En remportant dimanche soir l’Emmy, qui est un équivalent télévisuel des Oscars, pour la meilleure interprétation féminine dans une série télévisée américaine, Viola Davis devenait la première femme Noire à être honorée de ce prix établi depuis 1952.
Dans son discours d’acceptation, Viola Davis, une graduée de la prestigieuse Juilliard School, surprend le gratin du petit écran américain avec un témoignage qui a tôt fait d’enflammer le web. Dans cette 67e édition des Emmy Awards, elle se lance. « Dans mon esprit j’aperçois une ligne et au-delà de cette ligne il y a de vertes prairies, de jolies fleurs et des jolies femmes Blanches avec leurs bras s’étendant vers moi au-dessus de cette ligne. Mais je ne peux traverser cette ligne. Ca, c’était Harriet Tubman dans les années 1800 » seront les premiers mots de la star de How to Get Away with Murder apparemment très émue pour cette percée inattendue.
La foule ébahie, surprise dans son confort, ne dit mot ni n’applaudit. Convaincue de son propos elle prolonge « Laissez-moi vous dire quelque chose, la seule chose qui sépare les femmes de couleurs de tout autre personne est l’Opportunité. » Les applaudissements se font enfin entendre. Puis elle offre les remerciements obligés à l’Industrie qui l’a posée là.
Vu la rareté et la « chance » de paraitre au petit écran, les femmes Noires comme Davis ont toujours ce fardeau de mieux performer que leurs consœurs Blanches dans des rôles écrits exprès pour elles pour ensuite exprimer leur reconnaissance d’exister dans une industrie traversée par le privilège Blanc.
L’actrice qui s’est dévoilé par une nomination aux Oscars avec le film The Help dans lequel elle personnifiait une servante, met le doigt sur quelque chose que tout le monde sait, mais que personne ne veut régler. Alors que les Blancs représentent 100% des têtes des studios de films américains dont 94% sont des messieurs, les minorités représentaient plus de la majorités de acheteurs de billets au Canada et États-Unis en 2013 avec 51% selon le 2015 Hollywood Diversity Report.
Si les chiffres au cinéma sont tragiques, la situation est encore plus angoissante dans le monde des séries télévisées. Les acteurs issues des minorités visibles ont eu un maigre 6,5% des premiers rôles en 2012-13 et pourtant aux E.U. cette communauté représente 37.4% de la population.
Au Canada, cette nouvelle a fait très peu d’écho dans les medias convergés de la province francophone. Parce que si l’on veut descendre encore plus bas dans l’échelle du désintérêt nonchalant envers les minorités, les prix Gémeaux, diffusé le 20 septembre 2015, en remporte la palme. Trouver seulement un(e) Noir(e) parmi les candidats de la statuette québécoise est un véritable exercice. Premier rôle masculin série dramatique saisonnière: aucun Noir; Premier rôle masculin: série dramatique annuelle: aucun Noir; Premier rôle masculin: Comédie: aucun Noir; Premier rôle Féminin série saisonnière: aucune Noire; Premier rôle féminin série annuelle: aucune Noire; Premier rôle féminin comédie: aucune Noire; Premier rôle jeunesse: aucune Noire (une métisse vietnamienne/québécoise y figure… quand même); Animation humour: aucun Noir; Animation talk-show: aucun Noir; Animation affaire publique: aucun Noir. Et quand c’est aucun Noir, c’est 100% Blanc. Inconditionnellement.
Mais où se cache-t-il, ce ou cette Noire, ce représentant télévisuel d’une communauté qui regroupe environ 200 000 personnes dont la grande majorité vit à Montréal seulement? Originaire de Québec, Nicolas Ouellet a malheureusement perdu dans la catégorie: Animation Jeu, Téléréalité. On salue aussi la nomination de Kadidja Haïdara pour meilleur texte jeunesse. Bienvenue dans l’effronté multiculturalisme québécois!
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