L’Empire du Mali est un empire africain du Moyen Âge. Il a été créé au XIIIe siècle par Sundjata Keïta et connut son apogée au XIVe siècle. Il est le berceau de la charte du Manden.
On peut penser que le mot Mali (qui veut dire hippopotame en Mandingue, Bambara et Dioula) vient du nom de l’hippopotame, puisque la tradition veut que le père fondateur de l’empire, Soundiata Kéïta se soit noyé dans le Sankarani.
Les habitants de l’empire, eux ont toujours appelé leur pays Manden et non Mali. Mais il est bon de savoir que les Peuls (ethnie nomade présente au Mali depuis la création de l’empire) appellent les habitants du Manden : Malinké, littéralement « la bonne chance ». On en déduit que les « mandenka » eux-mêmes appellent leur pays Manden et les Peuls appellent ce pays : Mali ( « conclure un arrangement », « porter chance ») et ses habitants Malinké ( « Ceux qui portent chance »).
L’empire du Mali s’étendait entre le Sahara et la forêt équatoriale, l’Océan Atlantique et la Boucle du Niger soit sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie et une grande partie de la Côte d’Ivoire. Il était un carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l’Afrique noire équatoriale.
Son économie reposait sur l’agriculture, l’artisanat, l’exploitation des mines d’or, et le commerce de l’ivoire vers le bassin méditerranéen.
La région du Manding (ou Manden) était divisée en trois provinces dirigées par les clans malinkés : les Condé régnaient sur la province du Do, les Camara sur le Bouré et les Keïta alliés aux Traoré et aux Konaté dans le Kiri. Vers 1050, le clan des Keïta l’emporte sur les autres. Ils se convertissent à l’islam et refusent la soumission à l’empire du Ghana.
À la fin du XIIe siècle, règne Naré Maghann Konaté, père de Sundjata Keïta. Il chercha à s’allier avec les royaumes voisins afin de s’opposer aux nomades venant du Sahara capturer des esclaves.
Au nord, Soumaoro Kanté, roi du Sosso conquiert les petits royaumes voisins au XIIIe siècle et constitue une armée très disciplinée. Voulant contrôler les mines d’or, Soumaoro Kanté attaque le Manding.
La vie de Soundiata Keïta nous est connue par les traditions orales rapportées par les griots: sous la forme d’une épopée légendaire, elles en font un héros-fondateur. Néanmoins de brèves mentions du personnage et du contexte géopolitique à l’époque de son règne chez deux auteurs arabes du XIVe siècle (Ibn Khaldun et dans une moindre mesure Ibn Battuta), ainsi que dans les chroniques écrites du XVIIe siècle, confirment qu’il fut bien un personnage historique et corroborent certains faits évoqués dans les sagas orales.
En difficulté devant les attaques de Soumaoro Kanté, les malinkés font appel à Soundiata Keïta. Selon la tradition racontée par les griots, Soundiata Keïta serait né handicapé et ce n’est que tard qu’il aurait pu marcher. Il aurait été persécuté par son frère aîné Dankaran Tuman, ce qui l’aurait poussé à s’exiler à Néma.
Vers 1230, il devient roi et il réunit les clans malinkés à Siby. Selon les traditions orales, il aurait organisé une armée composée de dix mille cavaliers et de cent mille fantassins et entrepris la guerre contre le roi du Sosso. Après plusieurs batailles, c’est vers 1235 que Soundiata Keïta vainc l’armée de Soumaoro à Kirina. Selon la légende, Soumaoro disparaît dans les montagnes autour de Koulikoro. Sundjata Keïta conquiert alors tous les royaumes de la région qu’il unifie pour former l’Empire du Mali. Il est proclamé « Mansa » ce qui signifie « Roi des rois ». Il met en place une organisation administrative et militaire. La population est répartie en 30 clans : 16 clans d’hommes libres; 4 clans de griots; 5 clans maraboutiques, et 5 clans d’artisans. Pour rassembler ces clans, il instaure le système de parenté à plaisanterie. Il met en place deux gouvernements militaires au Nord à Soura et au Sud à Sankaran. Il établit la capitale de l’Empire à Niani.
