Jusqu’au 2 mars 2025, la pièce « Vierge » de Rachel Mutombo, une co-production du Black Theatre Workshop, la plus ancienne compagnie de théâtre au Canada dédiée aux œuvres des communautés noires, s’incarne au Centre Segal, dans le quartier de Côte-des-Neiges à Montréal, l’un des quartiers les plus multiculturels de tout le Canada, où plus de 100 communautés ethniques différentes cohabitent.
La pièce « Vierge » de Rachel Mutombo, récipiendaire du Prix Jon Kaplan de la meilleure Jeune Dramaturge 2023, dépeint la vie de quatre adolescentes : Divine (Espoir Segbeaya), Grace (Seeara Lindsayaux), Bien-Aimé (Symantha Stewart) et Sarah (Joy Mwandemange). Toutes d’origine congolaise, elles sont établies au Canada avec leurs héritages culturels semblables mais particuliers à chacune.
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La première mondiale de Vierge a été produite à Toronto par le Factory Theatre du 8 au 30 avril 2023.
« Vierge » transporte ainsi le spectateur dans les coulisses d’une église chrétienne où les quatre protagonistes, navigant les complexités de leur adolescence, s’efforcent de vivre leur foi chrétienne comme elles la comprennent. Il faut savoir que la religion occupe toujours une place centrale dans la vie quotidienne en République Démocratique du Congo (RDC) où le christianisme est prédominant, avec environ 80-90% de la population.
Divine, 16 ans, incarnée avec justesse par Espoir Segbeaya (une diplômée de l’École nationale de théâtre du Canada) est l’instigatrice de ce cours de pastorale peu populaire auprès des jeunes femmes de l’église mais qui soude une amitié certaine entre ce quatuor féminin. Inévitablement, les langues se délient, ici accélérées par un Truth Juice, et la sexualité devient un sujet central, voire incontournable.
La virginité est débattue, repensée, revue et certainement réinterprétée. « C’est comme un végétarien mangeant du poisson », lance Grace amusée, incarnée sans faille par Seeara Lindsayaux (diplômée de l’École nationale de théâtre du Canada). Cette conception de la virginité varie de la légèreté de Grace, aux crypto-expériences de Bien-Aimé, jusqu’au puritanisme juvénile de Divine.
On décèle également dans la pièce d’une heure quarante minutes, une critique formelle d’une l’hypocrisie installée dans l’écosystème pastoral qui, même entre ses murs, abrite des scandales sexuels à tous les niveaux de sa hiérarchie, et cela au vu et au su de tous ses fidèles plutôt muets, priant pour leur pardon d’un Dieu qui leur est totalement miséricordieux.
La dramaturge canado-congolaise Rachel Mutombo confie : « J’ai écrit cette pièce pour célébrer et honorer la résilience, le courage et l’hilarité des femmes africaines. Face à l’adversité, nous nous élevons, nous trouvons la joie, nous dansons, nous rions. Avec cette pièce, je célèbre mon peuple, les diverses communautés auxquelles j’appartiens et toutes nos complexités. »
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