Situons. La Nouvelle-Écosse (anglais : Nova Scotia) est une province dans la région des maritimes, sur la côte atlantique du Canada. La Nouvelle-Écosse est devenue, en entrant dans la Confédération canadienne en 1867, l’une des quatre provinces fondatrices du Canada, avec le Nouveau-Brunswick, le Québec, et l’Ontario. Sa capitale est Halifax.
Donc, l’histoire débute dans l’après-guerre anglo-américaine de 1812 qui a opposé les États-Unis à l’Empire britannique. Tout a commencé avec une promesse faite aux loyalistes Noirs et les réfugiés de la guerre de 1812, de nouvelles terres et de bénéficier de l’égalité des droits. Ces Loyalistes Noirs, défendant la couronne britannique en Amérique, fut le second plus important groupe d’Afro-Américains en temps de guerre à s’installer au Canada. Ils forment la source de l’immigration la plus importante pour les communautés afro-néo-écossaises d’aujourd’hui.
En 1836, la Route Campbell a été construite créant une voie d’accès le long de la côte nord de la péninsule d’Halifax, qui a permis l’établissement d’une nouvelle colonie. La communauté d’Africville n’a jamais été établie officiellement, mais la première transaction foncière documentée sur papier a été datée de 1848.
D’abord connue comme « The Campbell Settlement Road », la communauté fut rebaptisée « Africville » vers 1900. Bien que ce nom évoque le continent africain, les origines des habitants sont des plus diversifiées, mais majoritairement afro-américaines, au sens continental du terme.
Humble, réduite et pauvre, mais auto- suffisante, la communauté rurale est environ de 50 personnes au 19e siècle. Sur le plan économique, les deux premières générations n’étaient pas prospères. Les offres d’emploi étaient rares et le racisme a rendu la vie difficile. Les hommes travaillaient dans des emplois peu rémunérés. Beaucoup travaillaient comme marins, porteurs, portiers ou nettoyaient les voitures de trains. Peu d’entre eux avaient un emploi régulier. Mais la majorité était des domestiques. Les possibilités étaient limitées. Les femmes quant à elle étaient embauchées comme cuisinières, nettoyaient les hôpitaux ou les prisons. Les femmes plus âgées nettoyaient des maisons huppées.
Cette population est non seulement violentée économiquement, mais aussi dans l’éducation. En 1883, soit près de 40 ans suite à sa fondation Africville reçoit sa première école élémentaire. La communauté appauvrie est entièrement responsable de son financement. Depuis son existence seulement 60 enfants ont atteint une 8e année d’études. D’ailleurs jusqu’en 1933 aucun enseignant n’avait reçu de formation formelle.
Tout au long de son histoire, Africville a été confronté à l’isolement racial. La ville n’a jamais reçu de routes convenables, services de santé , de l’eau potable, des réverbères ou d’électricité. L’absence de ces services a eu des conséquences graves pour la santé et la vie des habitants. La contamination des puits était dangereuse et persistante, de sorte que même le peu d’eau qu’ils recevaient devait être bouilli avant de l’utiliser.
Au centre de cette misère se trouvait l’église. L’African United Baptist Church Seaview a été construite en 1849. Leur vie sociale tournait autour de l’église. Baptêmes, mariages et enterrements ont apporté un sens à la communauté. L’église était le centre de leur unité et de l’espoir d’un meilleur lendemain.
Un afflux de population et l’installation d’industries à partir de la Première Guerre mondiale ont conduit la communauté à évoluer vers une entité plus encombrée. L’urbanisation est hasardeuse et la population culmine à 400 âmes au moment de l’explosion de Halifax. Une explosion qui se produisit le 6 décembre 1917 à Halifax, lorsque le navire français Mont-Blanc, transportant des munitions à destination de l’Europe alors en guerre, entra en collision avec un navire norvégien.
