Jeudi, le 23 juin 2016, la communauté haïtienne de Montréal se réjouissait de l’arrivée d’un nouveau journal papier dans l’écosystème médiatique montréalais: Le National. Initié par Hervé Lerouge ce quotidien haïtien permettra a une diaspora intéressée de suivre les événements marquants d’Haïti voire, de s’en rapprocher davantage.
Le National est depuis décembre 2015, disponible aux États-Unis. Quelque 6000 exemplaires s’écoulent quotidiennement au sud de la Floride. Au Canada, au Québec, plus précisément, unie par la langue, la communauté haïtienne montréalaise sera elle aussi sensibilisée quotidiennement aux enjeux haïtiens.
C’est dans la salle du Costa Del Sole, un restaurant italien situé dans le quartier Saint-Léonard, que le lancement attendu du journal a eu lieu. Animé sobrement par Marc Emmanuel Dorcin, devant une foule composée d’une cinquantaine de personnes, cette soirée informative présentait le bras de la direction montréalaise du journal « Le National» ainsi que ses principaux objectifs.
Hervé Lerouge, malgré un nom de corsaire, affichait une vive bonhommie. C’est fièrement qu’il amorce son discours par ces mots : « Les mots, le verbe en Haïti se sont payés en poids de liberté et de sang. Le journaliste, chez nous, à sa racine dans le risque. Je m’incline pieusement à la mémoire de tous ces journalistes haïtiens qui ont perdu la vie dans l’exercice de ce métier. »
Ce patriotisme s’articule clairement dans son média avec Radio Pacific qui émet la musique nationale haïtienne 24 heures par jour : une télévision, chaine 54, Télé Pacific où il ne diffuse pas des novelas (feuilletons quotidiens de soirée surtout des pays hispanophones), « des séries qui entravent l’éducation des Haïtiens» affirmera M. Lerouge. « Nous voulons des contenus locaux ». Et puis une application Pacific FM qui relie sa radio et sa télévision « en intégrale ».
Œuvrant aussi dans la construction, dont il préside une association patronale fédérant 57 entreprises, Hervé Lerouge désire avant tout, offrir une image positive du pays. Oubliez les images-chocs de morts et détritus qui font la gloire des médias dans son journal prohaïtien.
C’est avec un grand enthousiasme qu’il présenta les membres de sa jeune équipe montréalaise que sont : Sandreillie Séraphin, Jose Antoine Valbrun et Hardley Hippolyte dont la cohésion repose, entre autres, sur leurs origines capoise (du Cap-Haïtien).
Le Directeur du développement et d’innovation du journal Le National, manifesta son désir de repenser les liens de tous les enfants d’Haïti, la diaspora, avec leur pays d’origine. Une ambition qui teintera les discours des locuteurs suivants.
« Vous êtes certainement au courant de tous les soubresauts qui ont suivi l’adoption de la Constitution de 87 qui en mon sens, a initié un rapport d’amour et de haine entre Haïti et sa diaspora. Au lieu de promouvoir la diaspora, elle a ostracisé sa diaspora et l’a réduite à un rôle contreproductif de guichet automatique. Nous, nous pensons que la diaspora peut faire une meilleure contribution que cela au développement d’Haïti. Dans un contexte transnationaliste, la diaspora peut influencer la politique des pays d’accueil envers Haïti, la diaspora peut transférer les technologies qu’elle utilise sur une base quotidienne au pays d’origine, et plus important encore elle peut contribuer à la création de ce que j’appelle un marché dynamique d’idées novatrices dans un pays ou le discours social et politique souffre de malnutrition chronique. » émettra Franley Julien qui est également politiquement actif pour une nouvelle droite économique haïtienne qui regroupe de nombreux hommes d’affaires.
Le distingué Samuel Pierre, professeur universitaire à l’École polytechnique de Montréal, Ordre du Canada et Chevalier de l’Ordre du Québec, après avoir déclaré avoir visité les installations du journal en Haïti sur invitation d’Hervé Lerouge, c’est fait un devoir de souligner les points essentiels d’un milieu propice au développement. « Trois choses simples dans le discours, mais très difficiles à appliquer. Il faut d’abord produire des connaissances. Il y a une corrélation parfaite entre la qualité des universités d’un pays et son niveau de développement. Deuxième élément, il faut que cette connaissance soit diffusée. Qui dit diffusion, dit, journal, journal scientifique, radio, télévision. Troisième chose, l’exploitation des connaissances. L’action du Le National aujourd’hui, ce situe exactement dans cette logique. Jusqu’à tout récemment en Haïti, pour parler de diffusion de connaissance, il n’y avait qu’un seul quotidien en Haïti, c’était le Nouvelliste. Alors, on peut faire un lien avec le niveau de pauvreté d’Haïti. On est passé d’un à deux! » En terminant, il souhaita que Le National soit le porte-étendard de l’intérêt général.
Justin Viard l’ex-Consul déchut par l’administration Martelly, repositionné Consul Général d’Haïti à Montréal par le Gouvernement transitoire de Privert, a démontré toute sa fierté de voir le scénario d’une entreprise haïtienne prendre pied à Montréal et non l’inverse. « Nous avons besoin de ce pont entre Haïti et sa diaspora. Un pays où 83 % de l’intelligencia se trouve à l’extérieur, on ne peut pas penser développement sans l’intégration de la diaspora. » Viard, qui a toute la sympathie des hommes d’affaires haïtiens de la métropole québécoise poursuit : « Je crois que ce sera le rôle du journal Le National de rapprocher la diaspora vers Haïti. » précisant qu’Hervé Lerouge lui-même est un fils de Montréal, puisqu’il y vécut quatorze années. C’est seulement après ses études qu’il retourna en Haïti, la tête pleine d’idées.
La présentation d’une heure était agréablement pimentée de prestations du slameur David Mezy accompagné au violon par Sheila Magny et au tambour par Pierre Paul Makoumbé, sans oublier l’excellent Ti-Flute à la guitare et à la flute.
À la fin des discours et présentations, le staff du journal et invités se sont mêlé à la foule pour discuter, échanger avec eux. Notons la présence de la représentante haïtienne de Projet Montréal défaite dans l’élection pour la mairie de Montréal-Nord, Kerlande Mibel et l’absence de la gagnante Christine Black de l’équipe Coderre qui promettait pourtant « respirer la diversité » d’un arrondissement qui compte au moins 30% d’Haïtiens.
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