Deux Camerounais interpellés en septembre sont actuellement détenus pour homosexualité à la prison de Yaoundé, a rapporté lundi une organisation de défense des droits de l’homme au Cameroun où les pratiques homosexuelles sont encore interdites.
Au Cameroun, selon la loi, l’ homosexualité :
“Est punie d’un emprisonnement de six mois à cinq ans et d’une amende de 20.000 à 200.000 francs (CFA) toute personne qui a des rapports sexuels avec une personne de son sexe.”
Ainsi, « Deux citoyens camerounais sont actuellement détenus pour homosexualité à la prison centrale de Yaoundé », ils ont été « interpellés le 27 septembre 2010 par des officiers de la brigade de gendarmerie de Yaoundé I », stipule un communiqué de l’ONG Alternatives-Cameroun.
Alternatives-Cameroun est une organisation oeuvrant pour l’égalité, la tolérance et le respect des personnes qui souffrent de l’exclusion sociale.
« Une perquisition effectuée à leur domicile nous a permis de saisir un lot important de préservatifs et lubrifiants à usage homosexuel. Ils reconnaissent être homosexuels », relate le communiqué affirmant citer le procès-verbal de l’audition des deux prévenus.
Leur avocat, Me André Nlend, assure dans le communiqué que « les prévenus n’ont pas été arrêtés en flagrant délit. Il ne leur a pas été rappelé qu’ils avaient droit à un avocat ni de garder le silence. Ils ont subi des examens médicaux forcés alors qu’ils étaient menottés».
Alternatives-Cameroun demande au gouvernement d’oeuvrer à « la libération immédiate » des deux personnes incarcérées et de faire cesser « les arrestations pour homosexualité ».
Des procès pour délit d’homosexualité ont régulièrement lieu au Cameroun. Ainsi, en mai 2005, la gendarmerie a arrêté 9 personnes dans une discothèque de Yaoundé pour ce délit et 7 d’entre eux ont été condamnés à 10 mois d’emprisonnement.
En février 2006 deux Camerounais de 23 ans, ont été condamnés à un an de prison pour délit d’homosexualité. Un autre de 22 ans fut détenu fin 2004, pour le même motif.
En 2009, cinq Camerounais ont été arrêtés pour homosexualité, parmi lesquels « quatre ont séjourné en prison à Douala et Ebolowa », dans le sud, selon Alternatives-Cameroun, qui réclame la dépénalisation de l’homosexualité au Cameroun.
Le 26 mars 2010, lors d’une affaire médiatisée, un Australien et deux Camerounais avaient été interpellés par la police dans le hall d’un hôtel de Douala. Leur procès a été renvoyé à quatre reprises depuis avril.
Début 2006, le journal camerounais La Météo a publié une liste d’homosexuels présumés au sein de personnalités politiques. D’autres journaux ont repris plus tard l’information et l’information a fait grand bruit au sein de la population camerounaise.
Le rédacteur en chef du journal L’Anecdote, François Bikoro Obah, qui a repris ces accusations a déclaré avoir fait « œuvre de salut public » en dénonçant ces personnes. La quasi-totalité des journaux du Cameroun ont soutenu ces journaux dans leur démarche.
Un Camerounais poursuivi par la justice pour homosexualité témoigne que depuis cette affaire, les homosexuels font l’objet d’une véritable « chasse aux sorcières ».
Les actes homosexuels sont encore passibles de peine de mort dans six pays de nos jours : Arabie saoudite, Iran, Nigeria, Mauritanie, Soudan et Yémen. Ces législations sont effectivement appliquées. Ils sont aussi condamnés par des châtiments physiques, ainsi que des peines d’emprisonnements dans plus de 27 pays par le monde. L’homosexualité est illégale dans plus de 100 pays dans le monde, et les homosexuels s’exposent à des procès systématiques.
Les participants de la Conférence internationale sur les droits humains des LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ) de Montréal, qui s’est tenu dans le cadre des premiers Outgames mondiaux 2006, rédigent puis rendent publique, le 29 juillet 2006, la déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT. Elle est diffusée auprès de l’Organisation des Nations unies et des gouvernements nationaux afin de mobiliser leur appui au respect des droits LGBT.
Selon le psychanalyste Sigmund Freud, dont les théories datent des années 1900-1930, l’homosexualité est une « variation de la fonction sexuelle » : c’est une perversion (au sens psychologique du terme, et non moral) du modèle de maturation psychique qu’est le complexe d’Œdipe. Pour lui cependant, il n’y a pas à en avoir honte et un homosexuel heureux n’a pas besoin de « traitement ». Selon lui, seul un homosexuel « malheureux » peut avoir besoin de la psychanalyse, pour analyser la souffrance qu’il peut ressentir en général, au même titre qu’un hétérosexuel.
En 1973, l’Association américaine de psychiatrie retire l’homosexualité de sa liste des maladies mentales (DSM-IV)
La situation est aujourd’hui moins polémique qu’à l’époque. Aucune organisation psychiatrique ou psychologique majeure d’Occident ne considère l’homosexualité comme n’étant une maladie ni un sujet d’intervention en tant que tel.
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