Des millions de pèlerins musulmans convergent aujourd’hui sur La Mecque, la ville sainte la plus sacrée de l’Islam pour le pèlerinage du hajj. Beaucoup d’entre eux prieront pour l’unité dans le monde islamique qui connait de fortes perturbations.
On estimait la foule à plus de 3,4 millions de fidèles qui font le pèlerinage cette année en Arabie saoudite vers la Kaaba, une grande construction cuboïde au sein de la masjid al-Haram (« La Mosquée sacrée »). D’autres se dirigeront vers la colline de granite du mont Arafat pour passer la nuit avant une journée de prière et de contemplation qui marque le début du hajj.
Selon les musulmans, les rituels, qui débutent jeudi et prennent fin lundi, retracent les pas des prophètes Abraham, Ismaël et Mahomet.
Beaucoup allèguent que l’expérience de l’adoration aux côtés de centaines de milliers de fidèles les fait se sentir comme si l’Islam transcendait les conflits politiques et sectaires qui divisent le monde musulman.
Coude à coude dans la prière, les pèlerins exposent que cette année, plus que jamais, ils prient pour l’unité de l’Oumma, qui signifie la communauté des musulmans, indépendamment de leur nationalité, de leurs liens sanguins et des pouvoirs politiques qui les gouvernent.
Les hommes sont vêtus d’un vêtement sans couture en tissu blanc censé symboliser l’égalité des hommes et un retour à Dieu. Les femmes, renonçant aux parfum et maquillage sont drapées dans des vêtements amples, couvrant leurs cheveux dans un foulard islamique traditionnel. Tout ceci leur permet de se concentrer sur le spirituel, plutôt que l’apparence.
Le pèlerinage prend place pendant qu’une guerre civile fait rage en Syrie, menaçant de déchirer le tissu de l’une des nations les plus diversifiées du Moyen-Orient. Plus de 30.000 personnes ont trouvé la mort dans ces hostilités.
Au Mali, une terre de l’Islam, on rapporte que des combattants djihadistes venus du Soudan et du Sahara occidental pour renforcer les rebelles islamistes radicaux qui contrôlent le nord du Mali. Ceci ajoutera une nouvelle urgence aux débats internationaux sur l’intervention militaire pour aider le gouvernement à rétablir son autorité et réunifier le pays.
En Égypte, le public est partagé sur la direction que devrait emprunter le nouveau gouvernement islamiste, et la mesure dans laquelle la loi islamique de la charia sera incorporée dans la Constitution.
Dans la Libye voisine, des miliciens progouvernementaux ont combattu dans leur chemin vers Bani Walid, un des derniers bastions du pays qui soutient encore l’ancien régime. Cette lutte est une réplique de la guerre sanglante qui a duré huit mois en 2011.
Au Pakistan, les gens sont aux prises avec l’assassinat d’une écolière par les taliban.
Au Myanmar, les musulmans expriment qu’ils sont attaqués par des membres de la majorité bouddhiste. Plus de 90 personnes ont été tuées au cours de l’été, et près de 70.000 personnes ont été déplacées par le conflit.
Et quelques semaines avant le début du hajj, des manifestations, parfois mortelles, ont éclaté dans une grande partie du monde islamique pour dénoncer un film ordurier produit aux États-Unis qui a dépeint le prophète Mahomet comme un homme faux, fou et coureur de jupons.
Ali Ahmad Younis, un Libyen qui affirme que ses fils étaient tous des combattants rebelles pendant la guerre civile l’année dernière pour évincer le Mouammar Kadhafi, dans une grande émotion se confesse.
« Je souhaite que tous les pays arabes s’unissent » Affirme Younis en essuyant des larmes sur son visage. « Je souhaite que mon pays, la Libye et toutes ses villes : Bani Walid, Misrata, Tripoli, s’unissent. J’aimerais que nous puissions tous être unis comme un seul et enfin mettre un terme à l’effusion de sang en Libye ».
Le hajj est l’un des rares moments où les Iraniens, en grande partie chiites, prient aux côtés des autres Arabes pour la plupart sunnites.
Certains pèlerins ont concentré leurs prières sur le conflit israélo-arabe, qui perdure depuis des décennies et est l’une des questions les plus épineuses dans le monde musulman, mais qui, dans la dernière année, a été éclipsé par les événements en Syrie et d’ailleurs.
Le pèlerin Égyptien Abdo Ibrahim Basha a avoué qu’il priait pour les Palestiniens et la mosquée Al-Aqsa construite au VIIe siècle, elle est la plus grande mosquée de Jérusalem. Le site est situé à Jérusalem-Est, saisie par Israël en 1967 qui la revendique comme faisant partie de son capital. Le geste n’a pas été reconnu au niveau international.
La mosquée Al-Aqsa est le troisième lieu saint de l’Islam, après La Mecque et Médine, et dans les premières années de l’Islam, les musulmans priaient dans sa direction plutôt que celle de la Kaaba.
D’autres ont tout simplement hâte de voir les rituels du hadj, y compris une lapidation symbolique de Satan, et la possibilité de demander le repentir pour eux-mêmes et de la Oumma sur le mont Arafat, une colline déserte et rocheuse où le prophète Mahomet est censé avoir livré son dernier sermon.
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