Le nouveau président élu de la Somalie Hassan Sheikh Mohamoud et le ministre kenyan des affaires étrangères sont sortis indemnes d’un attentat-suicide à la bombe, mercredi, dans un hôtel de Mogadiscio où ils tenaient une conférence de presse.
Trois soldats, un Ougandais de la force de l’Union Africaine et deux soldats Somaliens ont été tués. Les deux kamikazes ont également été tués. Des coups de feu ont retenti immédiatement après la première explosion.
Un témoin a déclaré que deux corps gisaient en dehors de l’hôtel, dont l’un semble être celui qui s’est fait exploser. Il y avait un grand cratère dans la chaussée.
L’élection de Mohamoud survenu deux jours plus tôt, le 10 septembre 2012 par les législateurs somaliens a été saluée par ses partisans comme un vote pour le changement dans la Corne de guerre en prise avec des guerres intestines et un manque flagrant d’un gouvernement central efficace depuis 1991.
Hassan Sheikh Mohamoud et ministre des Affaires étrangères du Kenya Sam Ongeri ont conjointement continué la conférence pendant plusieurs minutes après les explosions.
« Tout d’abord, nous allons aborder la question de la sécurité. La priorité numéro un est la sécurité, ainsi que la priorité numéro deux et trois », a déclaré M. Mohamoud quelques moments après les explosions.
On attribue le complot au groupe islamiste Al-Sheebab. Mardi, des militants somaliens liés à Al-Qaïda qualifiait M. Mohamoud, qui est de confession musulmane, de «traître» et ont juré de poursuivre leur djihad contre un gouvernement qu’ils disent ne servir que les intérêts occidentaux.
« Nous sommes responsables de l’attentat contre le soi-disant président et la délégation » annonce Ali Mohamoud Rage un porte-parole des Shebabs à l’AFP.
Mohamoud a été élu lundi, battant Sheik Shariff Sheikh Ahmed, qui a tentait de se faire réélire après avoir mené un gouvernement de transition pendant les trois dernières années.
L’attaque, dans laquelle deux explosions ont secoué la capitale somalienne, souligne les défis de sécurité auxquels, M. Mohamoud, suite au premier vote présidentiel de la Somalie depuis plusieurs décennies devra faire face. Un vote qui a soulevé les espoirs de changement après 20 ans d’anarchie.
Le premier tournant de cette guerre civile est la fin des soutiens extérieurs au pouvoir en place, en 1990. Jusque-là, Siad Barre put se maintenir avec l’aide, d’abord de l’URSS, de 1969 (année où il prit le pouvoir par un coup d’État) à 1977, puis à partir de 1978, des États-Unis. Le second tournant est la destitution puis la fuite du général Barre, le 26 janvier 1991. Son successeur, Ali Mahdi Muhammad, membre comme son prédécesseur du Parti socialiste révolutionnaire de Somalie (PSRS), ne parvint jamais, faute de moyens et de soutiens, à rétablir l’autorité du pouvoir central sur le pays, d’autant que peu après le sud du pays (Jubbada), dont les autorités sont favorables au président déchu, s’arme à son tour contre la capitale Mogadiscio.
À partir de ce moment, les événements s’enchaînent pour aboutir à une complète désorganisation du pays: le Somaliland proclame son indépendance en mai 1991, le nord-est prend dans le même temps une indépendance de fait (qui aboutira à une indépendance proclamée de cette zone en 1998, sous le nom de Puntland), enfin le sud se soulève sous les ordres de Mohamed Said Hersi, gendre de Siad Barre. En mai 1992, la Somalie se réduit de facto à sa capitale, Mogadiscio.
Le conflit en Somalie, parmi les plus meurtriers en Afrique à cette période, prend alors un tour encore plus dramatique, aggravé par trois facteurs : une sécheresse prolongée, la désorganisation complète des infrastructures du pays, qui ne permet pas de secourir les populations en détresse, et la volonté de plusieurs parties au conflit de bloquer les secours en direction de leurs adversaires. Car si les régions en rébellion s’opposent au pouvoir central, elles mènent aussi une lutte contre les autres régions soulevées, de nombreuses zones limitrophes étant disputées entre elles. Le résultat en est qu’aux quelque 50 000 à 60 000 victimes directes de la guerre s’ajouteront entre 300.000 et 500.000 victimes de la famine qu’elle provoquera.
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