Provenant de Port de Paix dans le Nord de l’île d’Haïti, l’artiste (musicien, auteur, compositeur et interprète) Jean-François Mandela émerveille nos sens de sa voix douce et claire, les consonances mielleuses et chaudes des titres de son album «VWA PAM » (disponible sur Itunes) ont déjà séduit de grandes voix de la scène afro telles que : Jocelyn Béroard, Belo, BIC… Du haut de ses 28 printemps, le talentueux crooner n’a que le ciel pour limite, tête à tête avec l’étoile montante de la musique.
« Quelles que soient les conditions que l’on vous aime ou pas, donnez de l’amour. »
Qui est Mandela?
J’ai grandi dans une famille protestante auprès de ma mère, ma grand-mère, mes frères et sœurs, je suis le 3e des 5 enfants. Dans mon quartier d’enfance, nous chantions entre amis l’un d’entre eux handicapé et plus âgé que moi nommé Annonce a été celui qui m’a aidé à acquérir un bon niveau.
J’ai commencé la musique plus sérieusement à 12 ans par le biais d’un concours de chant organisé dans mon école par le responsable culturel Monsieur Alexis Wilkinson , j’ai interprété « I believe I can fly » de R Kelly et j’ai remporté cette édition ! Tout le monde m’a encouragé à continuer parce qu’initialement je rêvais d’être footballeur, je me projetais menant une vie d’artiste et vous savez dans la vie certaines pensées finissent par se concrétiser. Je remercie d’ailleurs Dieu et toutes les personnes qui m’ont soutenu jusqu’aujourd’hui.
Ce concours a donc été porteur dans votre existence.
Le 13 janvier 2010 après le tremblement de terre en Haïti, j’ai enregistré mon premier titre en studio, grâce à l’alliance française j’ai rencontré BIC dont j’ai pu faire la première partie, j’ai repris l’une de ses chansons et il a apprécié nous avons donc effectué un duo figurant dans son album sorti en 2012. BIC m’a ensuite introduit à mon modèle de jeunesse BELO, je lui ai exprimé que je souhaitais travailler avec lui et cela s’est réalisé, c’est à partir de ce moment que l’aventure a réellement commencé ! J’aime apporter de l’émotion, on m’a conseillé un jour de prendre du plaisir lorsque je jouais ainsi j’allais transmettre cela à mon public, et cela a fonctionné, il faut toujours qu’une chanson me touche avant de la présenter au public.
Quels autres artistes ont également inspirés votre œuvre ? Et avec lesquels souhaiteriez-vous collaborer ?
Wyclef Jean m’a beaucoup inspiré ainsi que les artistes que j’ai cités précédemment. J’aimerai collaborer avec des artistes tels que Corneille. Lorsque l’on est instrumentiste, il est la référence! Sinquila, Youssoupha, Kuami Eugene, Davido, Fally Ipupa… Je me reconnais en eux tous sans toutefois occulter les autres artistes d’autres continents. Je souhaite faire connaître ma musique à l’international et faire fusionner la musique afro.
Êtes-vous autodidacte? Vous semblez avoir une inspiration très fertile.
À la base, je le suis, mais j’ai amélioré mon jeu grâce à des professionnels également et cela donne la musicalité Mandela ! J’écris, je joue et j’arrange toutes mes musiques. Mon entourage, ma propre vie, mon pays et l’amour m’inspirent, je chante ce que je vis ! Mes chansons sont des tubes en Haïti, il y a beaucoup de diversité musicale dans la patrie de Dessalines, le style de musique que je fais s’appelle le roll beat. C’est toujours gratifiant quand le public chante tes chansons en concert, j’aime beaucoup le live, être sur scène, d’ailleurs c’est l’une des raisons pour laquelle j’apporte un grand soin à ce que le son demeure le même qu’en audio.
Vous portez le même nom qu’un illustre symbole de la culture afro.
