Alors que les Noirs cherchent toujours à acquérir leur pleine émancipation, leurs cheveux et coiffures qui leur sont propre semblent attirer l’attention des gardiens de la nuit. Ce n’est un secret pour personne, les Noirs ont un cheveu particulier. Frisé, crépu, c’est une empreinte visuelle qui caractérise ceux et celles qui partagent un héritage africain.
Pendant des siècles, après avoir dénigré la suave peau d’ébène des Noirs, actuellement c’est aux cheveux que l’on s’en prend ouvertement pour intégralement marginaliser une communauté qui s’éduque, s’organise, et tend à reconquérir son Histoire et occuper l’espace d’où il était exclus.
C’est ce qu’on constate dans les dernières actualités. Partout dans le monde, les femmes et les filles noires sont punies pour les cheveux qui émergent de leur cuir chevelu. Les dreads ou afros entretenus avec les plus grands des soins, sont qualifiés de coiffure « ghetto » et indésirables dans un contexte professionnel.
Tonya Roberts, analyste multiculturel chez Mintel, une firme d’étude de marché, conclu, après une étude sur le comportement des femmes noires américaines : « Nos recherches indiquent que quand les femmes noires affichent leurs cheveux naturels, elles se sentent libérées, confiantes et différentes des autres. Ceci leur donne un énorme sentiment de fierté d’être Noire tout en affichant leur beauté naturelle. »
Cette recherche de liberté primaire n’est pas toujours aussi simple à atteindre pour tous. La semaine dernière, on retrouve l’histoire étonnante d’une étudiante de Pretoria, en Afrique du Sud, qui doit militer pour avoir le droit d’afficher ses cheveux au naturel. La prestigieuse école qui accueille les Noires que depuis la fin de l’apartheid en 1994, incite les jeunes femmes à se défriser les cheveux, pour ainsi présenter une chevelure lisse, comme les Blancs.
On poursuit. En février 2016, lorsque les élèves du Walker Senior High School C.R. aux Bahamas ont essayé de porter leurs cheveux naturels à l’école, on leur a fait entendre que leurs cheveux étaient « incohérents » et « non-professionnels » et l’école a ordonné aux adolescentes de lisser leur coiffure avant de penser retourner sur les bancs de l’école.
Ces histoires sont symptomatiques du climat inquisitorial dans lequel vivent les communautés noires. Simplement s’afficher comme « Noir » devient un acte militant. L’étude de Mintel indique que bien que l’utilisation des permanentes/défrisants ont diminué de 18.6 % entre 2013 et 2015 du au mouvement des Naturalistas, le segment des extensions de cheveux et perruques demeure très actifs avec 44 % des femmes qui avouaient en porter en 2014.
Les femmes noires occidentales ont longtemps senti cette pression pour manipuler leurs cheveux dans un effort de souscrire à des normes européennes de la beauté. Les élèves de Pretoria font écho aux sentiments des femmes d’ascendance africaine partout dans le monde.
L’effacement systématique de notre négritude, cette diabolisation de tout ce qui concerne notre patrimoine culturel : la langue, l’art, la peau noire, nos caractéristiques, afin de nous effacer, c’est accepter de participer à notre propre assujettissement.
Au temps de la ségrégation des Noirs, il y a quelques décennies de cela, on ne tournait pas autour du pot : les Noirs n’étaient pas la bienvenue en raison de leur couleur de leur peau, un point c’est tout. Aujourd’hui cette ségrégation ciblée est plus sournoise.
Lorsque tous et chacun d’entre nous déciderons d’embrasser franchement nos distinctions communes, ce ne sera plus un signe de protestation, mais un mouvement collectif dont l’objectif sera d’affirmer notre existence tangible dans des sociétés qui ont tendance à occulter l’esthétisme de la différence.
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