la Proclamation d’émancipation après un dur labeur dans les fermes d’élevages texanes. De grande stature John Ware est un naturel.
En 1882 John Ware est embauché pour apporter trois mille têtes de bétail des États-Unis vers ce qui allait devenir la province de l’Alberta. Lors de son arrivée dans la ville de Calgary, le gaillard trouve du boulot au Bar U Ranch aujourd’hui devenu un lieu historique national. Peu de temps après, le cowboy Noir crée son propre ranch en 1890 près de la Red Deer River avec sa femme Mildred Lewis de qui il aura cinq enfants.
Les histoires sur John Ware sont dignes de plus extraordinaires légendes du far ouest. On dit qu’il pouvait s’en prendre à un bouvillon, une bête tout en muscle qui par seulement son allure fait fuir celui qui tient à la vie, lutter avec elle à mains nues jusqu’à la jeter sur le dos. Comme tout héros populaire, il y a un large éventail d’histoires sur sa capacité à manger, chevaucher, de tirer du fusil. L’histoire court qu’il aurait popularisé la maîtrise de bouvillon, une épreuve de rodéo dans lequel un cavalier poursuit un bouvillon se lance sur l’animal, tourne ses cornes pour amener le jeune boeuf en puissance à se soumettre. Cette épreuve deviendra un point culminant du Stampede de Calgary, est un festival, un rodéo gigantesque qui a lieu à Calgary, chaque mois de juillet.
Mais ce qui est clair est que ce colosse à la force herculéenne a su s’imposer positivement dans une société dominée jalousement par des Blancs qui ne manquaient pas d’inférioriser John. Les Amérindiens le surnommait , « Matoxy Sex Apee Quin » (Méchant Homme Noir Blanc) tandis qu’amis et voisins Blancs l’appelaient « Nigger John »!
« Nigger », nègre est un mot puissant. Il transmet le sentiment d’infériorité et l’ignorance de son contexte historique. Ce mot obscène, pétrit de la souffrance, meurtre, mutilation, discréditation, viol, l’asservissement des Noirs, insinue, consciemment ou non , un rappel pour son destinataire des tragédies factuelles qu’on vécut dans leurs chairs et leurs esprits les Noirs en Amérique.
Le racisme de l’époque de John Ware était donc omniprésent et avec certain mépris pour tout individu de race Noire. Même si les gens respectaient Ware, ils se référaient à lui d’une manière que nous aurions aujourd’hui immédiatement étiqueté comme péjoratif.
En 1902, sa première maison canadienne fut détruite par la crue printanière. John Ware reconstruit son ranch sur un terrain plus élevé surplombant un ruisseau, maintenant appelé Ware Creek. Trois ans plus tard, toujours au printemps, Mildred meurt d’une pneumonie. En dépit d’être un cavalier hors pair, John a été tué le septembre suivant lorsque son cheval trébucha dans un trou de blaireau, écrasant son cavalier, lui rompant le cou. C’était douze jours après que l’Alberta ne devienne une province canadienne.
Les funérailles de John Ware, le 14 septembre 1905, ont été rapporté comme étant un des plus importants qui eurent lieu dans les premiers jours de la ville de Calgary. Aucun des cinq enfants du cow-boy le plus respecté de l’Alberta et de Mildred n’a eu de descendants. La dernière fille survivante, Nettie, est morte à son 96e anniversaire en mars 1989 en Alberta.
Plusieurs endroits dans le sud de l’Alberta sont nommés en mémoire de John Ware: le Mont Ware, Ware Creek, et le Nigger John Ridge rebaptisé en 1970 John Ware Ridge. Malgré cette correction, encore aujourd’hui, vous trouverez aisément le nom de Nigger John Ridge un peu partout de par ces effrontés qui tiennent à ce qu’il soit toujours reconnu ainsi.
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