Une entité légale américaine a demandé à Google, l’une des plus imposantes entreprises du marché de l’internet, de retirer une vidéo démontrant de la brutalité policière sur YouTube selon le nouveau rapport de transparence émis par celui-ci.
Google qui avait un chiffre d’affaires croissant de 23,651 milliards de $ US en 2009 a indiqué qu’il a refusé d’acquiescer à la demande, qui fut placée quelque part entre les mois de janvier et de juin de cette année, même si elle n’a pas précisé pourquoi.
« Nous avons reçu une demande d’un organisme représentant la justice américaine afin de retirer certains vidéos sur YouTube démontrant de la brutalité policière, ce que nous avons refusé », selon le rapport de transparence de Google. « Par ailleurs, nous avons également reçu des demandes auprès d’un autre organisme légal afin de retirer des vidéos qui prétendument diffament les représentants de la loi. Nous ne nous sommes pas conformes à ces demandes »
Parmi les 757 articles que le gouvernement américain a demandé à Google de retirer dans la première moitié de 2011, quatre-vingts pour cent ont été motivés par des allégations de diffamation.
La compagnie s’est pourtant conformée à 63 pour cent des demandes du gouvernement américain. Google a fait remarquer qu’il peut refuser de se plier aux demandes de supprimer du contenu, car l’entité gouvernementale n’a pas réussi à obtenir une ordonnance du tribunal.
« Certaines demandes ne sont pas suffisamment précises afin de déterminer exactement ce que le gouvernement voulait nous faire enlever (par exemple, aucune URL n’est spécifiée dans la demande), et d’autres concernent des allégations de diffamation à travers des lettres informelles d’organismes gouvernementaux, plutôt que d’un tribunal [. ..] », écrit Google. « Nous nous reposons généralement sur les tribunaux afin de déterminer si une déclaration est diffamatoire selon les lois locales.»
Certains journalistes ont loué Google dont le slogan est Don’t be evil (littéralement, « Ne soyez pas malveillants ») pour sa décision de refuser d’acquiescer à la demande gouvernementale, arguant que la manoeuvre crée un précédent puissant : Avec ce rapport, Google semble indiquer que les utilisateurs qui postent de telles vidéos sont sous la protection de la société, qui s’est donné comme mission « d’organiser l’information à l’échelle mondiale et de la rendre universellement accessible et utile ».
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Dans des endroits comme l’Égypte et la Tunisie, la propagation des vidéos décrivant la brutalité du gouvernement semble avoir galvanisé les manifestants. Si Google devait effacer ces vidéos, cela aurait pu avoir un effet néfaste sur plusieurs mouvements populaires tel le Ocupons Wall Street (Occupy Wall Street).
Google tente donc d’envoyer un message à la fois aux utilisateurs et aux gouvernements pour tenter de se positionner comme une ressource fiable.
Dans cette période de turbulences, Google exprime très calmement que ce ne serait pas vraiment faire preuve de tact que de dire haut et fort : Mettez vos données sensibles et vidéos controversées ici », mais il exprime sa position. YouTube se retrouve lui-même souvent au centre de l’attention, et en étant plus accessible aux communautés culturelles, il tient à souligner sa légitimité en matière de ce genre. Le rapport de transparence de Google est une façon pour eux d’encourager les utilisateurs à leur faire confiance, et peut-être, les gouvernements à les respecter davantage.
Entre janvier et juin 2011, des entités gouvernementales américaines ont déposé 5950 demandes de renseignements sur les utilisateurs de Google, dont 93 pour cent ont reçu une réponse positive de la part du géant. Comparativement, pour la même période, le Canada a fait parvenir 9 demandes de retraits de contenu (56 % ont été retirés) et exigé 50 demandes d’informations sur des utilisateurs (48 % ont été fournis).
Les États-Unis trônent en tête du palmarès comme étant le gouvernement qui a placé le troisième plus grand nombre de demandes de suppression de contenu, derrière le Brésil et l’Allemagne, mais devant la Chine. Les États-Unis ont également émis plus de demandes sur les données des utilisateurs, et ce, plus que tout autre pays dans le monde.
La multiplication des services proposés par Google engrange une demande accrue de renseignements sur les utilisateurs : suivi de la navigation et stockage des mots-clés, scan des mails dans Gmail, des informations livrées dans les formulaires, entre autres. Cela pose à chaque innovation la question du respect de leur vie privée, comme le note la philosophe et philologue Barbara Cassin dans son ouvrage sur Google. Google croise ces données pour affiner le profil des utilisateurs, et améliorer le ciblage des publicités sur internet.
Une telle concentration d’informations sur les individus et leur conservation inquiètent les organisations de défense de la vie privée sur internet, comme l’Electronic Frontier Foundation ou le « Groupe de travail de l’article 29 » de la Commission européenne, une nouvelle forme de surveillance très sophistiquée et un danger pour la liberté des personnes. Récemment, Google fut placé tout en bas du classement élaboré par l’ONG Privacy International, qui dit de Google qu’elle est « ennemie du respect de la confidentialité en raison de la surveillance totale des utilisateurs« . Tout ceci est d’autant plus inquiétant depuis que Google a signé un contrat de sécurisation avec le NSA, services secrets des États-Unis d’Amérique, laissant présager la fourniture des informations des usagers à ces services. Google est également attaqué en Allemagne par l’équivalent allemand de la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés), car sa Google Car collecterait toutes les informations sur les HotSpot Wifi et leurs adresses MAC sur son passage.
Seul Google n’a pas réagi à la recommandation du G29 (Union Européenne), c’est-à-dire « de porter à six mois maximum, contre au moins douze mois aujourd’hui, la durée pendant laquelle les moteurs de recherche sur Internet ont le droit de conserver ou d’utiliser les données personnelles »
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