Cette année, en 2018, le prix Nobel de la Paix tombe entre les mains du gynécologue congolais Denis Mukwege ainsi que l’Irakienne Nadia Mural qui a survécu à l’asservissement sexuel par des groupes armés.
Le Dr Mukwege (63 ans) a passé des décennies à s’occuper des victimes d’agression sexuelle dans son pays. Nadia Murad (25 ans) est le reflet du travail acharné du gynécologue puisqu’elle a utilisé sa propre histoire d’esclavage et de viol par l’État islamique pour sensibiliser sur les violations des droits humains que subissent les femmes dans les conflits armés.
« Les deux lauréats ont largement contribué à attirer l’attention sur ces crimes de guerre et à les combattre », a déclaré Berit Reiss-Andersen, présidente du comité Nobel norvégien, en annonçant ce prix, vendredi 5 octobre, à l’institut norvégien Nobel d’Oslo.
Le docteur Denis Mukwege a déclaré qu’il était en train de subir une opération chirurgicale dans son hôpital lorsqu’il a appris qu’il avait remporté le prix – et qu’il dédiait son prix à toutes les victimes de violences sexuelles dans le monde.
Le gouvernement congolais s’est félicité du tout premier Prix Nobel accordé à un Congolais tout en déplorant les « déclarations politisées » du docteur. « Le gouvernement félicite Dénis Mukwege pour cette reconnaissance, par l’Académie Nobel de Suède, du travail important et significatif qu’il fait en faveur de nos compatriotes, particulièrement des femmes victimes de violences sexuelles », a déclaré le porte-parole Lambert Mende sur les ondes de la radio Okapi.
Est-ce que l’État congolais reconnaît le travail abattu par le Dr Mukwege? Écoutez vous-même la réponse de Lambert Mende, président national du parti politique Convention des congolais unis, diplômé en criminologie à l’université libre de Bruxelles :
Denis Mukwege est le symbole le plus fédérateur, au niveau national et international, de la lutte contre la violence sexuelle en temps de guerre et de conflits armés.
Né un premier mars dans le Congo Belge, après des études à l’institut Bwindi de Bukavu « l’homme qui répare les femmes », trouve sa voie à la faculté de médecine du Burundi en 1976 puis se spécialise en gynécologie à l’université d’Angers, en France.
En 1996, lors de la première guerre du Congo, son hôpital est brutalement détruit. Denis Mukwege échappe à la mort alors que plusieurs malades et infirmiers sont assassinés. Il se réfugie à Nairobi, puis décide de retourner au Congo. Avec l’aide du PMU (un organisme caritatif suédois), il y fonde l’hôpital Panzi situé dans le quartier très peuplé de Panzi à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo.
Il se voit alors confronté aux mutilations génitales pratiquées sur les femmes. Profondément marqué par ces violences, il décide de faire connaître au monde la barbarie sexuelle dont sont victimes les femmes à l’Est de la République démocratique du Congo, et d’agir pour leur venir en aide.
Dans une région où le viol collectif est utilisé comme arme de guerre, il se spécialise dans la prise en charge des femmes victimes de ces agressions sexuelles, leur apportant une aide médicale, mais aussi psychique, économique et juridique.
Le nombre de victimes de violences sexuelles arrivant à l’Hôpital et à la Fondation Panzi en RDC se situe en moyenne entre 2 000 et 3 000 personnes par an depuis 2014. Aujourd’hui, en 2018,on dénombre déjà 2 077 victimes de violences sexuelles. Ce chiffre est en augmentation à cause des violences sexuelles perpétrées dans et par les pays voisins.
La Fondation Dr Denis Mukwege, une organisation de défense des droits humains basée aux Pays-Bas, qui tente de pour mettre fin aux violences sexuelles dans les guerres et pour laquelle le gynécologue est un conseiller, a déclaré que le comité du prix Nobel avait envoyé un message clair: les violences sexuelles sont inacceptables et doivent arrêter.
Cette année, 216 personnes et 115 organisations ont été sélectionnées pour le prix. Parmi eux figuraient le groupe d’assistance civile syrienne, les Casques blancs, le journal russe Novaya Gazeta et le lanceur d’alarme américain Edward Snowden. Le prix Nobel de la Paix 2018 vient avec un peu plus d’un million de dollars remit aux récipiendaires.
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