Après 32 années, le Maroc pense réintégrer l'Union africaine

Le roi Mohammed VI du Maroc a annoncé que son pays voulait rejoindre l’Union africaine, 32 ans après que son père, Hassan II, l’ait quitté pour protester contre l’adhésion du Sahara occidental dans l’organisation continentale.

En 1984, le Maroc quittait l’organisation de l’unité africaine (OUA), prédécesseur de l’Union africaine impulsée par Mouammar Kadhadi, pour protester, lorsque la République arabe sahraouie démocratique (RASD) y a été admise en tant que membre.

« Cela fait longtemps que nos amis nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé. », déclare le monarque dimanche par un message envoyé aux dirigeants un sommet de l’Union africaine (UA) qui se tiens aujourd’hui à Kigali.

Mais bien que le Maroc a quitté le club, « il n’a jamais quitté l’Afrique », s’exclame le Roi Mohammed VI dans son message aux dirigeants de l’UA qui débutaient une réunion de deux jours dans la capitale rwandaise. La démarche marocaine est soutenue ouvertement par le Président en exercice de l’UA Idriss Déby Itno (IDI). « Le Maroc a le droit de revenir dans la grande famille quand il veut et comme il veut. Personne n’a le droit de l’en empêcher. C’est un pays du continent » dira IDI devant la presse en précisant que « Les conditions ne sont pas importantes.»

Dans un geste qui n’a pas eu l’aval de la communauté internationale, le Maroc a occupé la région dépeuplée du Sahara occidental depuis 1975. Selon le Royaume chérifien, le Sahara occidental qui compte près de 600 000 habitants sur un territoire de 266 000 km carrés, fait partie intégrante du royaume, même si les Sahraouis locaux ont longtemps fait campagne pour leur droit à l’autodétermination suite au départ définitif des Espagnols en 1976 puis de la Mauritanie en 1979.

Pris dans des violences, en 1991, l’Organisation des Nations Unies a négocié un cessez-le-feu entre les troupes marocaines et les rebelles sahraouis du Front Polisario qui tient son nom d’une forme abrégée de l’espagnol Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro (Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro). Cette entente donna au Maroc un contrôle de 80 % du territoire du Sahara occidental qu’il exerça en y construisant le Mur des Sables, défendu par environ 100 000 soldats marocains, laissant 20 % à l’organisation formée en 1973 dans la Mauritanie voisine.

Le Front Polisario compte ses principaux soutiens dans les pays d’Afrique et en Amérique latine adhérant fortement au combat contre le colonialisme et le droit des peuples à l’autodétermination, et auprès de certains pays du tiers monde. Le Maroc compte ses principaux soutiens dans les pays du monde arabo-musulman, principalement les pays du Golfe comme l’Arabie saoudite, le Qatar, les Émirats arabes unis, l’Irak, et aussi l’Égypte, le Soudan, le Mali, ainsi que la nouvelle Libye depuis 2011.

Le Front Polisario dénonce le « pillage » des ressources et le mépris du « peuple du Sahara occidental », communément désigné comme étant la « Province du sud» des Marocains. La région convoitée totalise mille deux cents kilomètres de côte, et ses eaux sont parmi les plus poissonneuses du monde. Sans préavis offert au Front Polisario, en mars 2012 l’Union européenne (UE) et le Maroc signaient un accord de libre-échange commercial et agricole. Quelques mois plus tard, en novembre 2012, une procédure judiciaire déposée devant la Cour européenne de justice demande l’annulation de l’accord. Le 10 décembre 2015, le Front Polisario obtient du tribunal de 1res instances de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), l’annulation de l’entente. À la suite de cet arrêt, le Maroc annonce, un peu comme pour le cas de l’Union africaine, le 25 février 2016 la suspension de ses contacts avec l’Union européenne

Dans son courrier remis à l’Union africaine par la personne d’Idriss Déby, le Roi Mohammed VI a exhorté l’UA à repenser sa position sur l’« État fantôme du Sahara occidental » en disant qu’une solution politique était en cours d’élaboration sous l’égide de l’ONU.

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