Dans une basilique construite dans la ville qui a vu naître la religion vaudou en Afrique au Bénin, le pape Benoît XVI, le 265e pape, a dévoilé samedi un document définissant le rôle de l’Église catholique sur le continent africain, expliqué comment le catholicisme pourrait les aider à faire face au problème des guerres chroniques qui sévissent en Afrique et fait la lumière sur leurs pratiques autochtones.
Parmi les messages que le pape apporte en Afrique, c’est que le catholicisme a évolué de la religion pratiquée par les missionnaires, qui les premiers ont amené l’Église à cette ville côtière, considérée comme le berceau du vaudou, une religion d’État au Bénin aux côtés de la chrétienté et de l’Islam. Les catholiques se doivent de cultiver le respect à la fois pour l’islam et des pratiques traditionnelles, a déclaré le pape dans ce document. Mais il a aussi spécifié que les évêques doivent soigneusement discerner quelles pratiques traditionnelles pourrait entrer en conflit avec la doctrine de l’église afin qu’ils puissent « séparer le bon grain de l’ivraie. »
« L’église est ouverte à la coopération avec toutes les composantes de la société, en particulier avec les représentants des Églises et communautés ecclésiales qui ne sont pas encore en pleine communion avec l’Église catholique », a déclaré le pape à des prêtres et religieuses africains, qui téléphones et appareils photo à la main, ne voulaient rien manquer du passage papal.
Alors qu’il signait le document de 87 pages du Vatican, plusieurs douzaines d’adeptes du vaudou étaient assis sur des chaises de plastique au Temple des Pythons situé à l’extrémité opposée de la place de la basilique, à moins de 100 mètres de l’endroit où Benoît XVI prêchait. Le prêtre, qui était assis avec son pied sur une bouteille de gin, une offrande vaudou traditionnelle, a dit qu’ils s’étaient réunis pour entendre le message du pape qui fut projeté par haut-parleurs hors de la basilique. « Ceci est un message positif qui va ramener la paix en Afrique », a déclaré Houkpon II Houawamenod. « Je suis un catholique baptisé, mais je ne peux pas tourner le dos à mes racines. Quand j’étais enfant, si j’assistais à une cérémonie vaudou, le lendemain à l’école, j’étais fouetté », se confie-t-il. Comme beaucoup d’autres au Bénin, M. Houawamenod pratique une combinaison de vaudou et de catholicisme. Il renchérit : « Nous empruntons simplement une route différente pour arriver au même endroit. »
Ce voyage de trois jours du pape de 84 ans est sa seconde tournée sur le continent noir, la région du monde ou l’Église catholique romaine connait sa plus forte croissance. Alors que les congrégations européennes grisonnent et que les ordres ont du mal à recruter de futurs prêtres, il n’y a pas assez de places dans les séminaires africains pour accueillir tous ceux qui souhaitent poursuivre une vie religieuse.
« Africae munus », du latin « Engagement Africain », est la tentative du pape d’adapter la foi aux besoins d’un continent brisé par la guerre et paralysée par la corruption. Le pape propose une réconciliation qui s’appuie sur la doctrine du pardon de l’église pour enrayer le cycle de la vengeance qui est au coeur de nombreux conflits de la région. Parmi les idées suggérées, une étude en profondeur du cérémonial local utilisé pour résoudre les conflits. Benoit XVI a précisé que ceux-ci peuvent ne pas prendre la place du sacrement de pénitence de l’église.
Plus tôt, ce matin, au grand séminaire du pays situé à quelques kilomètres de la basilique, le pape s’était adressé aux prêtres en herbe, en expliquant comment ils peuvent devenir un instrument de changement pour l’Afrique. « Chers prêtres, la responsabilité de promouvoir la paix, la justice et la réconciliation vous incombe de manière spéciale. Comme les cristaux qui ne conservent pas la lumière, mais l’a reflète et elle l’a transmet, de la même manière, le prêtre doit se rendre transparent ce qu’il célèbre. »
Le révérend Gabriel Dobade, un prêtre du Tchad qui a vu opéré de multiples coups d’états et des guerres, a déclaré que le principe biblique de tendre l’autre joue est un instrument idéal pour résoudre le cycle de la violence de l’Afrique. « L’Afrique a besoin de cesser de combattre. Nous devons assumer la responsabilité de la paix. Le message du pape est très fort. Et il devrait être entendu dans toute l’Afrique. »
Cet arrêt au Bénin, un endroit qui a ajouté plus d’un demi-million de nouveaux convertis dans la dernière décennie, s’inscrit dans le contexte d’une crise de foi dans l’hémisphère occidental. Les Congrégations en Europe sont en baisse, y compris dans l’Allemagne natale du pape, qui a perdu près de 2 millions de membres et dans la même période, les églises béninoises ont augmenté les leurs de 50 pour cent. Avec une estimation de plus d’un milliard de fidèles, l’Église catholique romaine est de loin la plus importante branche du christianisme. En 2005, 137,5 millions d’africains (16,6%) sont membres de l’Église catholique romaine. En 2009, lorsque le pape Benoît XVI a visité l’Afrique pour la prmière fois, l’effectif a été estimé à 158 millions.
Le pape ne mâche pas ses mots quand il s’agit de dirigeants africains. Lors d’une réunion avec le gouvernement du Bénin à l’intérieur du palais présidentiel ce samedi matin, dans la plus grande ville du Bénin, à Cotonou, la capitale économique du pays, il a fait un plaidoyer passionné pour la classe dirigeante du continent : « Je lance un appel à tous les dirigeants politiques et économiques des pays africains. Ne privez pas votre peuple de l’espoir. Ne les coupez pas de leur avenir en mutilant leur présent. Adoptez une approche courageuse et éthique de vos responsabilités. »
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