Beaucoup considèrent la Banque mondiale comme étant sous l’influence politique des États-Unis, entre autres à cause de la règle tacite qui donne au gouvernement américain le choix du président de l’Institution, alors que les Européens bénéficient réciproquement de la présidence du FMI.
Le 23 mars 2012 Jim Yong Kim, un médecin américain d’origine coréenne devient le candidat proposé par Barack Obama pour la présidence de la Banque Mondiale en juin 2012. Auparavant, la proposition américaine était tout comme le fait accompli.
Cette année, pour la première fois, les choses changent. Les deux institutions multinationales, la Banque mondiale (qui est en fait un fonds) et le Fonds monétaire international (qui est en fait une banque) ont été dirigés depuis leur fondation après la Seconde Guerre mondiale par un Américain et un Européen. À la Banque Mondiale, le président n’est pas voté démocratiquement. Les votes sont pondérés en fonction du montant d’argent investi par chacun des pays dans la Banque Mondiale. Ainsi, l’Amérique recueille 11,03 % des voix, suivis du Japon avec 8,7 % des voix.
Et voici l’attrape. Les 187 pays membres du conseil doivent convenir d’un candidat par une majorité de 85 %. Si cette machination avait été concoctée par l’Union soviétique communiste, l’Albanie ou la Chine de Mao, nous dénoncerions tous cette forme réduite de démocratie. Il s’agit d’une astuce minable par les pays occidentaux pour maintenir un contrôle sur l’économie mondiale. Les Européens pratiquent une astuce similaire disgracieuse pour maintenir la présidence du FMI.
Cette année, il y a une très bonne candidate : Ngozi Okonjo Iweala. Elle est compétente, énergique avec une véritable vision de ce que la banque devrait faire. Elle est africaine, la ministre des Finances du Nigeria. Elle a le soutien de l’Union Africaine et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Aujourd’hui le président Nigerian, dans une allocation affirmait que, par son expertise et ses connaissances, la Dre Ngozi Okonjo-Iweal est la parfaite candidate pour le poste.
Ce serait un rendez-vous hautement symbolique. Dans les années 1990, l’Afrique a été placée entre les mains de la Banque Mondiale qui lui a imposé des ajustements structurels, souvent dénoncés, sur ses économies. Ils avaient certainement besoin de réformes, mais les économistes de la banque, soutenus par les pays occidentaux avec des modèles politiques et sociaux sans aucun bon sens ont disloqués les États de l’Afrique. Dans le «triomphe» du modèle capitaliste occidental contre l’Union soviétique, le mot d’ordre était de faire disparaître les structures étatiques et d’ouvrir la voie à la concurrence pour les investissements dans les marchés libres par les pays étrangers. Les conséquences sociales, telles les politiques d’austérité, condition à tous emprunts, sont généralement douloureuses pour les populations.
Les institutions clés des nouveaux États déjà fragiles, vieilles d’à peine une génération, ont été démantelées. Des milliers de personnes se sont retrouvés sans emplois et les dépenses sur la santé et l’éducation ont diminué de façon spectaculaire. Alors que les gouvernements sont affaiblis et les monnaies dévaluées, les rébellions et les guerres ont éclaté. Pendant cette décennie, de nouvelles et anciennes luttes sanglantes ont retenti, provoquant une effroyable montée de la pauvreté. En ce qui concerne les droits de l’homme, c’est peut-être l’un des plus grands crimes économiques du 20e siècle. L’investissement qui était censé circuler dans n’est jamais venu.
Il n’y pas pas meilleur moment de nommer Mme Okonjo-Iweal? Elle a déjà travaillé dans le désert morne des bureaux de la Banque Mondial à Washington. Son formidable parcours a conduit des publications respectées tel que The Economist et le Financial Times, les deux journaux basés à Londres, ont préféré sa candidature à celle de M. Kim, le candidat proposé par les Etats-Unis. Elle conserve une vision forte du développement, non seulement pour des idéologies ou des théories. Il est temps que l’Amérique écoute les autres, particulièrement l’Afrique.
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