300 000 morts. Sur une population de 11 millions d’âmes, Haïti allait perdre 2 % de sa population d’un seul coup du destin dans un tremblement de terre qui a ébranlé la planète entière, il y a 10 ans.
10 années, une décennie qui n’a pas effacé la fierté des Haïtiens, mais qui a sans aucun doute mis la larme à l’œil et la faim au ventre d’un peuple qui cherche à reconquérir sa glorieuse Histoire.
10 années ont passé en laissant Haïti figé dans le temps. Le Palais National, la gloire d’un peuple qui arracha à la face du monde son Indépendance, ce monument haïtien qui abritait de 1918 à 2010, le siège de la Présidence de la République respire toujours les cendres de l’affreux séisme du 12 janvier 2010.
Tourmenté de tous bords par des ONG immorales et sangsues, des politiciens pantins, une classe aisée cannibale, viciée par un système tordu découlant d’un capitalisme sauvage, Haïti semble être cadavre aux pieds du colosse américain situé seulement à 3 kilomètres de ses cotes qui saignent ses habitants.
Mais cadavre? Ce serait sans compter sur l’esprit engagé, inventif, futé de ses habitants que l’on peut rencontrer sur l’ile antillaise ainsi qu’aux quatre coins du monde. Cadavre? Ce serait nier le projet intemporel de ces esclaves africains qui ont, contre vents et marées, uni leur force et intelligence pour prospérer librement, sans entrave sur cette terre aux allures de paradis.
Aujourd’hui, que reste-t-il aux Haïtiens, eux qui ont inspiré non seulement les révoltes de pays assujettis, mais aussi insufflé l’idée de liberté aux insurgés Français, Anglais, Étatsuniens et bien d’autres encore? Comment continuer à écrire l’Histoire? Faudrait-il une Révolution à la Castro? Faudrait-il se refermer pour se reconstruire telle une chenille dans un été suffocant?
Entre les Comores et la Guinée-Bissau, avec un PIB de 854 $ US en 2019, Haïti est aujourd’hui listé au 20e rang des pays les plus appauvris de la planète. À l’aube de cette nouvelle décennie, de grands défis attendent la nation de Port-au-Prince.
Les Haïtiens devront, éviter les pièges de la mondialisation qui selon l’écrivain et journaliste Jean Sévilla est « une idéologie conçue à l’image des États-Unis. Une théorie faite pour une société marchande, transparente, mobile, sans racines, sans frontières, où l’argent est roi et l’État lointain. » Et comme jadis, ils devront apprendre à se faire confiance, remporter leurs propres batailles. Comme le disait Jean-Jacques Dessalines, proclamateur de l’Indépendance d’Haïti en 1804, première nation indépendante d’Amérique latine et des Caraïbes, deuxième république des Amériques, premier pays pour abolir l’esclavage, et le seul État de l’Histoire établi par une révolte d’esclaves réussie: « Nous avons osé être libres, osons l’être par nous-mêmes et pour nous – mêmes. » Ce propos tient toujours.
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