Oui, d’ailleurs il s’agit de mon vrai nom. Mon grand frère alors qu’il n’avait pas 10 ans avait demandé à ma mère de m’appeler ainsi pourtant il ne connaissait pas encore l’identité de Nelson Mandela, mais il a insisté auprès d’elle pour que je porte ce nom. En grandissant, j’ai découvert l’histoire de l’illustre personnage qui me coïncide tant dans ses valeurs et engagements, cela a émergé en moi. Nelson Mandela était un homme pacifiste, simple et empli d’amour tout comme moi ! Cette énigme concernant le choix de mon prénom par mon aîné est un mystère qui ne sera jamais élucidé !
Haïti est une île qui fait beaucoup parler et qui suscite les passions. Quelle méconnaissance a encore le public concernant le pays?
Les préjugés sur Haïti sont nombreux, celui qui vient en tête est le vaudou ! La méconnaissance de cette discipline est grande en effet seuls les aspects négatifs sont démontrés. Je ne pratique pas le vaudou, je viens d’une famille très religieuse, cependant je suis tolérant face aux croyances des gens, il y a beaucoup de gens positifs qui pratiquent le vaudou pour faire le bien. Les gens pensent également que les Haïtiens n’ont pas d’amour et que le noir est forcément négatif et méchant. Selon moi, l’obscurité peut être le symbole de l’amour et la sagesse également, car à l’intérieur du mal réside toujours la lumière. Haïti est une terre accueillante et chaleureuse, il y a des problèmes partout dans le monde, et le ras-le-bol des populations est dû à l’inaction des gouvernements face à des situations difficiles.
Vous semblez être fier de vos racines afro-caribéennes.
Les Haïtiens de la diaspora viennent toujours dans l’île pour se ressourcer et ce sentiment s’accentue également dans le désir du retour en Afrique, car nous considérons que c’est notre terre et notre racine. Nous sommes informés des dérives liées à l’esclavage et la colonisation qui a provoqué cette séparation par l’océan. Cependant, notre culture haïtienne est calquée à notre origine africaine, il est vrai que la musique de la terre-mère est celle qui a le plus de succès en Haïti, les tambours et les percussions sont les emblèmes de l’île, d’ailleurs les paysages africains et haïtiens sont similaires à certains endroits, l’Afrique et Haïti sont scellés ! C’est vrai que je suis amoureux de la terre-mère car je suis très attachée à ma racine africaine, je souhaiterai découvrir tout le continent noir et un jour toucher de mes mains le sable rouge de la terre de mes ancêtres. Vous savez avec ma couleur de peau et mon nom, il est difficile de ne pas me confondre avec un Africain! (Rires) J’aimerai aussi faire dissiper les préjugés sur Haïti à travers la positivité que je propose et que les gens cessent de penser qu’il n’y a que du mal qui peut survenir de la terre de Toussaint Louverture !
Comment contrer le fléau de la jalousie?
La jalousie est un fléau planétaire que je mets de côté, il n’y a que des gens possédés par le mal qui peuvent se laisser consumer par cette énergie négative, en effet je suis quelqu’un qui souhaite le bien de tout le monde et que l’on avance tous ensemble. Je travaille avec mon staff depuis le début, car c’est une histoire d’amitié et de loyauté surtout, ils sont devenus ma famille, je suis fan de mon groupe, je mets l’égo de côté, j’aime évoluer dans une ambiance détendue.
Quel est le secret de votre douceur masculine?
Ma mère et ma grand-mère m’ont transmis énormément d’amour et de douceur, d’où mon caractère apaisé et je le partage avec tout le monde. Je suis très attachée à ma famille et ce cercle de paix autour de moi. J’aime les gens en général, riche ou pauvre, noir ou blanc. Je me fâche pour quelques secondes seulement, car je préfère rire que de m’énerver, cela aide à rester jeune et c’est bon pour la santé ! Je voudrais que nous apprenions à nous donner de l’amour, car quand il y a de l’amour le mal n’existe pas.
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