Pendant des siècles la France, et autres colonisateurs de même acabit, se sont enorgueilli avec des œuvres d’arts pillés sur le continent noir. Après un rapport sur ce rapt étatique générationnel et de constantes réclamations de chefs d’états africains à cet égard, certains de ses trésors seront enfin restitués à leurs propriétaires.
En novembre 2017, lors de son discours à Ouagadougou au Burkina Faso, le Président français qui célébrera son 41e anniversaire le 21 décembre, affirmait : «D’ici cinq ans, je veux que les conditions soient réunies pour un retour du patrimoine africain à l’Afrique. » Vendredi, le 23 novembre 2018, le Président Emmanuel Macron annonçait une restitution de 26 œuvres réclamées antérieurement officiellement par le Bénin.
Tous le savent, et ils s’en vantent même, les musées français ont amoncelé les trésors du continent noir pendant des siècles. Impunément. Le rapport de l’historienne Bénédicte Savoy (France) et l’écrivain sénégalais Felwine Sarr (Afrique), rendu public il y a quelques jours, concluait au « retour définitif et sans condition d’objets du patrimoine sur le continent africain. »
Des dizaines de milliers d’objets d’art africains devraient, selon le rapport commandé par Emmanuel Macron, retrouver le chemin du retour. Le rapport « sur la restitution du patrimoine culturel africain » recommande une modification de la législation française pour autoriser la restitution d’œuvres culturelles en Afrique.
On ignore à quel point la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne ont pillé l’Afrique de ses artefacts pendant le colonialisme, mais selon le rapport, environ 90 % du patrimoine culturel de l’Afrique se trouvent actuellement hors du continent.
Felwine Sarr également économiste commente: L’Afrique subsaharienne est un cas d’école: elle est la région du monde qui connaît la plus grande expropriation de son patrimoine.
Mais 26 œuvres, c’est très loin des près des 5000 articles (trônes, sceptres, gravures) revendiqués par le Bénin en juillet 2016. Ce n’est qu’un début, car selon Bénédicte Savoy « Au seul Musée du Quai Branly-Jacques Chirac sont conservées 70 000 pièces venues en France depuis l’Afrique subsaharienne depuis le milieu du XIXe siècle. »
Une véritable boite de Pandore muséale vient donc de s’ouvrir puisque jusqu’ici, la législation protectrice française lui permettait de conserver sur son territoire des trésors culturels issus du monde entier, mal acquis ou non. Le principe d’inaliénabilité des collections publiques garanti par le droit français bloque a priori toute restitution. C’est derrière ces dispositions instituées aux 16e siècles que l’ex-Président François Hollande s’était réfugié pour émettre une fin de non-recevoir à la réclamation officielle du Bénin de juillet 2016, estimant que ces biens culturels étaient soumis aux principes d’insaisissabilité de la France.
Devant ce rééquilibrage, cette restitution éminente, le peuple béninois dévalisé, selon Irénée Zevounou, ambassadeur du Bénin auprès de l’UNESCO, de près de 90 % de leurs objets patrimoniaux, annonce avec nécessité la mise en chantier de trois musées en plus d’une mise en place par le Président Patrice Talon d’une commission qui réfléchira sur l’avenir de ces œuvres inestimables.
Le Sénégal se prépare aussi activement à récupérer des œuvres de son patrimoine culturel au travers de cette nouvelle politique initiée par le gouvernement d’Emmanuel Macron.
Du coté de l’Allemagne, il s’est efforcée de restituer les œuvres saisies par les nazis. En mai, l’organisme qui coordonne cet effort, la German Lost Art Foundation, a annoncé le lancement d’un programme de recherche sur la provenance des objets culturels rassemblés au cours de son passé colonial.
Le rapport pourrait aussi inspirer d’autres anciennes puissances coloniales à considérer la provenance de leurs propres collections muséale. En 1897 dans l’actuel Nigeria, les troupes britanniques ont détruit une grande partie du Palais Royal du Royaume du Bénin, brûlé le palais royal et pillé 4 000 œuvres d’art, y compris d’élégantes têtes en laiton et des bronzes du Bénin. 200 d’entre elles ont été remises au British Museum à Londres, tandis que le reste a été réparti dans plusieurs musées de l’Empire britannique.
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