L’aide britannique au Rwanda « finance un dictateur » selon une déclaration de David Himbara, l’ancien principal conseiller de Paul Kagame, puissant dans son temps, puis exilé en Afrique du Sud, le docteur incarnait l’homme derrière le trône.
L’aide de près de 430 millions de dollars destinée au « pays des mille collines » au cours des trois prochaines années assure « le maintien d’un mauvais régime », a déclaré David Himbara, qui a notamment étudié au Canada, pays où il rencontra sa femme elle-même originaire de Guyana.
On présume que le régime de Kagame finance l’armement d’une rébellion sanglante dans la République Démocratique du Congo voisine, dans un conflit marqué par l’utilisation d’enfants-soldats ainsi que des viols et des assassinats.
On a même signifié qu’un ministre de la Défense rwandaise coordonnait des opérations militaires à l’intérieur du Congo. Les affirmations de M. Himbara jettent le doute sur la sagesse de l’engagement de l’aide étrangère.
La Grande-Bretagne a promis une aide pour le président Kagame à un taux de plus de 128 M$ par an jusqu’en 2015. Cependant, les paiements ont été suspendus pendant l’été en raison de préoccupations au sujet du conflit au Congo. Toutefois, l’ancien ministre du Développement international Andrew Mitchell — qui a développé une étroite amitié avec le Président Kagame — a permis l’attribution d’un chèque d’un peu plus de 25 M$ le dernier jour de son mandat avant d’être remercié lors du remaniement en septembre dernier.
Le mois prochain, sa remplaçante, Justine Greening, devra décider s’il faut reprendre l’aide ou la geler pour une durée indéterminée à la lumière d’un rapport du Conseil de sécurité dans la rébellion par le mouvement M23 au Congo, qui a accusé encore une fois le Rwanda de financer les rebelles.
M. Himbara a fui vers l’Afrique du Sud après s’être brouillé avec le président Kagamé, et il craint que son nom figure sur une liste noire au Rwanda.
Diffusé sur Channel 4, une chaîne de télévision britannique du service public, M. Himbara exprime à l’émission Dispatches: « La Grande-Bretagne ne finance pas le Rwanda. Il finance un dictateur. Qu’aucun contribuable britannique ne se flatte ou ne pense qu’ils aident le Rwanda. Non, vous ne faites qu’étendre leur misère. »
Il a ajouté que l’aide au Rwanda ne peut être justifiée. Comment pouvez-vous tenir des gens pour responsables là où il n’existe pas de média, où il n’existe pas de parti d’opposition, où le Parlement est responsable devant un seul homme?
M. Himbara prétend que l’aide britannique achète l’influence diplomatique à Kigali. Le financement de Londres au Rwanda a doublé depuis que la coalition de M. Cameron est arrivée au pouvoir. Cet argent est offert comme mandat premier de reconstruire un pays qui se remet des effets du génocide dans lequel 800 000 personnes ont été tuées en 1994.
5 % de l’argent dépensé par le gouvernement rwandais provient de l’argent de l’aide britannique, pour laquelle le président Kagamé est censé rendre la pareille en protégeant les droits de l’homme, la promotion de la démocratie, et de travailler pour la paix.
Cependant, Dispatches informe que malgré des demandes répétées, les autorités britanniques ont été incapables de fournir de programmes avec des exemples concrets de projets financés par l’argent.
Le mois dernier, M. Cameron a défendu la décision de débloquer la dernière tranche de 25 millions $ d’aide. Il insiste : « Je suis clair, le Rwanda a été, et continue d’être, un exemple de réussite. Un pays qui a connu le génocide pour maintenant être un modèle de développement et de faire sortir les gens de la pauvreté en Afrique. » et puis: « Je suis fier du fait que le dernier gouvernement, et ce gouvernement ont continué à investir dans ce succès. »
L’aide britannique a été de nouveau suspendue après la publication du rapport du Conseil de sécurité de l’ONU.
Tant le ministre des Affaires étrangères, William Hague, et Mme Greening, ont dit que le rapport contient des preuves « crédibles et convaincantes » du soutien de Kagame pour les rebelles. Le M23 a commencé ses opérations au Congo, au printemps. Son attaque sur Goma est décrite dans le pays comme « l’occupation rwandaise ».
La ville de Goma, qui se trouve à la frontière avec le Rwanda, a été capturée par les forces du M23. Un demi-million de personnes aurait été déplacé. Dans les faits, cette opération militaire serait impossible sans l’afflux de capital quelconque.
Le mouvement rebelle dirigé par le général Bosco Ntaganda, surnommé le « Terminator ». Ntaganda a été accusé d’enlèvement d’enfants qu’il utiliserait en tant qu’enfants-soldats, et ses rebelles auraient commis des viols et des assassinats sommaires.
Le ministre déchut du Développement international, M. Mitchell a dit aux députés plus tôt ce mois-ci que sa décision de rétablir l’aide a été « faite avec une régularité complète ». Il a dit qu’il « fut offensé » par les médias qui le dépeignent comme un « ministre malhonnête qui a signé des chèques occultes pour les allouer à des régimes douteux ».
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