Depuis le début de cette année, près de la moitié des Etats africains (essentiellement des ex-colonies françaises) soufflent la 50ème bougie de leur accession à la souveraineté internationale. « Il est grand temps que les pays africains entament véritablement leurs mues », entend-on ici et là à la faveur de cette commémoration. Mais, pour réellement prendre date avec l’histoire, les Africains et les Africaines doivent remettre en cause un certain nombre d’habitudes héritées de la traite des Noirs ou encore de la colonisation…
Cinquante (50) ans après les « indépendances africaines », les Noirs vivant dans le monde et plus singulièrement les habitants de l’Afrique définissent toujours leurs normes de « l’Idéal » (dans tous les domaines de la vie) par rapport aux multiples succès du « Blanc ». Dans une Afrique dans laquelle prévaut un catastrophisme généralisé dû essentiellement à la mauvaise gouvernance qui caractérise les institutions de ce continent, il est difficile d’échapper à la disposition d’esprit sus-décrite. A titre d’exemple, malgré l’indépendance des Etats africains, ils n’ont ne disposent toujours pas d’une compagnie aérienne panafricaine. « Air Afrique » qui devait symboliser l’unité africaine dans le ciel a vite été asphyxiée par la scabreuse gestion des sociétés para-étatiques du continent noir. 50 ans aussi après les « indépendances africaines », les Africains ne s’identifient à aucun média communautaire, aussi bien dans la presse parlée qu’écrite. « Africa n°1 » qui se veut une radio panafricaine et qui a été portée sur les fonts baptismaux en 1981 est surclassée dans tous les domaines de son fonctionnement par Rfi (Radio France Internationale, lancée en 1975). « Africa 24 » ou encore « Telesud », dans le monde audiovisuel, essaient tant bien que mal de tenir la dragée haute à des concurrentes directes comme « France 24 », « Bbc », « Cnn », mais sont loin de les inquiéter. Par ailleurs, l’Afrique ne possède toujours pas une langue commune. Elle continue de se prélasser dans l’utilisation des langues du colon (français, anglais, portugais, espagnol ou encore arabe) !
Dans le même ordre d’idées et sur le terrain économique, le continent noir ne représente que « 2% » dans les échanges commerciaux mondiaux. Cette statistique couvre un peu plus de ridicule les Africains quand on l’on vient à se rendre compte que la locomotive économique du continent noir (l’Afrique du Sud) représente à elle seule près de 1,5% de ces « 2% » précités. Bref, en un demi-siècle de marche indépendante, l’Afrique n’a pas rendu une bonne copie sur presque tous les plans. Mais, est-ce une raison suffisante pour denier toute valeur aux mœurs « made in Africa » et les remplacer par des habitudes quotidiennes venues de l’Occident ? L’Asie, tout comme l’Afrique a été colonisée par l’Europe ou a subi l’hégémonie du Japon.
Toutefois, aujourd’hui, toutes les anciennes colonies asiatiques se sont émancipées ! Pourquoi les parents africains continuent-ils alors d’affectionner d’appeler leurs enfants par des prénoms importés, alors même que leurs cultures respectives leur offrent d’autres alternatives ? Il est évident que la culture chrétienne ou islamique “imposée” aux Africains voici plusieurs siècles est passée par là. Mais quelle beauté linguistique revêt par exemple le prénom « Emmanuel » de plus que son pendant éwé (langue parlée au Sud-Togo) « Mawulikplimi » ? Pourquoi les boissons africaines restent-elles toujours peu valorisées lors de différentes festivités en Afrique ? En reniant des boissons africaines comme le « bissap », le « tchapalo », le « vin de palme » etc. au profit des bouteilles de « Suze », de « Martini » ou encore du « vin bordelais », les Africains et les Africaines oublient implicitement qu’ils sont en train de donner un coup de fouet aux économies productrices de ces boissons précitées au détriment des précaires entreprises d’Afrique.
Pour apporter leur touche singulière à la mondialisation, les fils et filles d’Afrique doivent également reconsidérer leurs habitudes vestimentaires ! Les Afghans, en dépit de l’influence russe et anglaise s’habillent toujours généralement avec leurs toges traditionnelles ; les Indiens en font de même malgré la colonisation anglo-saxonne. Pendant ce temps, l’Africain s’emmitoufle dans une veste « Louis Vitton », quand sa compagne ne se sépare jamais du tailleur d’Ysl (« Yves Saint Laurent »). Des comportements quotidiens de Noirs qui sont aussi remarquables dans la diaspora de l’Afrique aux quatre coins du monde. Aux Etats-Unis d’Amérique, combien sont-ils par exemple, les Noirs qui prennent sur eux de revenir en Afrique ou du moins d’en avoir une idée ? Ces « African-Americans » n’ont visiblement pas encore fini de pasticher leurs compatriotes blancs. Et très peu connaissent la signification de leurs noms comme Barack Obama qui sait que son patronyme signifie « Lance enflammée » et son prénom, « enfant béni ».
La survivance de cette amnésie des Africains vis-à-vis de leurs propres valeurs culturelles est due en gros à l’image que leur renvoient leurs élites quotidiennement !! A commencer par les chefs d’Etat africains qui sont plus « blancs » que les Occidentaux eux-mêmes !!! Aux sessions annuelles de l’Assemblée générale de l’Onu (Organisation des Nations unies), il est difficile de distinguer les pays de provenance de chefs d’Etat quand ils quittent la grande salle des discussions, leur couleur de peau mise de côté…
Tant les présidents africains arborent les mêmes tenues que leurs ex-colons. Pendant ce temps, les premiers responsables des Etats du Pacifique et de l’Asie se vêtent, pour la plupart, de toilettes qui vantent les cultures de leurs populations. Dans le même sens, quand les R’Kelly, Beyoncé, Mike Tyson, K. Bryant etc. se tourneront vers l’Afrique, une bonne partie des Africains vivant sur le continent nord-américain imiteront leurs pas. Aimer véritablement l’Afrique ou ses racines doit être le credo de ses fils et filles pour éviter que 2060 ne soit 2010. La terre qui les a vus naître les regarde !
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