En avril 1980, le président tchadien, Goukouni Oueddei, déclare à Tripoli la fusion de son pays et de la Libye, suscitant la réprobation de la France – le Tchad étant traditionnellement considéré comme un bastion de la « Françafrique ». Le conflit entre Paris et Tripoli, qui soutient toujours Oueddei renversé par Hissène Habré en décembre 1981, persiste tout au long des années 1980-90. Paris accuse en effet Kadhafi d’ingérence au Tchad, et envoie à deux reprises l’armée soutenir Habré contre l’avancée des forces de Oueddei soutenues par l’armée libyenne (Opération Manta lancée en 1983, puis Opération Épervier lancée en 1986 et prorogée en 2004).
Selon le magistrat italien Rosario Priore et l’ex-président de la République italienne Francesco Cossiga, il fait l’objet en juin 1980 d’une tentative d’assassinat par l’OTAN, au cours de laquelle celle-ci aurait abattu par erreur un DC-9 civil italien, faisant 80 morts. Paris niera toujours avoir été impliqué dans l’affaire. L’enquête sur la tragédie d’Ustica demeure, en juin 2010, ouverte.
De 1999 à 2007, l’affaire des infirmières bulgares, qui ont été torturées et jugées par les autorités libyennes pour la prétendue contamination d’enfants libyens par le virus du sida est fortement médiatisée à travers le monde.
Racontons. Au tout début de 1999, les services médicaux libyens découvrent que plus de 400 enfants soignés dans à l’Hôpital des enfants de Benghazi et ayant subi des transfusions sanguines sont infectés par le VIH. Vingt-trois Bulgares travaillent dans ou pour l’hôpital et un médecin palestinien sont alors arrêtés et incarcérés, ce dernier et les cinq infirmières étant accusés, à la suite d’une enquête judiciaire, de plusieurs crimes, certains passibles de la peine de mort :
- Actions criminelles sur le territoire libyen menant à l’homicide prémédité de plusieurs personnes (crime passible de la peine de mort) ;
- Participation à un complot organisé étranger pour commettre un crime de terrorisme international avec objectif d’atteindre à la sécurité de l’État libyen ;
- Contamination volontaire par le VIH d’au moins 393 enfants, ayant déclenché une épidémie de sida à l’Hôpital des enfants Al-Fatih de Benghazi;
Actions contraires à la norme et aux traditions libyennes (dont fabrication et consommation d’alcool, adultère et luxure).
Durant les huit années de procédures judiciaires en Libye, une cinquantaine d’enfants infectés mourront du sida ou de maladies opportunes.
Le 24 juillet 2007, après que leur condamnation à mort, confirmée en appel, a été commuée en prison à vie, les cinq infirmières et le médecin furent finalement extradés vers la Bulgarie après de longues tractations menées par l’Union européenne et la proposition d’une indemnisation financière des familles de malades. Ils ont été rapatriés dans un avion français, et furent graciés par le président bulgare dès leur arrivée à Sofia. Début novembre 2007, Nicolas Sarkozy, accompagné de la chanteuse Sylvie Vartan qui a beaucoup fait pour la médiatisation de cette affaire et pour leur libération, ont rendu visite aux infirmières et au médecin. Le président a reçu à cette occasion une décoration remise par le président de la Bulgarie.
Le président libyen Mouammar Kadhafi a initialement accusé la CIA américaine ou le Mossad israélien du complot de conduire une expérimentation fatale sur les enfants libyens.
Kadhafi entame plus tard des négociations diplomatiques, pendant toute l’année 2003, entre responsables libyens, britanniques et américains, et annonce en décembre de la même année qu’il renonce officiellement à son programme d’armes de destruction massive. Enfin, en mars 2004, il signe le protocole additionnel du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Selon Jean-François Daguzan, la Libye s’efforce de renouer les fils avec l’Occident, mais « il n’est pas sûr que ce soit Kadhafi, mais le cercle de pouvoir autour de lui a pris conscience que jouer au grand perturbateur n’était pas forcément payant. L’Irak en a été la démonstration »
Kadhafi tente de convaincre les dirigeants des autres pays africains de créer les « États Unis d’Afrique ». L’idée des États unis d’Afrique est proposée dès 1924 par l’écrivain jamaïcain Marcus Garvey, qui rêvait d’une Afrique forte, solidaire et prospère. Le Guide considère en effet que c’est le meilleur moyen de développement pour le continent africain. Ce projet passerait par la création d’une monnaie unique et d’une seule armée formée de 2 000 000 de militaires. Kadhafi porte souvent un badge représentant l’Afrique sur son uniforme.
En 2007, il se rend ainsi à Bamako, à Abidjan ou encore à Accra, pour présenter son projet d’un gouvernement unique pour l’Afrique, un État fédéral. Le projet reste embryonnaire.
Le 2 février 2009, il est élu président de l’Union africaine pour un mandat d’un an, lors du sommet d’Addis-Abeba, en Éthiopie. Lorsqu’il prit la présidence tournante de l’Union africaine début 2009, le colonel Kadhafi présenta à nouveau le projet d’États Unis d’Afrique aux pays africains.
Si les aspirations du dictateur ont maintenant plafonné, les ambitions de la Libye devraient être plus modestes. Dans le même ordre d’idées, la Chine se verra plus présente et plus forte sur le continent africain sans aucune voix unie et forte.
Après son rêve sur leadership panarabe, Kadhafi a canalisé des milliards de dollars en cultivant des relations en Afrique subsaharienne qui faciliterait son leadership de l’Union africaine – WikiLeaks
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