La parenté à plaisanterie, ou sinankunya au Mali, rakiré chez les Mossis du Burkina Faso, toukpê en Côte d’Ivoire, dendiraagal chez les Halpulaaren, kalir ou massir chez les Sérères, Kal chez les wolofs, est une pratique sociale, observable dans toute l’Afrique occidentale, qui autorise, et parfois même oblige, des membres d’une même famille (tels que des cousins éloignés), ou des membres de certaines ethnies entre elles, à se moquer ou s’insulter, et ce sans conséquence ; ces affrontements verbaux étant en réalité des moyens de décrispation sociale.
Au Mali, l’exemple le plus célèbre de parenté à plaisanterie est celui qui lie les Dogons et les Bozos. Elle existe également entre Peuls et Sérères au Sénégal.
Outre les groupes ethniques, cette relation peut aussi s’exercer entre clans familiaux, par exemple entre les familles Diarra et Traoré, ou Ndiaye et Diop. Ainsi, un membre de la famille Ndiaye peut-il croiser un Diop en le traitant de voleur ou de mangeur d’arachide sans que personne ne soit choqué, alors que parfois les deux individus ne se connaissent même pas. Il n’est d’ailleurs pas permis de se vexer. Cette impolitesse rituelle donne lieu à des scènes très pittoresques, et les gens rivalisent d’inventivité pour trouver des insultes originales et drôles.
Dons, après ces conquêtes, le règne de Sundjata Keïta est connu pour être une époque de paix, de prospérité et de liberté suite à la proclamation de la Charte du Manden. L’empire du Mali regroupait alors des populations issues de différentes ethnies (Malinkés, Bambaras, Wolofs, Toucouleurs).
Cette charte s’adresse aux « douze parties du monde ». Elle a donc une vocation universelle selon ses auteurs. Elle comporte sept paroles, qui sont autant d’entêtes d’articles de la charte :
- « Toute vie est une vie »
- « Le tort demande réparation »
- « Pratique l’entraide »
- « Veille sur la patrie »
- « Ruine la servitude et la faim »
- « Que cessent les tourments de la guerre »
- « Chacun est libre de dire, de faire et de voir »
On trouve donc dans cette charte le respect de la vie humaine, la liberté individuelle, la justice et l’équité, la solidarité. En prenant le parti de lutter contre ce qui lui apparait comme la racine des conflits, l’esclavage, elle identifie la violence des situations comme précédant la violence de la guerre. L’esclavage était devenu courant en Afrique de l’Ouest. Selon les transcripteurs de la charte du Manden l’abolition de l’esclavage fut une œuvre maîtresse de Sundjata Keïta et de l’Empire du Mali.
Sundjata Keïta meurt vers 1255, vraisemblablement par noyade. Selon la légende, il se serait transformé en hippopotame.
Vers 1312, Kankou Moussa (ou Kango Moussa, ou Kankan Moussa, ou Mansa Moussa), arrive au pouvoir. C’est sous son règne que l’Empire du Mali atteint son apogée : de l’Adrar des Ifoghas à l’estuaire de Gambie.
En 1324, il effectue un pèlerinage à la Mecque dont la tradition et les sources arabes garderont le souvenir des fastes : accompagné de milliers de serviteurs et d’esclaves, il aurait emporté tellement d’or (environ 10 tonnes) que le cours du métal précieux aurait baissé pendant plusieurs années. Sa générosité aurait frappé les esprits. Néanmoins, selon Elikia Mbokolo, Mansa Moussa aurait vendu la plupart des esclaves (8 700 à 14 000 selon des sources) en Égypte et en Arabie.
Toutefois, Serge Daget et François Renault observent qu’à ce propos les sources arabes ne sont pas unanimes, ni sur les effectifs (de 8 000 à 14 000) du cortège de Kankou Moussa, ni sur leur statut : tantôt on parle d’« esclaves », tantôt de « sujets » ou encore de « personnes » ; sans toujours savoir s’ils ont été vendus par le Mansa Mali.
Kango Moussa revient au Mali accompagné de plusieurs hommes de science et de culture dont Abou Ishaq es-Sahéli, originaire de Grenade qui a été l’architecte de la Mosquée Djingareyber de Tombouctou construite en 1328 à Tombouctou. Mansa Moussa meurt en 1337.
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