William Hall est né William Neilson entre 1824 et 1832 en Nouvelle-Écosse au Canada. Hall étant le nom d’un homme Blanc auprès duquel sa famille a travaillé. Son père, esclave en fuite de l’état de la Virginie durant la Guerre 1812-1814, un conflit qui oppose les États-Unis et l’Empire britannique (dont le Canada faisait alors partie), travaille sur les chantiers de construction navale.
À cette époque, les états sudistes de tabac et de coton des États-Unis exigeaient une importante main-d’œuvre qui fut comblée cruellement par les esclaves importés de l’ouest de l’Afrique. Aujourd’hui plus de 30 millions de descendants d’esclaves africains vivent aux États-Unis et le Canada en compte environ 250 000.
Une histoire raconte que les Britanniques auraient saisi le bateau ou se trouvaient le père de William Hall qui fut en direction des États-Unis et redirigé son chargement d’esclaves vers Halifax au Canada pour en libérer les captifs. Une autre version relate que son père se serait enfui d’une vie d’esclave par ses propres moyens dans l’espoir de liberté en terre britannique.
William Hall a grandi près de la bouche de la rivière Avon en Nouvelle-Écosse. À quelques pas de chez lui, des bateaux furent construits et équipés. Par la force des choses, le jeune William devient lui-même marin évoluant dans ce milieu trempé par les eaux.
En 1844, le jeune William âgé de 15 ans seulement rejoint l’équipage d’un vaisseau qui transige avec les États-Unis. Trois ans plus tard, il se retrouve enrôlé dans US Navy, la marine de guerre américaine. Cette affectation le permettra de faire le tour du monde, combattant dans plusieurs luttes avant même ses vingt ans. Cette dévotion pour la mer n’était pas chose rare pour un natif des provinces maritimes. Dans cette pâle liberté d’alors ou très peu d’opportunité s’offrait, le Noir ne pouvait qu’espérer de gagner dignement sa pitance.
En février 1852 William Hall joint la Royal Navy, la composante maritime de la force britannique. C’était la plus importante marine au monde. Durant ces quatre années, il prit poste à bord du HMS Rodney , un navire de ligne de 2e rang de 92 canons, un des plus puissants navires du temps, nommé en faveur de l’Admiral George Brydges Rodney, l’officier qui conserva l’île de la Jamaïque d’une attaque française en 1792.
Malgré que l’esclavage fût aboli dans tout l’Empire britannique en 1834, la discrimination raciale était ordinaire. Le service de William Hall au sein des forces britanniques se fit en tant que sujet né dans une colonie britannique, un homme de plein droit, mais soumis aux coutumes racistes de l’époque.
Le contrôle des voies maritimes était vital pour les Britanniques. Un conflit éclata entre la Turquie et la Russie qui rivalisaient pour le contrôle de la péninsule de Crimée et de la mer Noire. Les Britanniques se sont donc joints au Français aux côtés des Turques pour contraindre les aspirations russes. Pendant la guerre de Crimée, William Hall prit part au siège de Sébastopol (Ukraine) en tant que capitaine d’une arme à feu dans les batteries de siège tandis que les marins rejoignirent les forces terrestres.
En 1856 la guerre de Crimée étant terminé, il a été affecté à la frégate Shannon dans le but de protéger les intérêts britanniques sur les mers. Une mutinerie éclata en Inde ou les Indiens étaient sous le joug anglais, pour le meilleur et pour le pire. Le Shannon qui mouillait à Hong Kong avec William s’y rendit donc. En 1857 la première guerre d’indépendance indienne éclata. Une brigade composée de carabiniers, de marins sous les ordres du capitaine William Peel fut créée. Le 16 novembre 1857 à Lucknow, les canons du navire furent amenés près de la résidence du Chah Nujeff, une place forte de mutins pour faire une brèche dans les murs de fortification. La totalité de la brigade de William Hall y fut décimée ayant pour seuls survivants le lieutenant et Thomas James Young et Hall lui-même.
Les deux ont travaillé le canon dans une tempête de balles, jusqu’à faire une brèche dans le mur afin de faire passer les troupes britanniques. Leur bravoure a contribué de façon importante à la levée du siège, et ils ont été nommés pour la Croix de Victoria.
Âgé de trente ans, Hall a reçu la Croix de Victoria le 28 octobre 1859 des mains du vice-amiral Charles Talbot. William est le premier Noir, le premier Néo-Écossais et le premier marin canadien à recevoir cette décoration. Seulement deux autres Canadiens ont reçu la médaille avant lui. Cependant, aucun Canadien n’a reçu la croix de Victoria depuis 1945.
William Hall passe ses vieux jours en habitant avec ses deux sœurs qu’il prend soins à l’aide d’une humble pension. En 1900, le vieil homme pensait peu de sa gloire ou la Croix de Victoria. Comme il le dit, « Ça ne vaut pas beaucoup. Après tout, seulement dix livres par an. S’il n’y avait pas ma retraite de la marine régulière de quarante livres par an en plus, je ne sais pas comment nous pourrions vivre ici. »
À la mort du héros le 25 août 1904, Hall est enterré sans honneurs, dans l’obscurité à Lockhartville à 75 ans. L’homme qui a amené la gloire au Canada semblait avoir été oublié. En 1945, ses restes ont été inhumés dans l’enceinte de l’Église baptiste de Hantsport.
Le William Hall V.C. Memorial a été construit en 1947 en mémoire de William Hall, érigé par la Légion canadienne sur le terrain qu’il avait acheté. Puis en 1967, ses médailles furent exposées au Canada lors de l’Expo 67 avant d’être transférées au Nova Scotia Museum.
« Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques (FCP) du ministère du Patrimoine canadien pour ce projet »
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