Jack Roosevelt Robinson, dit Jackie Robinson, né le 31 janvier 1919 à Cairo en Géorgie et mort le 24 octobre1972 à Stamford dans le Connecticut, est un joueur américain de baseball ayant évolué en Ligue majeure de 1947 à 1956.
Il est le premier Noir à jouer en Ligue majeure (15 avril 1947) depuis l’interdiction posée à ce niveau depuis soixante ans par les propriétaires de clubs, qui s’appuyaient sur les décisions de la Cour suprême des États-Unis. Infatigable militant de la cause égalitaire, il ouvre la voie à la « Révolution des droits civiques ».
Meilleur recrue du baseball américain en 1947, meilleur joueur des Ligues majeures et leader à la moyenne au bâton en 1949 et membre de l’équipe d’étoiles en 1949, 1950, 1951, 1952, 1953 et 1954, il est élu au Temple de la renommée du baseball en 1962, dès sa première année d’éligibilité. En 1999, il est nommé dans l’Équipe du siècle. Le numéro 42 que portait Robinson est retiré chez les Dodgers en 1972 puis, honneur unique, de l’ensemble des franchises de baseball de la MLB le 15 avril 1997. Depuis 2004, la Ligue dédie le 15 avril à la mémoire de Robinson avec le « Jackie Robinson Day ».
Jack Roosevelt Robinson voit le jour le 31 janvier 1919 à Cairo dans l’État de Géorgie en pleine épidémie de « grippe espagnole ». Mallie, sa mère, choisit Roosevelt comme deuxième prénom en hommage au président Theodore Roosevelt, mort vingt-cinq jours avant la naissance de Jackie. Après l’abandon de domicile du père de famille alors que Jackie n’a que six mois, la famille Robinson déménage en 1920 à Pasadena en Californie. Jackie y passe son enfance dans un quartier pauvre.
Frère de Matthew « Mack » Robinson, médaille d’argent olympique sur 200 mètres derrière Jesse Owens en 1936, Jackie Robinson est un athlète complet durant sa jeunesse.
Il débute des cours universitaires à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) et porte avec succès les couleurs des UCLA Bruins de 1939 à 1941 devenant le premier étudiant d’UCLA avec quatre lettres de recommandations sportives : athlétisme, basket-ball, football américain et baseball
En basket-ball, il est le meilleur marqueur de la division sud de la Pacific Coast Conference pendant deux saisons (1940 et 1941). En football américain, il est le meilleur au niveau national en matière de retour de punt en 1939 (16,5 yards de moyenne) et 1940 (21 yards de moyenne)
À la suite de l’attaque sur Pearl Harbor du 7 décembre 1941, Jackie Robinson tente de s’engager dans l’armée, mais sa demande est rejetée. Les Noirs ne sont pas les bienvenus dans l’armée américaine. Face aux pressions des militaires, la Croix-Rouge américaine accepte même de séparer les culots de sang de « Noirs » et de « Blancs » dans les banques du sang.
Robinson est finalement recruté le 23 octobre 1945 par Branch Rickey, manager général des Dodgers de Brooklyn (Ligue majeure de baseball). Rickey, qui est un homme très urbain, passe deux heures en tête-à-tête avec Jackie, pour lui expliquer le calvaire qui l’attend. Rickey abreuve ainsi longuement Jackie d’insultes racistes, le met en situation face à des réactions vexatoires ou haineuses, et lui demande s’il est capable de rester de marbre, pendant au moins trois ans. C’est, selon Rickey, le temps nécessaire qu’il faudra au public et aux médias pour accepter cette révolution. Robinson refuse de donner sa réponse sur-le-champ et réclame une journée de réflexion. Le lendemain, il accepte de relever le défi.
