Cinq années après l’indépendance, en 1967, toutes les bases françaises au Sahara Algérien évacuées, à l’exception de la base B2-Namous, puisqu’en 1965, le général de Gaulle lui-même ordonne secrètement la continuité des activités chimiques dans cette base. Le 27 mai 1967, l’état-major français déclare qu’un accord-cadre sur la base B2-Namous est signé, en catimini, par le nouvel ambassadeur de France à Alger, Pierre de Leusse, et le commandant Abdelkader Chabou. Selon Paris, la France obtient un nouveau délai de cinq ans. Mais les conditions ont changé. Les militaires français travailleront sous couverture civile. Pour cela une filiale de Thomson, la Sodeteg, proche des services français, sera leur employeur officiel. Paris, ressort encore le 4 décembre 1967, un autre accord secret entre les deux parties, qui détaille les modalités du camouflage. Il s’agit de la surveillance extérieure de la base qui sera assurée par l’ANP et l’entreprise française Sodeteg sera considérée comme une société qui travaille pour le compte de l’Algérie.
En 1972, selon toujours Paris, le 1er février, l’ambassadeur de France à Alger, Jean-Marie Soutou, adresse un message au secrétaire général du Quai-d’Orsay, Hervé Alphand, il explique : L’attaché militaire de l’ambassade a « aujourd’hui rendu visite au secrétaire général de la Défense nationale d’Algérie pour l’entretenir de nos ventes d’armes » Et, surprise, « son interlocuteur a spontanément évoqué la possibilité d’une participation de techniciens algériens à nos essais de B2-Namous. Il a ajouté que cette coopération pourrait commencer dès la prochaine campagne d’essais, autrement dit avant l’expiration de l’accord » l’ambassadeur demande : « L’exigence du secret des expériences est-elle compatible avec une participation algérienne?».La réponse de Paris, était frappée de brouillard, dans un sens, le ministre répond par l’affirmatif, Oui, une possibilité de participation algérienne, mais limitée à 5 ou 6 techniciens spécialisés, qui assisteront uniquement aux essais!.
En suivant ce dossier secret, mis à jour selon Paris, nous constatons qu’Alger a exigé aussi par la personne du colonel Latrach, que la France forme aussi des spécialistes algériens dans les armes chimiques…
On constate dans cette « transaction » deux hauts officiers supérieurs algériens qui suivaient l’affaire de la base B2-Namous, il s’agit du commandant Abdelkader Chabou, mort depuis dans l’explosion de son hélicoptère et le colonel Latrach, ce dernier c’est abstenu de tous commentaires à l’époque. Cependant les membres du GPRA ; Benyoucef Benkhedda ancien président du gouvernement provisoire de la République Algérienne avait adressé le 24 octobre 1997 une mise au point sous le titre : ‘’ Il n’y a jamais eu d’annexe secrète aux accords d’Evian’’ –« Dans une déclaration faite à Paris par M. Pierre Messmer à propos d’un centre d’expérimentation au Sahara, l’ancien ministre français de la Défense fait état « d’une annexe secrète aux accords d’Evian ». Je tiens à préciser qu’il n’y a jamais eu « d’annexe secrète » à ces accords signés le 18 mars 1962 entre le GPRA et le gouvernement français, et dont le texte entier a été rendu public en son temps.
M. Reda Malek, déclare : « A ma connaissance, il n’y a pas eu d’annexes secrètes à Evian sur les armes chimiques et bactériologiques; si après l’indépendance, le gouvernement algérien a signé un quelconque accord secret avec la France, ceci est une autre affaire. A Evian, il n’y a rien eu de précis sur ce sujet».
M’hammed Yazid qui est aussi ancien ministre du GPRA, il a déclaré : « Il n’y a eu ni clauses ni annexes secrètes aux accords d’Evian. Le GPRA ayant formellement déclaré que le gouvernement français proposait de faire une dernière expérience sur le site de Reggane avant de le démanteler, a refusé de donner son approbation et s’est réservé le droit de réagir que l’expérience ait lieu avant la date de l’indépendance ou après (…). Les déclarations de M. Messmer sont à prendre avec circonspection jusqu’à ce que des preuves, s’il y’en a, soient révélées »
1997, le ministre algérien Attaf mélange les cartes
Le 23 octobre 1997 M. Ahmed Attaf, ministre des Affaires étrangères fera une déclaration officielle, devant une plate forme de journaliste, en précisant que les essais chimiques auquel se seraient livrés les Français en Algérie étaient en fait « des opérations de décontamination » que les autorités françaises devaient effectuer une fois les sites évacués comme convenu en 1967. Les accords d’Evian signés en 1962 entre l’Algérie et la France autorisaient cette dernière à poursuivre des activités spéciales, atomiques et chimiques. Elles devaient néanmoins prendre fin en 1967, pour permettre la décontamination des lieux, dont celui de Reggane et Oued Namous. Au vu des difficultés à mener à terme la décontamination, les responsables des deux pays avaient convenu d’un accord de prorogation… Cela se passait au début des années soixante-dix. Affirme M. Attaf, les relations entre les deux pays traversaient alors une période de turbulences et de tensions suite aux décisions de Boumediene de nationaliser les avoirs des sociétés pétrolières françaises. La décision du président algérien mettait donc un terme aux activités militaires sur la base secrète B2-Namous ».
Toutefois, en 1982, le gouvernement de François Mitterrand annonçait la possibilité d’existence de matériaux chimiques en Algérie comme vestiges de la Seconde Guerre mondiale. Curieusement, l’affaire ne fit pas de bruit ou alors l’avait-on vite étouffée. 15 années plus tard, en 1997 le dossier surgit, avec des contradictions entre les deux signataires des accords d’Evian.
2013, cette semaine, la même affaire resurgit à travers le magazine ‘’Jeune-Afrique’’ en incluant une prise de colère de Abdelaziz Bouteflika.
Ceux qui remuent ce dossier, que cherchent t-ils ? Est-ce vraiment Bouteflika n’était pas mis au parfum ?Ou est-ce que le commandant Chabou a agi de propre chef ? Autant de questions qui se posent.
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