Rafiki de la réalisatrice Wanuri Kahiu est le premier film kenyan sélectionné au Festival de Cannes, le festival de films le plus médiatisé du monde. Rafiki est un drame humain qui dépeint la vie de deux jeunes femmes kenyanes saisies dans un amour lesbien, un sujet toujours tabou au Kenya.
Fille d’un businessman et d’une docteure, Wanuri Kahiu a été couronné (12 nominations, 5 trophées) aux Africa Movie Academy Awards en 2009 pour son film From a Whisper qui est basé sur les événements réels entourant les attentats à la bombe contre l’ambassade américaine à Nairobi en 1998. La réalisatrice qui vit entre Nairobi et Mombasa, a étudié le cinéma à l’Université Los Angeles aux États-Unis.
La nomination au Festival de Cannes est une excellente nouvelle pour le septième art africain qui transporte des drames émotifs, à fleur de peau, comme l’excellent film Timbuktu (Le Changrin des oiseaux) d’Abderrahmane Sissako, le seul long métrage africain en compétition à Cannes en 2014.
Le Festival de Cannes, avec une sélection officielle qui se veut le reflet de la production cinématographique mondiale, choisie de mettre son certain regard, présidé cette année par le Portoricain Benicio de Toro, sur la production kenyane Rafiki qui se traduit par « ami » en Swahili, une langue est-Africaine qu’échange près de 150 millions de locuteurs.
Rafiki, un film de 83 minutes n’est pourtant pas bien reçu au Kenya, pays du tournage et de naissance de la réalisatrice Wanuri Kahiu qui représente la génération émergente de nouveaux cinéastes africains. Au-delà des préjugés de la société kenyane, Wanuri Kahiu a dû faire face à ceux de sa propre équipe de tournage. « Réaliser un film sur deux femmes amoureuses au Kenya revient à bousculer le cynisme profondément ancré dans la société concernant l’homosexualité à la fois auprès des acteurs, de l’équipe, de mes amis et de ma famille. »
Il semble bien que ce soient les films traitants d’homosexualités entre Noirs qui percent l’hymen de l’acceptation hollywoodienne dans le monde contemporain des films afros. Le film Moonlight (2016) de Barry Jenkins a aussi été un précurseur important. C’est le premier film avec une distribution Noire, un premier film LGBT, à remporter la plus prestigieuse des statuettes, un Oscar, dans la plus prestigieuse des catégories, celui du meilleur film.
Malgré le franc succès du poignant long métrage kenyan, les autorités kényanes ne voient pas les choses du même œil. La société d’État Kenya Film and Classification Board (KFCB) a déclaré le jeudi 26 avril 2018 que Rafiki avait été interdit en raison de son intention de « promouvoir le lesbianisme » dans le pays. L’Article 45 de la Constitution de 2010 y interdit le mariage du même sexe. Et les sections 162, 163, 165 du Code pénal criminalisent les comportements homosexuels. Le communiqué officiel émis sur Twitter justifie: « Conséquemment, le film ne peut être distribué, présenté, diffusé, et ce, partout à l’intérieur des frontières de la République du Kenya et toutes personnes se trouvant en sa possession contrevient à la loi. », ceci en plus d’émettre des menaces de poursuites contres les producteurs et les bailleurs de fonds du film.
Qu’à cela tienne. Le réalisatrice Wanuri Kahiu a laissé entendre dans des interviews qu’elle avait été nerveuse quant à la réception du film au Kenya, mais qu’elle a réussi à trouver un certain soutien aux gouvernement et dans l’industrie cinématographique locale.
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