Pendant longtemps, Harlem a été le centre spirituel du monde afro-américain. Ce Harlem, telle une terre promise, où les Noirs allaient au cinéma à l’époque alors que ceux du sud des États-Unis vivaient sur le qui-vive. Là où les afro-descendants respiraient ce vent de liberté qui leur permit d’exprimer toute leur créativité.
Le Harlem où Marcus Garvey, campé sur un coin de rue, y électrisait les passants avec ses discours-fleuves. Le Harlem de Malcolm X, là où le jeune prédicateur y arpentait les allées pour convertir ses compatriotes en membres de la Nation Of Islam.
C’est toujours dans ce Harlem que le Président Thomas Sankara tenu mordicus à s’y rendre pendant son séjour New-yorkais afin d’y rencontrer la communauté. Le Burkinabé le plus célèbre prononça ensuite cette formule restée dans les esprits, « notre Maison-Blanche se trouve dans notre Harlem Noir ». À une époque très discriminatoire, Harlem faisait donc office de « Washington parallèle » pour les laissés pour compte sous le drapeau le plus puissant du monde contemporain.
Hasardeusement, la sélection naturelle a voulu que Harlem présente un taux élevé de fibre entrepreneuriale. En effet, de Puff Daddy à Dame Dash, et j’en passe, le quartier a été le berceau de plusieurs têtes de l’élite entrepreneuriale afro-américaine. Comme si l’art des affaires s’absorbait dans l’air à Harlem. Partis de rien, ces hommes et femmes ont bâti des entreprises qui ont façonné le paysage économique américain et fait la fierté de leur groupe.
Mais, les entrepreneurs qui ont réussi légalement ne représentent qu’un côté de la médaille. La grande majorité de ces jeunes dotés d’un énorme potentiel d’entreprendre, qui auraient pu devenir les nouveaux industriels du pays, ont été ramassés par la séduction maléfique de la rue, trop tentante dans ce piège à con que sont les ghettos américains.
Ainsi, ceux qui auraient pu devenir PDG d’une entreprise « top500 » du magazine Fortune, ont terminé drogués, emprisonnés, et souvent, morts.
C’est les cas de Guy Fisher et Richard Porter. Le premier est emprisonné depuis 1984 pour trafic de drogue. Dr Fisher a complété un doctorat en sociologie en prison. D’ailleurs, une pétition pour sa remise en liberté circule actuellement sur internet. Le second a eu moins de chance, « Rich », comme le surnommait ses proches, a été assassiné par un de ses acolytes.
La dernière fois que j’ai été à Harlem, c’était en septembre 2017. J’ai été frappé par la souffrance sur les visages des gens et les nombreuses personnes aux prises avec un trouble mental évident. Harlem la Belle a perdu de son charme.
Espérant qu’elle ne perdra pas son âme.
A lire aussi
A découvrir ... Culture
Le Dernier Repas de Maryse Legagneur
Sous une musique de Jenny Saldago (Muzion), le film Le Dernier Repas de de Maryse Legagneur, nous trempe dans une …
Connaisseur Ticaso est de retour avec l’album Rap Life, la suite logique de l’excellent Normal de l’Est
Complètement disparu de la scène rap du Québec pendant plus de dix ans, le vétéran rappeur Connaisseur Ticaso a effectué …
Regard sur Kanaval le dernier film d’Henri Pardo
Le film Kanaval d’Henri Pardo soumet les interrogations de Rico, qui expose un conflit identitaire entre le migrant …