En République démocratique du Congo, dans la ville de Kamako, à sept kilomètres (quatre miles) de la frontière angolaise, on y rencontre 10 femmes assises sur des canapés disposés en cercle dans une ONG locale qui aide les migrants en détresse.
Thérèse Tshanga est l’une d’elles. Cette femme congolaise de 38 ans fait partie des centaines de milliers de migrants expulsés de l’Angola depuis 2003. Berçant un bébé dans ses bras et affichant une cicatrice fraîche sur son front, se raconte.
Mme Tshanga dit qu’elle était à la recherche d’un emploi, le 28 septembre en Angola, quand des hommes en uniforme l’ont emmenée de force dans la brousse.
« Trois soldats sont venus me violer. Je ne pouvais résister aux deux premiers soldats. Arrivée au troisième, je me suis débattu et de ses dents, il m’a fait cette marque au visage », dit-elle en montrant la cicatrice.
Après avoir été détenue pendant trois jours dans la brousse angolaise et trois jours de plus dans une prison près de la ville frontière de Dundu, Mme Tshanga dit qu’elle a finalement été expulsée vers son pays natal, le RD Congo avec son neveu. Elle a perdu contact avec sa mère.
La ville de Kamako fourmille de déportés avec des histoires similaires. Jacquie Kasokome affirme qu’elle a été violée par des cinq soldats angolais. Une autre femme a déclaré s’être faite déshabillé et fouillée par les gardes frontaliers qui cherchaient de l’argent et des diamants. Ils ont inséré leurs doigts dans chacune de ses cavités corporelles, puis ont volé ses vêtements et ses chaussures avant de la jeter hors du pays.
Quant aux hommes, la plupart d’entre eux avouent traverser illégalement en Angola pour travailler dans les mines de diamants. Ils rapportent les coups sévères qu’ils reçoivent s’ils sont capturés par les services de sécurité angolais. « J’ai souvent été tabassé. Mon oreille ne fonctionne plus efficacement en raison d’un coup que j’ai pris par ici », se plaint Mubikay Mupani, en montrant le côté de sa tête.
Mme Tshanga dit que ses attaquants ont expliqué qu’ils la violaient afin que les Congolais ne viennent pas en Angola. Comme il ne comprenne pas d’après les dires du soldat, ils les violent.
Malgré tout, M. Mupani, un jeune père, dit qu’il n’a aucun espoir de vie décente avec sa famille en République démocratique du Congo et il envisage de retourner en Angola, même s’il risque à nouveau d’être expulsé.
Les responsables congolais et les travailleurs humanitaires disent que les expulsions violentes ont commencé vers la fin 2003, lorsque le gouvernement de Luanda a renforcé le contrôle sur son territoire après la fin de la guerre civile angolaise et a banni les étrangers des mines de diamants.
Simultanément en RD Congo un conflit prenait fin, avec un nouveau gouvernement de transition — dirigé par le président Joseph Kabila, certains ex-rebelles prirent des fonctions officielles, résultant sur une loi permettant aux riches particuliers ou des entreprises d’acheter des concessions minières, délaissant des milliers de petits mineurs sans revenus. Cette manoeuvre força plusieurs a quittés pour l’Angola.
Depuis le 1er avril 2011, les autorités d’immigration de la RD Congo ont enregistré 38 000 déportations. Près de la moitié ont dit que tous leurs biens avaient été volés au cours de leur déportation. Plus de 2000 des déportés ont affirmé avoir subi des violences sexuelles, et 7000 ont rapporté d’autres formes de violence physique.
Les expulsions n’ont jamais été aussi élevées dans l’agenda diplomatique entre l’Angola et la RD Congo. Kinshasa a déposé une plainte officielle en mai dernier, quand un homme a rapporté avoir eu son pénis coupé après qu’il a été arrêté par les forces de sécurité de l’Angola.
Et la situation s’envenime. Le 5 octobre 2011, selon plusieurs sources, les militaires auraient attaqué un village habité par des Congolais en terre angolaise selon Antonion Mangia, un coordinateur d’International Committee for the Development of Peoples (CISP). Il a ajouté que plus de 3.400 personnes ont fui l’attaque vers RD Congo. Plus de 300 femmes auraient été violées et plusieurs ont trouvé la mort en tentant de traverser la rivière.
Un porte-parole de l’Ambassade de l’Angola à Kinshasa, Joao Gomes, a rejeté les accusations portées contre les services de sécurité de son pays, mais insistait sur le fait que l’Angola avait le droit de protéger ses mines de diamants.
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