Le 9 avril 2015 des centaines d’étudiants sud-africains se sont réjouis quand une grue a déraciné la statue d’un colonialiste britannique vieux de plusieurs décennies, célébrant la fin de ce qu’ils décrivent comme étant un symbole de privilèges des Blancs.
L’Université de Cape Town a enlevé la statue de Cecil John Rhodes après des semaines de manifestations d’étudiants qui ont commencé lorsqu’un universitaire a jeté des excréments à la sculpture en bronze le mois dernier.
La statue a été recouverte au cours des dernières semaines de graffitis. Les étudiants, Blancs et Noirs, marchaient régulièrement avec des pancartes ou l’on pouvait déchiffrer #Rhodesmustfall (Rhodes doit tomber) exigeant sa suppression immédiate.
Ce mouvement de conscientisation d’un passé lourd, odieux de la part d’une minorité blanche abusive a eu un écho semblable le mois dernier à l’Université du Kwazulu-Natal alors que des étudiants contrariés ont blanchi une statue de George V, roi du Royaume-Uni et des dominions (Canada, Afrique du Sud, Irlande…) de 1910 à 1936. On pouvait lire sur un tissu « Fin des privilèges des Blancs » sur l’homme qui colonisa l’Afrique du Sud. La tête du monarque fut couronnée d’un bonnet tricoté dans les couleurs de l’Afrique : jaune, vert, rouge.
Les manifestants ont déclaré que la statue du colonisateur britannique Rhodes, inaugurée en 1934, dominant le campus, est un rappel de la façon dont l’université avait peu changé depuis la fin de l’apartheid. La majorité du corps professoral est toujours composé de Blancs. Parsemé de graffitis, la statue de l’homme qui possédait 90 % de la production mondiale de diamants et donna son nom à la Rhodésie, qui évoluera plus tard avec la Zambie et le Zimbabwe, a été arrachée de son socle puis hissée par une grue sur un camion tandis que des milliers d’étudiants regardaient la scène révélatrice d’un temps passé.
« Cela représente un bon pas en avant pour le changement, et démontre si quelque chose ne va pas, vous avez vraiment le pouvoir de le changer » laisse tomber Tinashe Sibeko un étudiant en science politique.
« La statue a une grande force symbolique; il glorifie un meurtrier de masse qui exploitait le travail des Noirs et a volé la terre de populations autochtones », a déclaré pétition en ligne du mouvement Rhodes Must Fall Movement, signée par 1 550 supporters. Le mouvement a également exhorté l’élimination de toutes les statues et plaques « célébrant la suprématie blanche » et a demandé une meilleure représentation de Noirs Sud-Africains dans les programmes de la faculté.
Sans le tampon Mandela, le pays connaît une recrudescence marquée de la question raciale. Maintenant, toutes les statues représentant l’histoire colonialiste de la nation arc-en-ciel deviennent suspectes, discutables, voire même non désirables. Vendredi 10 avril, c’est une statue âgée de 112 ans représentant la reine Victoria qui est devenue le dernier monument colonial ou du temps de l’apartheid à être vandalisée en Afrique du Sud, faisant craindre qu’un débat racial surchargé puisse échapper à tout contrôle.
Présentement, un débat sur la façon dont l’Afrique du Sud doit faire face aux symboles visibles de son histoire difficile prend place dans une nation qui cherche toujours a évacués les monstres de son passé et occuper pleinement la place qui la revient.
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