Le jeune marié Jackie Robinson, qui épouse Rachel Isum le 10 février 1946 à Los Angeles, a encore besoin de s’aguerrir ; il joue une saison en ligue mineure avec les Royaux de Montréal, club de la Ligue internationale (AAA) affilié aux Dodgers. Ce crochet par le Québec permet également de tester les réactions du public, des médias et des joueurs. Quand Rickey annonce l’arrivée de Robinson à Clay Hopper, manager des Royaux, ce dernier n’est pas très emballé à l’idée de travailler avec un joueur noir. Cet homme du Sud va jusqu’à interroger Rickey : « Pensez-vous vraiment que les Noirs sont des êtres humains ? ». Il change vite d’avis au contact de Robinson…
Jackie fait son entrée en jeu en match amical de préparation le 17 mars à Daytona Beach, devant 4 000 spectateurs dont un millier de spectateurs noirs. Le 21, un match est programmé à Jacksonville. Les autorités sportives locales rappellent alors que les joueurs noirs ne peuvent jouer avec les joueurs blancs ; Rickey préfère annuler la rencontre. D’autres rencontres sont ensuite annulées à Savannah, Richmond et DeLand. Loin de se résigner, Rickey engage au contraire deux autres joueurs noirs : Roy Campanella et Don Newcombe pour la saison suivante. La cause de l’intégration reçoit alors l’appui de la franchise National Football League (NFL) de football américain des Rams de Los Angeles qui annonce en mars la signature de Kenny Washington, premier joueur noir de l’histoire de la NFL. Washington faisait équipe avec Jackie chez les UCLA Bruins. Avec Woody Strode, ils formaient le Gold Dust Trio d’UCLA.
La saison 1946 de Robinson chez les Royaux est couverte au jour le jour par les médias nationaux : le public noir en oublie l’existence des Negro Leagues faisant dès 1946 de Robinson son héros, tandis que le public blanc suit, avec passion, cette tentative osée dans un pays profondément marqué par la ségrégation. Et dès son premier match de championnat, le 18 avril 1946, il ne déçoit pas ses fans en frappant un coup de circuit.
L’influence de Jackie Robinson sur la société américaine est majeure. Il ne fut pas le premier Noir à s’illustrer sur la scène médiatique, mais il fut bien le premier à utiliser sa médiatisation au service de son combat : l’égalité. Ses actions furent déterminantes pour la « Révolution des droits civiques ». Le lanceur partant Ralph Branca, qui évolua aux côtés de Jackie chez les Dodgers, déclare ainsi que « Jackie a frayé la voie à Rosa Parks, Martin Luther King et tous les autres dirigeants noirs qui allaient se battre pour l’égalité raciale ».
L’épilogue de l’autobiographie de Jackie s’ouvre par une fameuse citation pleine d’altruisme qui sera gravée sur sa tombe : « A life is not important except in the impact it has on other lives. » (« une vie n’est pas importante exceptée l’impact qu’elle a sur d’autres vies »).
Avant la publication de ses mémoires en 1972, Jackie utilise le cinéma, les journaux et la radio pour faire avancer la cause de l’égalité. Dès le début des années 1950, il prend ainsi part à l’émission radiophonique This I believe sur CBS, qui propose à ses invités une présentation de leur philosophie de la vie. Robinson est brillant lors de ce programme diffusé pour la première fois le 7 décembre 1952 en utilisant des formules qui seront ensuite largement reprises : « je crois en la race humaine », « pas de garanties, mais une chance » ou « je crois en la bonté d’une société libre », notamment. À ceux qui lui font remarquer que la société américaine est trop ancrée dans ses approches raciales, il répond au contraire que ce combat est gagnable, et qu’il sera gagné : « Le progrès modifiera les dogmes en vigueur aujourd’hui ».
En prélude à la Convention du Parti démocrate du 25 au 28 août 2008 qui porte officiellement Barack Obama à la candidature pour la présidence des États-Unis, Jesse Jackson Jr. utilise l’exemple de Robinson, et appelle HillaryBill Clinton et à avoir une réaction à la Pee Wee Reese en acceptant l’homme Noir.
En matière de baseball, Jackie introduit en Ligue majeure le jeu qui se pratiquait en Negro Leagues mettant ainsi fin à l’ère des longues balles, époque à laquelle seuls les coups de circuit étaient rois. Malgré ses performances et ses apports sur l’évolution du jeu, le Sporting News ne classe Robinson qu’au 44e rang dans sa liste des 100 meilleurs joueurs de baseball publiée en 1999. Bill James explique dans son Historical Baseball Abstract que Robinson est perçu comme un personnage historique et pas un joueur de baseball, aussi, on minore ses performances sportives. Il classe Robinson 32e meilleur joueur de baseball de l’histoire. En 1999, Jackie est élu par les fans au sein l’Équipe du siècle comme joueur de deuxième base devant Rogers Hornsby et Joe Morgan.
« L’histoire de Jackie Robinson est pour les Américains ce que L’Exode est pour les Juifs. Elle doit être racontée de génération en génération afin de n’être jamais oubliée. » – Jules Tygiel, historien
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