Les affrontements au palais présidentiel du Mali ont éclaté pendant que des mutins de l’armée se sont vantés d’avoir mis fin au régime du président Amadou Toumani Touré, réélu président de la République le 29 mars 2007 avec 71 % des voix.
Le coup d’État militaire s’est opéré avec pour toile de fond une bataille entre l’armée et les touaregs dans le nord du pays. Le porte-parole de ces soldats, le lieutenant Amadou Konaré, a affirmé qu’ils avaient agi pour faire face « à l’incapacité » du régime du président Amadou Toumani Touré « à gérer la crise au nord de notre pays ».
Au cours des deux derniers mois, la colère a fomenté parmi les rangs de l’armée sur la gestion par le gouvernement de la dernière rébellion touareg. Les critiques prétendent que cette situation a exposé l’incapacité du gouvernement à contrôler son territoire national.
Les derniers combats ont éclaté lorsque des rebelles touaregs ont échangé des tirs avec des soldats maliens dans la ville septentrionale de Menaka le 17 janvier 2012, mettant fin à la paix fragile instaurée entre les séparatistes et le gouvernement en 2009.
Le Mali a connu des soulèvements touaregs dans les années 1960, 1990, début 2000, et entre 2006 et 2009, tous centrés autour des peuples nomades exigeants la reconnaissance de leur identité et un État indépendant.
Dans la dernière rébellion, les insurgés se sont organisés sous la bannière du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), un mouvement fondé à la fin de l’année 2011 par une fusion des groupes rebelles. Ce mouvement a pris de l’ampleur par le retour de centaines de Touaregs bien armés et expérimentés rentrant de la lutte pour la fin des années Kadhafi Mouammar en Libye.
Selon les déclarations publiées sur leur site Web, le MNLA a commencé à se battre « pour protéger et progressivement réoccuper le territoire Azawad », citant l’échec du gouvernement malien d’engager un dialogue et le déploiement de troupes dans la région.
Azawad (mot tamasheq signifiant « le territoire de transhumance ») est le nom targui pour la région nord du pays, englobant les zones de Tombouctou, Kidal et Gao, une région qui recouvre une partie du Nord du Mali, du Niger, de la Mauritanie et une partie du Sud de l’Algérie. La région possède un potentiel minier très important, en pétrole et en uranium notamment, encore inexploité, ce qui fait d’elle l’objet de nombreux enjeux.
Ces dernières semaines, le MNLA a fait plusieurs avancées stratégiques, y compris la capture au début du mois de Tessalit, une ville de garnison clé sur la frontière algérienne. Le groupe a depuis lors réitéré qu’il est « déterminé à poursuivre leurs opérations jusqu’au moment où le Mali reconnaîtra le droit de la population d’Azawad à l’auto-détermination ».
Le gouvernement a accusé les insurgés touaregs de combattre aux côtés d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui a été responsable d’un nombre d’enlèvements et de trafic ces derniers mois. Les rebelles ont catégoriquement nié les allégations.
Les affrontements ont fait des dizaines de morts et contraint plus de 200.000 civils à fuir leurs foyers, ce qui a entraîné l’organisation Amnesty International de considérer la situation comme étant une crise humanitaire.
L’Organisation des Nations Unies et des alliés, comme la France, l’ancienne puissance coloniale, ont appelé à un cessez-le et les négociations pour mettre fin aux combats en cours.
Depuis 1916, on compte plusieurs conflits principaux :
- La révolte de Kaocen (1916-1917), au Niger
- La rébellion touarègue de 1962-1963 au Mali, généralement appelé « première rébellion touareg », qui fut très durement réprimée par l’armée malienne. Le mouvement fut également très affaibli par les sécheresses des années 1970
- La rébellion touareg de 1990-1995 au Mali et au Niger. Elle débuta en 1990, deux ans après la création du Mouvement populaire de libération de l’Azawad. Au Mali, une première période de conflit (octobre-décembre 1990) aboutit à la signature des Accords de Tamanrasset en 1991 et du Pacte national en 19929, mais qui ne marqua pas la fin définitive des hostilités. Des conflits réapparurent en 1994-1995 et la paix fut finalement scellée le 27 mars 1996 à Tombouctou lors de la cérémonie de la Flamme de la Paix, durant laquelle les rebelles touaregs brûlèrent 3 000 armes utilisées durant la rébellion.
- La rébellion touareg de 2007-2009, au Niger et au Mali
- L’insurrection menée par le MNLA initiée début 2012 au Mali
httpv://www.youtube.com/watch?v=ct2JxnKJ8P8&feature=player_embedded
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