Cheikh Anta Diop, né le 29 décembre 1923 à Thieytou, Sénégal, figure parmi les intellectuels africains les plus estimés du vingtième siècle. Ses vastes contributions dans les domaines de la politique, de la science et de l’histoire ont redéfini l’histoire africaine dans un contexte mondial.
De famille aisée à l’âge de 23 ans, Cheikh Anta Diop part pour Paris afin d’étudier la Physique et la Chimie mais se tourne aussi vers l’Histoire et les Sciences. Diop a commencé ses études avancées à la Sorbonne de Paris, où il a obtenu un doctorat en histoire en 1960. Influencé par la découverte de l’importance de la culture africaine dans le développement mondial, il publie, en 1955, une thèse provocatrice intitulée « Nations nègres et culture« , qui a posé les bases de ses travaux ultérieurs.
Ce travail remarquable, qui fait valoir que l’Égypte ancienne a vu le jour dans le cadre de la civilisation africaine noire, est encore aujourd’hui une référence de l’étude de l’histoire africaine. Diop a réfuté les représentations précédentes de l’histoire égyptienne comme une civilisation non-africaine en utilisant les outils de l’anthropologie, de la paléontologie et de la linguistique comparée.
Lorsqu’il obtient son doctorat ès lettres en 1960, il revient au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l’université de Dakar, depuis rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, UCAD. Dans les années 1970, Diop participe au comité scientifique international qui dirige, dans le cadre de l’UNESCO, l’élaboration de l’Histoire générale de l’Afrique (HGA), un projet éditorial ambitieux qui comptera huit volumes.
Ce physicien, philosophe et historien sénégalais a monté sur la scène mondiale avec grâce et détermination, repoussant constamment les limites de la recherche historique. Diop était une figure clé du mouvement panafricain, et son travail a aidé à façonner le discours panafricain et à unir les peuples africains en remettant en cause les stéréotypes raciaux prédominants.
Selon Cheikh Anta Diop, par l’expression Kemet, les Égyptiens se seraient désignés dans leur propre langue comme un peuple de « Nègres ». À l’appui de sa thèse, il invoque une graphie « insolite» de km.t montrant un homme et une femme assis, graphie traduite par « les Égyptiens », mais que l’égyptologue Alain Anselin traduit comme « une collectivité d’hommes et de femmes noirs ». En égyptien ancien, Kemet s’écrit avec comme racine le mot km, « noir », dont Diop pense qu’il est à l’origine étymologique de « la racine biblique kam ».
Selon la plupart des égyptologues non afro-centristes, si l’Égypte était appelée le « pays Noir » à l’époque pharaonique, c’était en référence à la bande de terre rendue fertile par le limon noir déposé par la crue annuelle du Nil, artère vitale de la civilisation de l’Égypte antique.
Au-delà de son travail universitaire, Diop s’est également engagé dans la politique sénégalaise, s’efforçant d’unifier le continent africain et de promouvoir le développement économique à travers la Science et la Technologie. Il a fondé en 1961 le Bloc des masses sénégalaises et a occupé le poste de secrétaire général du parti jusqu’à son décès.
Cheikh Anta Diop est également reconnu pour avoir fondé et dirigé le radiocarbone Laboratoire à l’Université de Dakar, Sénégal. Grâce à ses recherches sur le radiocarbone, sa contribution à la science a également été significative.
L’engagement de Diop envers l’héritage africain et le progrès africain est devenu sa vie. Il travaillait sans relâche, cherchant constamment à transcender les frontières habituelles de l’érudition pour créer une discussion dynamique et pertinente sur l’Histoire de l’Afrique.
Le 7 février 1986, Cheikh Anta Diop meurt dans son sommeil, laissant derrière lui un héritage durable. Son travail colossal a ouvert la voie à une nouvelle génération de chercheurs qui réexaminent l’histoire de l’Afrique de l’Ouest et du monde. Sa philosophie, qui plaide pour une Afrique unifiée et autonome, continue d’inspirer des intellectuels et des politiciens à travers le continent.
Aujourd’hui encore, Diop est considéré comme l’un des plus grands intellectuels africains de tous les temps, grâce à sa profonde compréhension de l’Afrique et de son histoire, sa pensée progressiste et sa contribution à l’éducation et à la vie politique sénégalaise.
L’histoire de Cheikh Anta Diop offre un paramètre prouvant que l’histoire africaine est vitale et variée, et que le continent noir a beaucoup à offrir au monde. Son travail a changé la perception du monde de la contribution de l’Afrique à l’histoire et à la culture mondiales, et a lancé une importante conversation sur la valeur et l’importance de l’héritage africain.
Cheikh Anta Diop a été un précurseur dans sa volonté d’écrire l’Histoire africaine précédant les affres de colonisation.
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