Pour ajouter l’injure a l’indifférence du gouvernement de l’époque, alors que la ville d’Halifax prenait de l’ampleur, Africville devient un site pratique pour tous les types d’industries et installations indésirables. Une prison voit le jour en 1853, un hôpital des maladies infectieuses en 1870, puis un abattoir, et même un dépôt de matières fécales dans les environs. En 1958, la ville d’Halifax ose même déplacer son dépotoir à proximité d’Africville. Dans la décharge, les habitants se procuraient illégalement des vêtements, des métaux, etc. Ce fut le juron final pour qu’Africville devienne officiellement un bidonville.
Plusieurs fois auparavant et de nouveau en 1947 un incendie majeur brûla plusieurs habitations d’Africville, la question du transfert est abordée. En 1961 un plan concret apparaît. L’année suivante la ville d’Halifax adopte unanimement la proposition. Le rapport Rose finalise le tout, et promet des avocats et travailleurs sociaux, la formation professionnelle, de l’aide à l’emploi et tout le tralala. Le rapport ne documente cependant pas comment serait la vie des résidents dans leurs nouvelles maisons, mais insiste du fait que leurs intérêts aient été pris en compte.
La relocalisation eu lieu principalement entre 1964 et 1967. La ville a aidé les habitants d’Africville avec ses camions de poubelles… Cette image, toujours coincée dans les esprits et les cœurs des gens, démontre clairement avec quelle dégradation ces personnes ont été traitées avant, pendant et après le déménagement. Le transfert ne s’est pas fait sans peine. Il y eut beaucoup de suspicion principalement en raison de complications de revendications territoriales et de propriété. Seuls 14 résidents détenaient des titres juridiques clairs sur leurs terres. Ceux qui n’ont pas les droits légaux ont reçu un paiement de 500 $ et une promesse d’allocation pour des meubles, de l’aide sociale, et des logements publics.
Malgré tout, les gens se sont sentis trahis pendant que la résistance à l’expulsion devenait plus ardue. Après chaque déménagement, la ville démolissait rapidement la maison, aussitôt que les résidents quittaient. L’église d’Africville a été démolie en 1969, la nuit, pour éviter la controverse. La dernière maison Africville a été démolie le 2 janvier 1970.
Après le délogement, les Africvillois ont été confrontés aux mêmes problématiques. Le coût de la vie a augmenté dans leur nouvelle maison, le chômage augmentait. Aucun des programmes d’emploi ou d’éducation promis ne fut matérialisé, et aucune des promesses acquittée. Ils furent dupés une seconde fois.
En mai 2005, la députée Maureen MacDonald du Nouveau Parti démocratique de la Nouvelle-Écosse, un parti politique social-démocrate, a présenté un projet de loi à la législature provinciale appelée la Loi Africville. Le projet de loi prévoit des excuses officielles du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, des audiences publiques sur la destruction d’Africville, et la création d’un fonds de développement pour la préservation des terres historique d’Africville ainsi qu’une aide au profit des anciens résidents et de leurs descendants.
Peter Kelly le maire d’Halifax a offert des terres, de l’argent et d’autres services et la reconstruction de l’église. Quelques modifications ont été apportées à l’offre initiale de 2002 comprenant plus de terres et la possibilité de construire des logements abordables à proximité du site. Le site d’Africville a été déclaré lieu historique national en 2002. Le 24 février 2010, le maire d’ Halifax présente ses excuses dans le cadre d’une compensation de 4,5 millions de dollars. L’église fut rétablie en 2011.
« Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du Canada pour les périodiques (FCP) du ministère du Patrimoine canadien pour ce projet »
A lire aussi
A découvrir ... Histoire
Le Dernier Repas de Maryse Legagneur
Sous une musique de Jenny Saldago (Muzion), le film Le Dernier Repas de de Maryse Legagneur, nous trempe dans une …
La Soup Joumou fait son entrée à l’UNESCO
Haiti, la première République Noire du monde possède une des plus importantes soupe au monde. La Soup Joumou, dégustée à …
Les Afro-Argentins, les Afro-Paraguayens et les Afro-Uruguayens: Des histoires Nationales Invisibles
Depuis 1556, le port de Luanda, faisant partie du royaume de Ndongo (vassal du Kongo), exportait des milliers de Bantus …